Le pont de la rivière Kwaï : Critique et Analyse du film

Le pont de la rivière Kwai

La sortie de Dunkerque, à l’été 2017, a sûrement réveillé les envies de pas mal de cinéphiles, qui vont profiter de la période estivale pour se faire une petite rétrospective des meilleurs films de guerre du XXe siècle. On pourrait citer tant de classiques : Il faut sauver le soldat Ryan de Steven Spielberg, La Ligne Rouge de Terrence Malick, Apocalypse Now de Francis Ford Coppola et enfin Le pont de la rivière Kwaï de David Lean. À travers ces films, chaque cinéaste présente sa propre vision de la guerre et des souffrances qu’elle entraîne. David Lean, un des cinéastes les plus proéminents du XXe siècle, est connu pour avoir réalisé des chefs-d’œuvre tel que Lawrence d’Arabie (1962), Le Docteur Jivago (1965) ou encore La fille de Ryan (1970) – et bien d’autres, mais évitons de faire toute la liste.

Aujourd’hui, concentrons-nous sur Le pont de la rivière Kwaï, sorti en 1957.

Synopsis

1943. La vie d’un camp de prisonniers en Birmanie. Parmi eux, un colonel britannique, Nicholson (Alec Guinness), s’insurge contre le traitement réservé à son régiment. Après un accord, il coopère avec ses ravisseurs japonais et ensemble, construisent un pont. Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est que les alliés sont sur le point de le détruire.

Une première heure virtuose

La première partie du film est mémorable : des plans frontaux du soleil à faire pâlir Terrence Malick (et l’utilisation du scope, parfait pour ce film), des contre plongées christiques à faire saliver Pier Paolo Pasolini, l’incommunicabilité entre les peuples à rendre jaloux Michael Mann quand il réalise Le dernier des Mohicans, bref, vous l’avez compris, David Lean n’est pas n’importe qui.

Cette première partie est très forte car elle exprime exactement la notion de “choc des civilisations”. Le colonel Nicholson pense avant tout au bien être de ses hommes. Les hommes eux mêmes font croire qu’ils sont malades pour éviter une dure journée de labeur, là où les japonais, qui s’incarnent à travers le colonel Saito, n’ont qu’un seul mot d’ordre : l’honneur. Et puis, à force de patience et de communication, prisonniers et ravisseurs deviennent presque des amis et la barrière entre les deux peuples s’estompe.

Quelques longueurs

Alors intervient la deuxième partie, qui malheureusement souffre de quelques longueurs qui amoindrissent l’ensemble. En effet, surgit le groupe des “alliés” dont le leader est le cynique commandant Shears, alias William Holden. Alors qu’on devrait sans doute être de leur côté, on éprouve difficilement de l’empathie pour ces personnages qui ont pour unique but de “détruire”.

Ainsi, David Lean montre toute la force de son propos : il provoque un renversement des valeurs et nous explique que les “méchants” (donc les japonais) ne sont pas forcément des méchants. C’est une vision complexe et profonde de la guerre, éloignée de toute conception manichéenne qu’on observe (trop) souvent au cinéma. Malgré tout, les temps morts pendant la deuxième heure sont nombreux et on finit le film en se disant qu’il s’agit sûrement d’un grand film, mais qu’il aurait pu être encore mieux (mais ça c’est aussi parce que je suis difficile, avouons-le)..

Filmer la guerre : le parti pris de David Lean

Le point le plus fort du film étant sûrement que David Lean filme la guerre, non pas par des batailles, mais par une autre forme de destruction, celle des créations humaines (je n’en dis pas plus pour éviter de spoiler). De cette façon, le réalisateur rend hommage à ce qu’il y a peut-être de beau et de plus créatif chez chacun d’entre nous. Façon de filmer d’ailleurs éloignée de celle de Christopher Nolan, qui lui va chercher l’émotion du spectateur par l’expérience visuelle et sonore (notamment par la violence du son, qui en dit plus que les personnages, dont nous ne savons rien).

Enfin, le film doit être vu pour le jeu des acteurs, immanquable. Alec Guinness, qu’on adore tous parce qu’on est faibles et que c’est Obi-Wan, joue parfaitement bien dans ce rôle compliqué de militaire engagé et impassible. Il sait même nous émouvoir lorsqu’il regarde avec nostalgie son passé et la vie qu’il a mené, une vie peut être gâchée pour certains, mais pour lui ayant de la valeur, car vécue avec son régiment.

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