Critique de Noé avec Russell Crowe

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Noé est un film très attendu de cette année 2014. Déjà car il nous offre en héros principal Russell Crowe, seul contre tous, ce qui nous rappelle d’excellent Gladiator de Ridley Scott. Mais aussi car c’est le 1er blockbuster à gros budget (125 millions de dollars) de Darren Aronofsky, réalisateur du génial Black Swan et inénarrable Requiem For a Dream. Et histoire d’en rajouter une couche, il s’inspire non pas de superhéros américains des années 50, mais d’un héros biblique de plus de 2000 ans d’histoire : Noé et son arche. Alors, Noé, blockbuster absolu et après lui le Déluge ?

Synopsis

Russell Crowe est Noé, un homme promis à un destin exceptionnel alors qu’un déluge apocalyptique va détruire le monde. La fin du monde… n’est que le commencement.

Critique

noé_russell_croweNoé est du type de ces films dont on ne sort pas indemne. Il a du blockbuster le budget, les symboles et les personnages, mais sort très vite de ce carcan afin de nous proposer autre chose. Autre chose à tel point que l’on peut se sentir perdu à la fin du film, ne sachant pas vraiment ce que l’on a vu. La première heure de Noé est vraiment dans l’esprit d’un blockbuster hollywoodien : à une période indéfinie (qui, on le sait par la Bible, est la Génèse, mais pourrait très bien être un futur post-apocalyptique comme le dernier chapitre de Cloud Atlas), un héros d’origine mythique et juste doit protéger sa famille contre les autres humains incarnant le mal. Nous suivons donc sa progression dans sa volonté d’accomplir sa destinée que lui a dicté le Créateur : Monter une arche gigantesque afin d’échapper au Déluge. Déluge provoqué par ce Créateur pour purifier la Terre des humains qui l’ont souillée.

Et durant sa progression, il sera confronté à sa Némésis en la personne du descendant direct de Caïn (Noé étant descendant d’Abel) qui montera une armée pour prendre l’Arche. Noé et sa famille rencontreront aussi les Veilleurs, anges déchus transformés en pierres mouvantes, à la croisée des Ents du Seigneur des Anneaux dans le design et des Transformers pour leur animation (le fait qu’ILM soit derrière les effets spéciaux de Noé & de la saga de Michael Bay y est certainement pour quelque chose).

Sauf que tout cela ne se déroule que pendant la première heure, et très vite, après une séquence d’animation digne de l’histoire des reliques de la mort d’Harry Potter et une gigantesque scène de combat, le film change radicalement. Noé et sa famille sont sur l’Arche, et d’un blockbuster classique, on passe à un film beaucoup plus sensible et personnel.

arche_de_noeQuelques graines ont été semées durant cette première heure afin de rendre la seconde partie du film plus consistante sur la psychologie des personnages : L’amour qui lie Ila (Emma Watson) et Shem (Douglas Booth), la sensation d’abandon de Ham (Logan Lerman), mais surtout la volonté inébranlable de Noé de vouloir protéger la Terre en sauvant les bêtes innocentes, quitte à éradiquer l’espèce humaine – y comprit sa famille – ce qu’il croit avoir comprit du message du Créateur.

Et à partir de ce moment, on retrouve le brio d’un Russell Crowe poignant, qui ne se content plus d’incarner Noé, mais qui le devient réellement. Il se mouille réellement pour ce rôle et son influence patriarcale devient à la fois omniprésente et omnipotente. Certain d’être juste en respectant la volonté du Créateur, il est en même temps confronté à des états d’âmes complexes qui le rongent. Le film devient alors plus sensible, sur les choix d’un homme, et sur la frontière ténue qui sépare le héros du destructeur. Par la souffrance de Noé, Aronofsky interroge par la même occasion le spectateur sur sa capacité à croire, à prendre des décisions : jusqu’où doit on aller dans l’obéissance à une puissance qui nous dépasse, quelle place doit-on laisser à nos doutes ? A notre humanité ?

Le sujet n’est pas simple, d’autant plus que s’attaquer à un récit biblique est toujours dangereux. Sauf qu’Aronofsky n’hésite pas à se jeter à l’eau sans pour autant prendre de parti. Ici, le Créateur n’est jamais nommé, et chacun peut donc y voir celui en qui il croit. Quant aux athées, rien dans le film ne cherche à faire une quelconque propagande, la présence du Créateur n’est donc pas plus dérangeante que la présence de la Force dans Star Wars !

noé_emma_watsonDeux (petites) choses peuvent cependant gêner dans Noé. La première est le côté “contemporain” du message sur l’homme qui détruit son environnement, et qui s’expose alors à la propre destruction. Ce côté un peu “environnemental” du film (comme pour un Avatar par exemple) dérange toujours un petit peu si c’est présenté de manière trop appuyée. Mais encore une fois, Darren Aronofsky ne s’en sort pas trop mal, et ne rend pas le message trop lourd. L’autre point noir du film est la prestation d’Emma Watson. Alors que tous les acteurs sont plutôt à un bon niveau (Russell Crowe étant loin devant tout le monde), notre égérie Burberry nous offre un jeu moyen quand il n’est pas médiocre. Dommage, car le personnage est important dans l’histoire, et des moments émotionnellement forts reposent sur elle… émotion qui retombe souvent très vite par ce niveau de jeu. On n’y croit pas, Emma Watson surjoue et ça se voit, ses larmes ne nous atteignent pas…

En conclusion,Noé est un blockbuster vraiment original, nous prouvant qu’Aronofsky est clairement un grand réalisateur de son époque. Ce n’est pas un Captain America où l’on sort rafraîchi et détendu. Non, ici, on sort déstabilisé, déstabilisé par la structure du film, sa sensibilité et l’interprétation de Russell Crowe. Un blockbuster qui sort clairement du lot, et qui ne prend pas l’eau.

P.S : combien de jeux de mots pourris y a-t-il dans cette critique ? 😉

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