#Venise2017 – Journal de bord – Jour 2 et 3

Les jours s’enchaînent à une vitesse folle à Venise et il parfois difficile de trouver le temps pour écrire. Après une première journée très prometteuse, voici un nouveau compte rendu de mes aventures à la Mostra de Venise, avec cette fois-ci, au programme, deux jours de festival très intentes !

Jour 2 – Le grand retour de Del Toro

J’aime beaucoup Guillermo Del Toro. Cependant, on ne peut pas dire que tous ses films se valent, et certains, s’ils restent formellement intéressants, manquent parfois de maitrise et/ou d’intérêt. Avec The Shape Of Water, sélectionné en compétition officielle (Ma critique de The Shape Of Water), le réalisateur mexicain signe l’une de ses meilleures oeuvres. Je ne pense pas forcément qu’il aura sa chance pour figurer au Palmarès, car cela reste avant tout un divertissement, mais c’est un très beau film, très optimiste. Et Sally Hawkins est vraiment merveilleuse dans le rôle principal.

Après cela, j’ai été voir L’insulte (The Insult en VO), film libanais de Ziad Doueiri, qui relate la violente dispute, et le procès qui suit, entre Toni, chrétien libanais et Yasser, palestinien, dans les rues de Beyrouth. Vous vous en doutez, la religion des 2 hommes joue un rôle non négligeable dans leur conflit. Celui-ci va prendre une envergure nationale et être relayé dans les médias. Au début du film, il est relativement facile de prendre parti pour Yasser, mais peu à peu, les sentiments vont se rééquilibrer, et de l’empathie pour Toni, plus tourmenté qu’il n’y parait au premier abord, s’installe peu à peu. Par certains aspects, on pourrait faire le lien entre ce film et les oeuvres d’Arghar Farhadi, notamment Une séparation. Mais L’insulte n’est pas aussi maitrisé que ce dernier.

Plus d’une fois, le film prend des chemins trop faciles et nous sort des rebondissements inutiles ou exagérés. Le réalisateur en fait un peu trop, mais ça n’empêche pas le film d’être rondement bien mené et assez intense. Lorsque le générique de fin a commencé, que la tension du procès et du film est retombée, je me suis pris à être plus ému que je ne le pensais.

Après ces deux projections, j’ai enchainé avec la conférence de presse de First Reformed. La film, projeté la veille, m’avait plu, et surtout, je suis un très grand fan d’Ethan Hawke. N’ayant pu obtenir d’interview avec ce dernier, je voulais quand même le voir. Il était accompagné de Paul Schrader, le réalisateur du film, et de la très belle Amanda Seyfried. Paul Schrader a notamment exprimé sa colère contre sa génération, égoïste, qui a mis en péril, en quelques décennies, la planète et les générations futures.

Après ça, il était 15h, et c’était peut être l’heure de penser à manger. En festival, on peut facilement perdre la notion du temps et en oublier l’essentiel. Surtout, autour des salles, ce sont surtout des snacks que l’on peut trouver, donc on ne mange pas toujours super bien.

Après une autre après-midi dans la salle de presse, j’ai regardé, le soir, le film argentin Invisible de Pablo Giorgelli, sélectionné en compétition Orizzonti. J’ai trouvé que le film, qui traite du parcours d’une adolescente tentant d’avorter dans un pays ou c’est illégal, pas forcément très réussi. Visuellement, le réalisateur cherche à constamment avoir l’actrice principale dans son cadre, pour montrer sa solitude, même lorsque d’autres personnages sont présents, régulièrement hors cadre. Cependant, cela ne créé pas forcément de rapprochement. Il y a toujours une distance avec cette jeune ferme renfermée, victime de son entourage et de la société.

Jour 3 – Une journée plus relax

En fait, avant de commencer par une journée plus relax, ça a surtout commencé par une nuit très difficile, la deuxième de suite. Elle était courte pour pouvoir faire la séance du matin. Elle était encore plus courte grâce aux voisins de camping, bruillants dès 6h du matin. Et surtout elle peu confortable, avec la pluie, beaucoup d’orage et du vent pour secouer la tente tout la nuit.

J’ai “trainé” aussi longtemps que je pouvais, et à un moment, la pluie a ralenti. J’en ai profité pour filer sous la douche, mais après, pas le temps pour un petit déjeuner, il fallait filer au festival. Au programme de la matinée, le très beau Lean On Pete d’Andrew Haigh, sélectionné en compétition officielle. On suit le parcours du jeune Charley, 15 ans, aspirant simplement à avoir ce que la plupart des jeunes de son âge peuvent avoir : un toit, une famille, une école. Il va traverser les Etats-Unis pour cela. D’une certaine manière, le film peut se voir comme un “Anti into the wild”. Son héros va traverses des paysages ruraux magnifiques et des villes, va faire des rencontres… tout comme dans le film de Sean Penn. Mais il n’est pas un petit bourgeois égoïste en quête de sens. Il fait partie d’une Amérique différentes. Ceux qui vivent dans une caravane dans Lean on Pete ne l’ont pas fait par choix. Pas de hippies ici, mais des sans abris et autres personnes qui ont perdu toutes leurs illusions face à la vie, que cela soit à cause de la guerre, de l’amour…

Le film est très beau, mais peut être un peu trop classique, un peu trop sage pour éblouir. On peut toutefois penser qu’il pourrait remporter un prix en fin de festival, même si je n’en fais pas forcément un favori ! Pour des raisons professionnelles, je n’ai pas pu enchaîner avec une deuxième séance à 11h. J’ai travaillé, déjeuné à une heure normale, et j’ai voulu enchaîner avec Brawl in Cell Block 99, nouveau film coupe de poing de S. Craig Zahler, présenté hors compétition. Ce dernier avait marqué les esprits l’année dernière avec Bone Tomahawk, grand prix au Festival de Gerardmer. Mais comme le premier jour, la séance s’est retrouvée pleine. J’ai couru dans la salle le plus proche pour voir un film de la sélection Classics : Deux ou trois choses que je sais d’elle, film expérimental de Jean Luc Godard. Il y a pas mal de choses intéressantes, comme ces moments ou les personnages parlent à la caméra, avec un style “interview” que l’on retrouve aujourd’hui dans de nombreuses oeuvres, notamment du coté des séries. Clairement, la volonté première de Godard n’est pas de divertir, mais signer une oeuvre complexe, entre art et philosophie.

Le soir, je n’ai pas été voir de film et j’ai choisi d’aller manger dans un restaurant, tranquillement, à l’écart de la frénésie du festival. Pour le moment, si je devais lister les films que je verrais bien au Palmarès : First Reformed et éventuellement Lean On Pete.

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