Critique Ciné – La Rafle

Faux film courageux, grosse production honteuse

Depuis l’annonce du projet , j’ai été sceptique sur sa qualité potentielle pour quelques raisons , tout d’abord le Cv de la réalisatrice n’est pas des plus rassurants avec des scénarios de films qui sont loin d’êtres restés dans les mémoire et un premier film parait il extrêmement médiocre , le casting de stars et divers éléments qui laissaient supposer une grosse production formatée pour le grand public et la télé au profit d’une approche avec un vrai point de vue des choses . Maintenant je ne remet pas en cause les bonnes intentions et l’envie de montrer un sujet il est vrai encore trop méconnu alors qu’il constitue une des pages les plus sombres de l’histoire de la France. Mais un peu comme Les Femmes de L’ombre de Jean-Paul Salomé sorti en 2008 , le film, malgré son fond à priori irréprochable , par diverses maladresses et un manque de talent flagrant , est cinématographiquement un échec cinglant et en devient un film presque douteux dans ce qu’il raconte .

Le premier point qui marque est l’absence totale de point de vue dans la narration. Dans les intentions la réalisatrice dit avoir voulue se placer du point de vue d’un enfant ayant survécu à la Rafle du Vel’d’Hiv sauf qu’elle se révèle incapable de se tenir à ça puisqu’elle cherche à montrer la Rafle sous tous les angles , ce qui est aussi un échec puisque la répartition des apparitions des différents personnages n’obéit à aucune logique réelle mais avant tout à une ambition agaçante : faire pleurer le spectateur à tout prix .

la_rafleMaintenant sur ces différents personnages tout d’abord il y a les apparitions d’Hitler grossières et maladroites ou la réalisatrice recrée les images de propagande filmées jadis par sa femme Eva Braun. En ne montrant pas quel est le but réel de ces images , Rose Bosch chercher à les faire absorber au spectateur comme une vérité , ce qui ne l’est pas. Ainsi à la fois Bosch caricature le contexte historique du point de vue Allemand et manipule le spectateur en lui livrant une vision erronée .

Ensuite le reste des personnages du récit obéit à une logique qui amène à nouveau à des points maladroits et douteux , afin de ne pas choquer le spectateur français moyen sur la responsabilité de La France et des Français dans cette Rafle pourtant reconnue depuis un certain temps officiellement, le film surexpose les personnages de justes qui furent minoritaires dans cette histoire et qui sont ici les personnages principaux. La scission entre L’état et le peuple est marquée et le film marque un vrai retour en arrière en incriminant l’état et idéalisant la vision de la France à cette époque . En effet d’un coté on a Pétain et Laval qui manigancent la Rafle à la demande des Allemands , les fonctionnaires de l’état qui exécutent les ordres et de l’autre on a une France solidaire qui fait ce qu’elle peut pour empêcher ce qui arrive et venir en aide aux Juifs , à l’exception d’un ou deux figurants antisémites . Une vision que l’on croyait enterrée depuis que le rôle de la France a été officiellement reconnu en 1995 .

Cela correspond aussi aux ambitions du projet, c’est-à-dire un film grand public , formaté pour le prime time dans lequel on ne se permettra pas d’aller trop loin visuellement pour choquer le spectateur moyen ou même narrativement pour ne pas faire culpabiliser certains spectateurs sur les actes de leurs ancêtres .

Ces éléments aboutissent à des raccourcis , facilités et maladresses historiques à des fins mélodramatiques puisqu’encore une fois la chose que cherche le plus la réalisatrice tout au long de son film c’est faire pleurer dans les chaumières au détriment d’une intelligence cinématographique.

Le pathos est de mise avec une bande-son appuyée , des gros ralentis , des plans et mouvements spectaculaires , mais ça en devient douteux voir dérangeant cette façon de vouloir faire du spectaculaire avec l’horreur , plus encore quand on reprend certaines scènes en les analysant .

Je pense à deux scènes , la première est celle ou l’on voit un travelling suivre Mélanie Laurent jusqu’à son entrée dans le Vel d’Hiv , la caméra suit l’actrice de près , elle est au centre de l’écran , puis au fur et à mesure qu’on pénètre dans le Vel d’Hiv , la caméra s’éloigne peu à peu de l’actrice pour montrer de manière clinquant et spectaculaire par le biais d’un travelling aérien la reconstitution en numérique du lieu rempli à craquer de figurants en numérique eux aussi . Pudeur et sobriété qui n’auraient pas nuit au film sont délaissés au profit de plans honteusement spectaculaires comme ici .

La seconde voit un enfant courir persuadé d’aller retrouver ses parents , suivi par un travelling à la steady-cam et accompagné d’une musique qui vise à dramatiser la scène au maximum , et à la fin au lieu de tomber sur ses parents, l’enfant se retrouve nez à nez avec plusieurs officiers . On renonce à toute intelligence cinématographique juste pour chercher à arracher les larmes du spectateur en dépit de moralité ou vraie approche du sujet qui aurait fait naitre l’émotion naturellement . Ici tout n’est que question perpétuellement de dispositif , tout est en façade .

Le film est aussi construit d’une manière qui s’apparente à mes yeux comme de la lâcheté , plutôt que de montrer ou suggérer l’horreur par exemple au camps de Baunes , on préfère s’attarder sur des passages tels que les confidences d’un enfant à une infirmière qui le guérit , on ira pas jusqu’à dire que le film présente les passage au camp comme faciles à vivres pour les protagonistes mais qu’il se défile en permanence pour se concentrer sur des saynètes futiles qui n’apportent rien à l’histoire si ce n’est un optimisme malvenu et douteux .

En fait les diverses anecdotes qui ont pu être délivrées sont régulièrement érigées au rang de fait majeur dans le film alors que ce ne sont que des instants malheureusement mineurs dans l’histoire ( on en revient au même problème que pour les personnages de Justes surexposés dans le film ) .

La fin du film est un summum , elle cherche limite à se présenter comme un happy-end , avec les violons encore plus accentués que dans le reste du long-métrage. Si ce qu’elle raconte est réellement arrivé en présentant ça comme conclusion au métrage on a la détestable impression d’une fin heureuse à cela , parce qu’encore une fois la réalisatrice refuse de regarder la vérité en face pour se concentrer sur de l’évènement qui reste malgré tout une exception et une anecdote .

Tout cela encore une fois dans une logique de formatage visant à rassurer les investisseurs sur les risques limités du contenu et à ne pas déranger le spectateur moyen . Cette logique marketing a d’autres tares carrément impardonnables telles que le placement de produit au sein du film. Conter l’une des pages les plus noires de l’histoire de la France n’empêchent pas le placement de produit au sein du film , ce procédé déjà pas très agréable en général n’a absolument rien à faire dans un tel film et pourtant on notera le joli placement de la marque Lu lors d’une scène au camps de Baunes .

Même sans tenir compte de ces différents points au niveau des choix que je trouve personnellement douteux , d’autres points moins «

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