Critique Crimson Peak de Guillermo Del Toro

Avec Crimson Peak, Guillermo Del Toro revient à ses premiers amours et offre aux spectateur un film fantastique plus proche de L’échine du diable et Le labyrinthe de Pan que ses récentes productions comme Pacific Rim. La bande annonce offrait des images à couper le souffle et laissait augurer d’une atmosphère vraiment particulière. Le film est-il à la hauteur des attentes ?

Synopsis

Au début du siècle dernier, Edith Cushing, une jeune romancière en herbe, vit avec son père Carter Cushing à Buffalo, dans l’État de New York. La jeune femme est hantée, au sens propre, par la mort de sa mère. Elle possède le don de communiquer avec les âmes des défunts et reçoit un étrange message de l’au-delà : “Prends garde à Crimson Peak”. Une marginale dans la bonne société de la ville de par sa fâcheuse “imagination”, Edith est tiraillée entre deux prétendants: son ami d’enfance et le docteur Alan McMichael.

Critique du film

Comme le laissait supposer la bande annonce, le film est visuellement impressionnant. Les décors et les costumes sont magnifiques, les fantômes ont une esthétique assez unique et la mise en scène est inspirée. Guillermo Del Toro est un cinéaste bourré de talent, et il ne surcharge pas trop de dialogues ses séquences. Les éléments visuels, les images, parlent par elles-même.

Le personnage d’Edith (Mia Wasikowska) a dans l’attitude tout d’un personnage romantique et naïf de Jane Austen. D’un point de vue esthétique, il faut plus chercher du coté d’Alice au pays des merveilles (rôle qu’elle a justement déjà incarné un cinéma). Ses robes, où encore les fauteuils dans lesquels elle s’assoie la présentent comme un papillon. On peut faire de multiples interprétations de ce choix, mais c’est certainement le personnage de Lady Lucille (Jessica Chastain) qui explicite le mieux le symbolique lors d’une scène entre les deux personnages.

Les autres personnages sont, dans l’ensemble, assez caricaturaux où manichéens, excepté Thomas Sharpe (Tom Hiddlestone) mais cela semble un choix assumé du réalisateur, jouant avec les codes de l’intrigue romantique. Il y a une touche de fantastique évident dans le film, puisqu’il y a des fantômes, mais ils ne sont clairement qu’un prétexte pour le réalisateur, qui s’intéresse avant tout aux humains. Il casse aussi bien les clichés romantiques des œuvres de Jane Austen que des films d’épouvante. Hélas, tout dans le film n’est pas parfait, et s’il y a de nombreuses choses à apprécier, on peut aussi lui faire pas mal de reproches.

Tout d’abord, l’exposition est bien trop longue. Toute la première partie du film se déroulant aux Etats-Unis aurait gagnée à être contenue dans une exposition d’une vingtaine de minutes au maximum. De plus, les événements et rebondissements sont extrêmement prévisibles. C’est un peu dommage de chercher à innover dans certains aspects pour au final proposer quelque chose de très conventionnel.

La suite de la critique contient des spoilers.

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C’est également dommage de faire un film où les fantômes ne sont pas le danger, pour, au final, aussi peu les utiliser. Qu’ils soient un prétexte pour développer un propos, pourquoi pas, mais là ils ressemblent surtout à un argument pour faire croire à un film horrifique là ou il n’y a en fait qu’un thriller assez banal.

L’esthétique du film, aussi belle soit-elle, n’est pas non plus parfaite. Parfois, la mise en scène semble trop vouloir mettre en avant les belles images où les idées visuelles de façon un peu inutile, sans que cela ne serve le propos ou l’intrigue… De même, pour faire peur, Guillermo Del Toro se contente quasiment systématiquement de faire monter le son brutalement plutôt que de joer sur l’ambiance pesante. On est vraiment en droit de souhaiter quelques chose de plus recherché de la parte d’un cinéaste de ce standing.

Le final qui, d’une certaine manière, m’a un peu rappelé celui de Mama, est pour le coup plutôt réussi. En conclusion, Crimson Peak est un film inégal, qui brille sur certains aspects mais est beaucoup trop limité pour dépasser son statut de série B “haut de gamme”. Dommage.

Bande annonce

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1 commentaire
  1. L’ambiance est bien plus esthétique qu’horrifique et oui quel dommage que la trame manque autant d’originalité. En fait, l’esprit du film se confond pleinement dans le roman qu’espère voir éditer Edith Cushinge : Une belle histoire d’amour avec un fantôme.

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