Critique de Live By Night de et avec Ben Affleck

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Ben Affleck est indubitablement un passionné de cinéma. Cela transparaît dans tous ses films, qui invoquent les grandeurs du passé : son premier film, Gone Baby Gone avec Mystic River, The Town avec l’oeuvre de Michael Mann, Argo avec Les hommes du président.

Cette année, Ben Affleck s’attaque au film de gangster, en espérant parvenir un jour à égaler ceux qui l’ont précédé et dont les films sont aujourd’hui cultes. Autant dire que le fait d’être fan ne suffit pas. Ben Affleck reprend une époque bien connue et vue et revue dans le paysage cinématographique : celle de la Prohibition.

Synopsis

A Boston, dans les années 20, Joe Coughlin (alias le réalisateur en personne), un homme honnête, est l’amant d’Emma Wood (Sienna Miller), femme compliquée elle même maitresse d’un gangster connu nommé Albert White. Leur liaison tourne au drame lorsqu’elle est découverte et Emma est présumée morte des mains d’Albert après avoir trahi Joe. Ce dernier passe quelques années en prison, et en sort avec le désir impérieux de se venger d’Albert. Pour cela, il embrasse la vie de criminel et déménage à Tampa, ou il monte une chaîne de casinos avec un associé, tout en cherchant à retrouver l’homme qui l’a privé de la femme qu’il aimait.

Prohibition ratée pour Ben Affleck

ben_affleck_live_by_nightMalheureusement, la vengeance est de courte durée. Le film se perd au bout de la première heure, Joe ayant décidé de se remarier et heureux en ménage, jusqu’à en oublier pourquoi il   est arrivé ici en premier lieu. Le film perd tout son sens et n’a plus aucun point d’ancrage ou aucun but, ce qui amoindrit énormément sa dramaturgie et nous donne l’impression que nous assistons à un simple portrait des années 20 dans le milieu mafieux quelque peu ennuyeux, ou les baillements se font nombreux, surtout pour le spectateur averti qui a déjà vu ce genre de films. Il faudra une photo sortie de nulle part pour faire l’effet d’un tilt chez le personnage principal et relancer l’action qui s’était jusque là bien ralentie.

Surtout que Ben Affleck n’apporte aucune nouveauté au film de gangster : A certains moments, on se croirait  même dans une galerie de clichés sur les films mafiosi, avec Ben qui nous offre un défilement d’images incessants qui nous a déjà été donné de voir auparavant : explosion de voitures, coups de fusil à pompe, balles dans la nuque chez le barbier, casses et menaces dans le bar du coin. Si on ajoute à cela le côté sous-papa mafieux qu’est Maso Pescatore (il espérait imiter Don Corleone ou Al Capone?), et la reconstitution historique somme toute académique, le réalisateur nous livre un film un peu vieillot, si ce n’est une redite de paysages que nous connaissons désormais bien au cinéma et ce depuis longtemps, sans qu’on ait besoin qu’ils nous soient répétés.

Il en est de même des personnages. Ben Affleck nous livre ici une vision peu moderne de la femme, l’amante étant forcément une parjure là ou l’épouse est bonne, généreuse et sans reproche, le personnage féminin le plus intéressant étant celui joué par Elle Fanning, jeune actrice très prometteuse, qui incarne avec culot et zèle une jeune fille dont les rêves sont brisés, puis corrompue par un père dévot jusqu’à en devenir une madonne de foire. Les scènes avec elle sont celles qui nous captivent le plus et que l’on retient, mais là encore, Ben Affleck se débarasse de son personnage le plus prometteur à peine celle-ci ayant délivré ce qu’elle avait à dire, et nous laisse avec un sentiment amer en bouche, n’ayant pas laissé le temps à Joe et Loretta de construire une vraie relation, qui aurait pu être filiale et digne d’intérêt.

A côté, Sienna Miller et Zoe Saldana semblent assez transparentes, Sienna pour son jeu d’actrice et Zoe pour le rôle qui lui est confié. Les enjeux d’Emma ne sont pas inintéressants, car ils différent totalement de ceux de Joe et rentrent en contradiction totale avec celui-ci, culminant dans une résolution de leur relation plutôt forte et inattendue.

Le comédien Ben Affleck meilleur que le réalisateur ?

Néanmoins le film passe sans que nous comprenions exactement ce que nous sommes en train de regarder ni ce que le réalisateur essaie de nous dire, en nous demandant quelquefois si Ben Affleck n’est pas tout simplement en train de faire la suite de la saga Mafia (sorti en 2002).

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Donc, si ses films sont pour la plupart de bons divertissements du samedi soir, il ne réussit jamais à égaler ceux qu’il admire tant. Il confirme cependant qu’il est un très bon acteur, sa prestation équivalent celle d’Elle Fanning, et c’est sans doute en tant que comédien qu’il a le plus de talent.

Mais attention, tout n’est pas à jeter : Live By Night se regarde comme un film plutôt chic, qui vaut ce qu’il vaut, où les costumes sont d’époque, la photographie belle et inspirée (en même temps, Monsieur s’offre Robert Richardson, chef de la photographie attitré de Quentin Tarantino) même si plagiée sur les autres films du genre et le film a au moins le mérite de nous en rappeler d’autres, des Incorruptibles de Brian de Palma en passant par Le Parrain de Francis Ford Coppola. Et pour ceux qui cherchent une retranscription récente et réussie de la Prohibition, filez plutôt voir la série Broadwalk Empire.

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