#Cannes2016 Critique de “Juste La Fin du Monde” de Xavier Dolan

Xavier Dolan était attendu comme le loup blanc à Cannes. Sans contexte, “Juste La Fin du Monde” est le film le plus attendu de cette quinzaine, à en croire notamment le taux de réservation de la billetterie pour assister aux projections. En terrain conquis pour certains, les autres attendent le faux pas pour fustiger ce Nadal du cinéma.

Synopsis

© Shayne Laverdière
© Shayne Laverdière

Après 12 ans d’absence, un écrivain (Gaspard Ulliel) retourne sans son village natal pour annoncer à sa famille sa mort prochaine. Ce sont les retrouvailles avec le cercle familial où l’on se dit l’amour que l’on se porte à travers les éternelles querelles, et où l’on dit malgré nous les rancœurs qui parlent au nom du doute et de la solitude.

Critique

© Shayne Laverdière
© Shayne Laverdière

Xavier Dolan a décidé de perturber la croisette en réalisant pour la première fois un film qui n’est pas écrit par lui. En effet, il adapte la pièce de théâtre éponyme de Jean-Luc Lagarce. Malgré tous les travers et les arrogances de ce jeune réalisateur dans sa mise en scène, on est forcé d’accepter que celui-ci donne à son spectateur une vague d’émotion inédite que l’on n’a pas encore rencontré ici durant ce Festival de Cannes.

Xavier Dolan utilise des plans rapprochés pour donner de la proximité  avec cette famille iconoclaste mais également nourrir de l’angoisse dans l’esprit de son public. On est oppressé de voir la douleur intrinsèque de chacun.

Première scène, c’est le retour de Louis dans l’avion. Une voix-off annonce sa maladie. Elle est pourtant superflue puisqu’on sent cette fatigue à l’écran.

Lors des retrouvailles, on sera particulièrement porté par l’échange de regard entre Gaspard Ulliel et Marion Cotillard. Entre eux, les silences sont des paroles. Elle est la première à comprendre ce qui se passe. A l’inverse, la mère excentrique, jouée par une Nathalie Baye transformée en hippie déjantée, se noie dans un débit de parole pour ne pas écouter ce que son fils veut lui dire.

Le personnage de Léa Seydoux est plus ambigu. L’actrice surprend en étant particulièrement sobre dans son interprétation. Elle est extrêmement bien dirigée. Elle joue avec perfection cette fille naïve qui ne semble pas capter le drame familial.

Reste ce Vincent Cassel véhément, qui nourrit le conflit du film. Il est à l’écran, comme dans la vie, ce vilain petit canard audacieux qui met carte sur table. D’une justesse absolue, il tient l’émotion du film, notamment dans une scène clé où il se retrouve dans une voiture avec Gaspard Ulliel.

© Shayne Laverdière
© Shayne Laverdière

Ce drame familial, presque en huis-clos, est entrecoupé de clips musicaux extrêmement caractéristique du cinéma de Xavier Dolan. On passe de Céline Dion sur “Mommy” à O’Zone dans “Juste La Fin du Monde”. C’est du déjà-vu, mais tellement efficace ! Avec ce cinéaste, on est dans une irrévérence qui agace tellement tant elle est brillante. Le choix notamment de tourner en 35mm est infiniment caractéristique de son égo. Il donne ainsi à son film une image sans âge avec une volonté de l’inscrire au panthéon des grandes œuvres cinématographiques.

Avec “Juste La Fin du Monde”, on est dans une veine similaire à “Mommy”, bien qu’un cran en dessous. La mise en scène ultra-léchée est ponctuée de scènes d’anthologies. A l’inverse, la construction manque parfois de dynamisme, notamment dans une première partie assez bavarde. On ne peut pas s’empêcher de faire un parallèle avec “Un été à Osage County” de John Wells qui évoquait déjà ces retrouvailles familiales.

La force de Xavier Dolan dans “Juste La Fin du Monde” reste le sous entendu. On ne dit pas tout mais on comprend tout. D’une grande force, le film est une merveilleuse ode au temps qui passe et sur l’amour.

Antoine Corte

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