Cannes 2015 : Marguerite et Julien ne nous passionnent pas

En 2011, Valérie Donzelli avait su convaincre la presse, et à degré moindre, les spectateurs, avec son film La guerre est déclarée (alors sélectionné à la Semaine de la critique). Cette année, la réalisatrice est de retour avec Marguerite et Julien. Pour ce nouveau film, elle a l’immense honneur d’être sélectionnée en Compétition Officielle.

Synopsis

Julien et Marguerite de Ravalet, fils et fille du seigneur de Tourlaville, s’aiment d’un amour tendre depuis leur enfance. Mais en grandissant, leur tendresse se mue en passion dévorante. Leur aventure scandalise la société qui les pourchasse. Incapables de résister à leurs sentiments, ils doivent fuir…

Anais Demoustier

Critique du film

La réalisatrice a choisi de traiter d’un sujet assez complexe et tabou : la passion amoureuse entre un frère et une sœur ainsi que leur destin tragique. Pour raconter une telle histoire, on aurait pu imaginer une traitement dramatique fort et réaliste. D’ailleurs, le film est basé sur un scénario que devait normalement tourner le réalisateur François Truffaut. Valérie Donzelli choisit plutôt un ton décalé. Cette histoire tragique est racontée sous forme de conte. Dans un couvent, des jeunes filles racontent à leurs cadettes l’histoire d’amour passionnée entre Marguerite et Julien, ce frère et cette sœur issus de la bourgeoisie.

Outre ce traitement sous forme de conte, la réalisatrice joue des anachronismes, comme Sofia Coppola il y a quelques années avec Marie-Antoinette. On aperçoit ici et là des objets qui n’ont rien à faire là, et la bande son, très variée, alterne entre musique classique et Pop Rock avec un certain brio. Comme son couple d’amoureux, la réalisatrice défit les interdits pour construire son univers romantique. Et comme Sofia Coppola avec le film précité, Valérie Donzelli n’arrive pas à nous séduire totalement.

La passion entre ce frère et cette sœur est finalement assez touchante, mais le savant mélange tenté par la réalisatrice ne prend jamais complètement. Comme les actions romanesques de Julien, tout semble parfois un peu trop kitch. On ne prend jamais le film au sérieux et au final, on ne se sent pas vraiment concernés par le destin tragique de ces deux amoureux.

Valérie Donzelli a eu de l’audace pour son film, c’est très louable, mais cela manque au final quand même cruellement de talent et d’ambition. On aurait très clairement préféré une adaptation réaliste et tragique par le grand François Truffaut.

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