Critique d’Or Noir de Jean-Jacques Annaud

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C’est lors de l’avant première parisienne que nous avons découvert Or Noir en présence de son réalisateur qui a ensuite profité de l’événement pour nous parler de son film et de sa carrière. Jean-Jacques Annaud est un ovni du cinéma capable de réaliser de grosses productions au casting anglo-saxon tout en donnant à son film une âme d’enfant plus proche du cinéma français. A la manière de ses films sur l’Asie et l’Afrique, Or Noir est d’abord un coup de cœur que Jean-Jacques Annaud a eu avec le Proche Orient et qui l’a poussé à trouver un livre ou une histoire se passant dans ce pays. C’est donc la Soif Noir de Hans Ruech qu’il adapte pour nous entraîner dans ce territoire…

 

Synopsis : Après une guerre entre l’Emir Nesib et le sultan Amar, le Corridor Jaune devient un nomamland et le sultan Amar doit donner ses fils à l’Emir Nesib pour prévenir toute guerre. 15 ans plus tard, dans les années 30,  un exploitant de la compagnie Texan Oil découvre des gisements dans le Corridor Jaune et l’Emir Nesib, assoiffé d’or, lui donne accès à ce territoire sauvage. Après une tentative de négociation, une nouvelle guerre s’engage entre le fraîchement moderne émirat de Nesib et l’antique armée d’Amar. Dans ce contexte le jeune Auda, second fils d’Amar et gendre de Nesib, prend les armes pour son père et commence une quête initiatique et prophétique pour unir tous les peuples du désert…

 

Si on ne devait retenir qu’une chose du film ce serait la beauté de l’univers dans lequel Jean-Jacques Annaud nous plonge. Tourné en argentique 35 mm, car les appareils numériques ne résistèrent pas aux tempêtes de sable et à la poussière, le rendu du désert est tout bonnement éblouissant. Des dunes de Tunisie au bord de mer du Qatar, les paysages traversés font rêver et on comprend sans mal ce qui a inspiré Jean-Jacques Annaud. Le soin du détail se retrouve dans tout le film à l’instar de ces scènes d’ablution pour lesquelles Jean-Jacques Annaud a fait appel à des autorités religieuses. En outre tout est bien tourné et réalisé de manière à donner du rythme dans ce monde que l’on pourrait se contenter de contempler.

L’autre atout du film est sans aucun doute son casting, un véritable florilège de talents qui sont menés par Mark Strong et Tahar Rahim. Mark Strong joue le rôle du sultan Amar, homme fier, respectueux du Coran et de la parole donnée. Intransigeant, conservateur et pas intéressé par l’argent il s’oppose en tout à l’Emir Nesib, joué par Antonio Banderas. Mark Strong offre un jeu exceptionnel et crée une profondeur à un personnage qui se trouve à la balance du grand homme et du tortionnaire. Antonio Banderas joue par contre plus le rôle du marchand de souk que celui d’un fier Emir. Le personnage avide et moderniste se prête à ce jeu d’acteur sans pour autant que l’on soit totalement convaincu. Tahar Rahim, le jeune Auda, est impeccable dans ce personnage qui sort innocent de sa bulle pour affronter le monde et la guerre (à la manière du petit Ours de JJ Annaud). Freida Pinto joue le rôle d’une princesse amoureuse ne laissant pas un grande place pour exprimer son talent d’artiste.

 

C’est malheureusement sur le scénario que le film perd de sa force. Si le côté prophétique de la quête d’Auda est intéressant, on peut reprocher que tout arrive à point nommé dès que le personnage se trouve en difficulté. En effet, sans vouloir vous révéler toute l’histoire, dès qu’Auda doit prendre une décision importante le hasard prend la décision à sa place. Ce procédé très Deux Ex Machina, aurait pu être apprécié une fois dans le film, mais survient à plusieurs reprises…Néanmoins tout n’est pas noir dans le scénario car Jean-Jacques Annaud en profite pour aborder de nombreux thèmes liés notamment à l’Islam. Entre autres, les différentes conditions de la femme dans les tribus, la nature de l’étranger selon le Coran et surtout le choix de la modernité contre celui de la tradition… Le bon accueil reçu par le film au festival de Doha à Dubaï montre que le réalisateur a su traiter ces questions avec finesse.
Je ne peux donc que vous conseiller de voir ce film qui réunit de nombreuses qualités qui ont vite fait de masquer des défauts gênants mais pas imbuvables. Pour les passionnés, le rendez vous est pris dans 3 ans et demi sur le continent asiatique. Jean-Jacques Anneaud nous révélait en effet pendant la master class qu’il reprendrait ensuite les chemins de la Mongolie qu’il avait abandonné pour réaliser ce film.

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