Analyse de Seven de David Fincher et explications de la fin du film

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David Fincher revient sur le devant de la scène en 2017 avec sa série Mindhunter.

C’est/c’était l’occasion parfaite de redécouvrir les chefs-d’œuvres du maître du suspense, incontesté depuis deux décennies.

Seven, film néo-noir, est un thriller et grand classique du genre pour tout cinéphile qui se respecte.

Revenons sur le film au travers de cette analyse et d’une explication de la fin du film.

Le pitch

Aux Etats-Unis, dans une ville anonyme, un serial killer sévit, planifiant ses meurtres en fonction des sept péchés capitaux : une victime pour chaque péché : la gourmandise, l’avarice, la paresse, la luxure, l’orgueil, l’envie et la colère. Deux détectives, David Mills et Williams Somerset, un bleu et un vétéran, sont sur l’enquête.

Seven est sans doute le film le plus fataliste de son cinéaste, celui qui dépeint le mieux son cinéma et ses obsessions. C’est un drame sombre à la hauteur de son sérieux : ici, peu ou pas d’humour, une narration au cordeau d’Andrew Kevin Walker (aussi connu pour avoir écrit Sleepy Hollow de Tim Burton), ce modèle de storytelling au service du suspense étant servi sur un plateau d’argent pour le plaisir du spectateur. Tout du long, Seven reste imprévisible et parvient à nous surprendre par ce final en apothéose, avec à la clé un twist inattendu.

Le choc des contraires

Seven est avant tout un film de personnages, mené par deux acteurs grandioses – Brad Pitt et Morgan Freeman – dont les personnages sont des contraires/nemesis : David Mills est un flic jeune, fraichement marié, « un bleu » arrivant tout juste sur le terrain avec des rêves et des idéaux plein la tête, qui avec son instinct héroïque s’attend à défendre la veuve et l’orphelin et à faire de ce monde un monde meilleur.

D’ailleurs, il croit en ce monde, contrairement à son coéquipier : Williams Somerset est l’archétype du type blasé par son métier, ayant vu trop d’horreurs et ne croyant plus en rien. C’est cette différence entre les deux personnages qui fait la force du film : les deux rentrant sans cesse en confrontation pour mieux mener l’enquête et se comprendre. C’est aussi un apprentissage du métier, celui de Mills, dont l’optimisme et la candeur finiront par être sévèrement mis à mal.

Un créateur d’objets filmiques

David Fincher est un créateur « d’objets filmiques », objets esthétiquement impeccables, ses détracteurs disent donc de son cinéma qu’il est un peu froid. Malgré tout, qu’on aime ou pas, on ne peut nier sa maîtrise stylistique, surtout que Seven est son deuxième long-métrage (Alien 3 est son premier, sorti en 1992).

Seven est un film qui ne nous épargne pas : qu’il s’agisse des meurtres ou des scènes de crime, tout y est brutal, obscur et ce dans les moindres détails, ne minimisant jamais la noirceur des appartements ou l’effroi sur les visages des victimes. La caméra accompagne l’enquête des détectives et les découvertes macabres dans un rythme lent, parfois sublimé par la musique de Bach.

Une ville personnifiée, omniprésence de la pluie

De même que pour Sidney Lumet avec 12 hommes en colère, David Fincher est assez brillant pour comprendre que l’atmosphère d’un film joue énormément sur le rendu global. Il engage ainsi Darius Khondji comme chef-opérateur et, comme pour le film précédemment cité, fait du climat une influence directe. En effet, dans Seven, il pleut sans cesse et cela n’est pas anodin : cette ville anonyme, non nommée car elle pourrait correspondre à toutes les grandes villes, est celle de tous les tourments. Le côté pluvieux est donc là pour souligner son atmosphère, ce qui est d’autant plus parlant car le final du film a lieu sous un soleil plombant, en rase campagne : c’est là, loin de la ville et de ses mystères, que les masques tombent et que les passions explosent.

Dans Seven, les personnages ne cherchent pas à fuir des personnes, mais cette entité, cette ville érigée et perçue comme ville-monstre. A plusieurs reprises, les personnages le font savoir : « Je ne comprends pas cet endroit/cette ville » sont les mots qui sortent de la bouche de Morgan Freeman, tandis que Gwyneth Paltrow dit à ce dernier : « Je déteste cette ville ». Le personnage incarné par Freeman va même jusqu’à dire que si une femme se fait agresser au détour d’une allée, elle ferait mieux de crier « Au feu » plutôt que « A l’aide », car sinon personne ne viendrait l’aider.

C’est en ça que Seven est le film le plus pessimiste de David Fincher, ce dernier semblant nous dire que chaque grande ville renferme son lot d’immondices, incarnées à travers ces sept péchés capitaux et « l’œuvre » du psychotique surdoué Jonathan Doe, capable de citer Shakespeare, Milton et Dante, mais surtout, de provoquer l’apocalypse : l’apocalypse voulant d’ailleurs dire en grec « dévoilement », « révélation » : le final symbolisant littéralement une forme de révélation chez l’un des personnages.

Au final, le film pourrait être résumé par cette simple citation d’Ernest Hemingway, énoncée et complétée par le détective Somerset à la fin du film : « The world is a fine place and worth fighting for : I agree with the second part » : « Le monde est un bel endroit qui mérite qu’on se batte pour lui : Je suis d’accord avec la seconde partie de la phrase. »

Passons maintenant à l’explication de la fin du film SE7EN, car au delà des questionnements classiques, nous avons relevés quelques potentielles incohérences… ou pas ?

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2 commentaires
  1. Je pense qu’une analyse du point de vue image (les plans et tout) dans un autre article pourrait etre intéressant. Mais, je sais que vous etes une scénariste et je le propose juste parce que j’ai un examen d’image. En tout cas, du courage, Clara Lamarca et bravo pour cet article bien écrit…

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