Critique de “Chronic” de Michel Franco

Cannes est le festival des batailles de critiques ! Le grand public n’est pas souvent d’accord avec les avis émis sur la Palme d’Or ou autres distinctions. Et même entre journalistes, les avis divergent !!!

Alors imaginez un peu au sein de la Redak Oblikon… Nous avons très rarement le même avis sur un film, et c’est le cas avec Chronic de Michel Franco. Voici la critique de Matthias VS la critique de Christopher.

Synopsis

Aide-soignant, David travaille auprès de personnes en phase terminale. Méticuleux, efficace et passionné par son métier, il noue des relations qui vont bien au-delà du cadre médical et instaure une véritable intimité avec ses patients. Mais dans sa vie privée, David est inefficace, maladroit et réservé. Il a besoin de ses patients tout autant qu’ils ont besoin de lui.

Critique

Chronic-de-Michel-Franco-Festival-de-Cannes-2015-competition-officielleNon avare en longs plans silencieux ou peu bavards étirés à l’envie, Chronic impose au spectateur son rythme propre, marqué par la lenteur, voire un temps semblant comme arrêté, suspendu. Le film s’impose surtout comme une caricature de film cannois au mauvais sens du terme : ennuyeux, dédié à un sujet difficile traité de manière glauque et paraissant interminable.

Le prix du scénario dont il a été auréolé demeure un grand mystère, tant Chronic se réduit à un alignement plat de scènes similaires et cycliques – David qui s’occupe de ses patients, ou David qui fait du sport – et tant il alterne paresseusement les séquences illustrant la vie professionnelle de David et celles illustrant sa vie privée. Et aucune progression dramatique n’est ménagée.

Ce personnage comblant le vide (affectif) de sa vie dans son investissement auprès des patients qu’il assiste était intéressant sur le papier, mais le film se borne dans les faits à le montrer compétent dans son travail d’assistanat et très maladroit dans sa vie privée – on le voit par exemple regarder de façon obsédante le compte Facebook de sa fille en n’arrivant pas à l’aborder – ; et on en reste à ce simple constat : David, campé par un Tim Roth fade et insignifiant,  et dont on n’arrête d’ailleurs pas de nous montrer le dos est opaque, point à la ligne.

chronic_2015A cause de la mise à distance systématique, l’émotion n’affleure jamais et le film laisse son spectateur à la porte – comme, d’ailleurs, de manière littérale dans l’une de ses séquences. On regarde sa montre plus d’une fois et le temps se fait long. Quant à la fin, que l’on ne dévoilera pas ici, elle se révèle d’une gratuité inouïe et qui achève de rendre Chronic définitivement antipathique. Sans compter l’aspect impudique du film et son voyeurisme coupable à l’égard de personnes proches de la mort – rappelant un Haneke avec son Amour. A éviter !

N’oubliez pas d’aller lire la critique de Christopher !

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