#Cannes2016 Rester Vertical d’Alain Guiraudie

Après “L’Inconnu du Lac”, Alain Guiraudie revient sur la croisette en compétition officielle cette fois-ci.

Il vient présenter un film social sur un père célibataire laissé seul avec son bébé.

Synopsis

Léo (Damien Bonnard) est à la recherche du loup sur un grand causse de Lozère lorsqu’il rencontre une bergère, Marie (India Hair). Quelques mois plus tard, ils ont un enfant. En proie au baby blues, et sans aucune confiance en Léo qui s’en va et puis revient sans prévenir, elle les abandonne tous les deux. Léo se retrouve alors avec un bébé sur les bras. C’est compliqué mais au fond, il aime bien ça. Et pendant ce temps, il ne travaille pas beaucoup, il sombre peu à peu dans la misère. C’est la déchéance sociale qui le ramène vers les causses de Lozère et vers le loup.

Critique

© Emanuelle Jacobson-Roques
© Emanuelle Jacobson-Roques

On retrouve dans “Rester Vertical” le goût du réalisateur pour filmer des scènes crues. Dès les premières images, comme une résurgence de “L’Inconnu du Lac”, on voit Léo en voiture qui s’arrête sur le bas côté pour aborder un jeune homme. On sent tout de suite les tourments homosexuels du protagoniste. Mais Alain Guiraudie va semer les pistes en préférant les gros plans sur un accouchement ou sur un vagin. Comme pour son précédent film, on a des doutes sur la réelle utilité de ces scènes choquantes qui n’apportent rien à l’histoire.

Outre l’aspect très sexuel, le cinéaste installe une écriture très politique dans “Rester Vertical”. On est confronté à la détresse des agriculteurs face au mal absolu, Le Loup, qui menace les brebis. Cette métaphore à dimension très onirique laisse penser à un conte pour enfant, d’autant que la jeune génération est largement mise en avant dans ce film. Toujours dans le social, le réalisateur n’hésite pas à mettre en avant la mendicité, comme pour illustrer sa vision d’une économie française dépravée dans un milieu rural. Pour autant, la multitude des sujets abordés dans la première partie du film donne un rendu assez brouillon. On ne voit pas totalement le propos que souhaite défendre Alain Guiraudie.

© Emanuelle Jacobson-Roques
© Emanuelle Jacobson-Roques

Tout se recentre dans la seconde partie, une fois le bébé arrivé. On est immanquablement touché par le rejet de la mère envers son nouveau né dans une scène où le couple est allongé avec ce dernier qui pleure. On souffre de voir l’absence d’affection à l’écran et on est ému.

Comme pour “L’Inconnu du Lac”, la direction des comédiens n’est pas optimum. On arrive à un jeu de ces derniers relativement plat. Une exception cependant pour Christian Bouillette qui interprète un vieillard en fin de vie assisté par un jeune homosexuel qui prend des insultes à longueur de journée. Ces répliques sont cinglantes et osées. Elles provoquent de beaux éclats de rire tranchant avec le propos sous-jacent de sa mort prochaine. Il lâche notamment “c’est pas parce que je bande plus que j’ai envie de me faire enculer comme la reine”. Alain Guiraudie va également beaucoup plus loin avec ce personnage et entraine le spectateur dans un délice de vicieuses images.

© THIERRY VALLETOUX
© THIERRY VALLETOUX

Visuellement, le film, tourné en Lozère, est magnifique. Des pleins larges dépeignent une région aux couleurs superbes et réjouissantes. De la rosée du matin au coucher du soir, le film est une peinture. La musique très percutante, les Pink Floyd s’il vous plaît, marquera à coup sûr !

En réalisant “Rester Vertical”, Alain Guiraudie se tourne vers un film social à la Stéphane Brizé tout en n’oubliant pas son côté provoquant. Néanmoins, les multiples sujets abordés dans l’oeuvre créent un propos brouillon, reléguant au second degré l’intrigue autour du père, seul avec son enfant.

Antoine Corte

https://youtube.com/watch?v=9p9sU42zfx8

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