Critique de Poulet aux Prunes de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud

Synopsis : “Téhéran, 1958. Depuis que son violon tant aimé a été brisé, Nasser Ali Khan, un des plus célèbres musiciens de son époque, a perdu le goût de vivre. Ne trouvant aucun instrument digne de le remplacer, il décide de se mettre au lit et d’attendre la mort. En espérant qu’elle vienne, il s’enfonce dans de profondes rêveries aussi mélancoliques que joyeuse, qui, tout à la fois, le ramènent à sa jeunesse, le conduisent à parler à Azraël, l’ange de la mort, et nous révèlent l’avenir de ses enfants… Au fur et à mesure que s’assemblent les pièces de ce puzzle, apparaît le secret bouleversant de sa vie : une magnifique histoire d’amour qui a nourri son génie et sa musique…
Poulet aux Prunes est un peu un ovni dans les sorties ciné de la Toussaint. Film se payant un très beau casting (Edouard Baer, Jamel Debbouze,Maria de Medeiros et un brillant Mathieu Amalric en rôle principal) mais ayant eu à côté relativement peu de publicité, et surtout lorgnant dangereusement vers la BD dans ses décors, dans ses ambiances, qui ne sont pas toujours sans rappeler l’esthétique d’un Jean-Pierre Jeunet.
L’esthétique est  ce qui frappe au premier abord dans ce film. Elle rappelle très fortement celle d’un Jean-Pierre Jeunet. Aérienne, faite de carton pâte dans laquelle se meuvent des personnages tantôt réels, mystiques ou ambigus… Rien ne semble vrai mais tout l’est pour notre héros. Cette ambiance très BD et irréaliste vient se coller au dessus d’un lieu bien défini (Téhéran) à une date bien précise (les années 50).  Le film étant adapté d’une bande dessinée de Marjane Satrapi et étant liée à son histoire personnelle, cette localisation et temporalité est tout à fait justifiée, cependant, elle ne l’est pas forcément pour le film, ce que nous allons voir.
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Effectivement, cette spatialisation du film pose problème durant la première moitié du film. Durant cette période, on se sait pas trop où se situer entre la réalité historique, le rêve des décors et ambiances… Cette ambiguïté vient gâcher cette première partie, heureusement soutenue par un très bon jeu d’acteur d’un Mathieu Amalric mystérieux et enjoué par un Jamel Debbouze retrouvant un rôle proche de celui qu’il avait dans Amélie Poulain et dans lequel il excelle.
Cette première moitié décevante sert pourtant à poser les bases de la suite, suite expliquant réellement le trouble du héros, et par cela ses mystères qu’il “trimbale” avec lui. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette seconde partie est poignante. Les lieux qui avaient un rôle au début du film s’estompent, deviennent des décors dans lesquels se jouent les jeux des hommes, des sentiments et des émotions. Alors que profondément ancré géographiquement et culturellement, le film accède à une certaine universalité en ne traitant finalement plus que de l’humain et ses ressentis. Et notamment de ce qui distingue la technique de l’art : l’amour, le souffle, l’âme telle qu’elle est nommée dans le film.
La magie opère alors, et l’ambiguïté BD/film disparaît elle aussi. Nous sommes dans un conte, conte qui n’a d’autre ambition que de parler des hommes, qu’elle que soit la manière, les époques et les personnages. Cette magie, cette énergie créatrice qui permet aux hommes de créer, de se dépasser par l’art qui n’est qu’un lien entre des émotions et un monde qui ne vit que par elles.
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En somme, il est vraiment dommageable pour Poulet aux Prunes de passer trop de temps à donner une réalité tangible à l’histoire, car la réalité du film n’est pas une réalité historique, mais une realité profondément humaine des sentiments.
Vous l’aurez comprit : malgré une première partie médiocre, le film se rattrape grandement par la suite, ce qui en fait pour conclure une très belle surprise de cette Toussaint.
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