Critique du film Birdman avec Michael Keaton

Poster de birdman

Complexe, riche, dense, satirique, parodique, drôle, hilarant, extravagant, abouti, maitrisé, absolu, total, magistral.

Synopsis

À l’époque où il incarnait un célèbre super-héros, Riggan Thomson était mondialement connu. Mais de cette célébrité il ne reste plus grand-chose, et il tente aujourd’hui de monter une pièce de théâtre à Broadway dans l’espoir de renouer avec sa gloire perdue. Durant les quelques jours qui précèdent la première, il va devoir tout affronter : sa famille et ses proches, son passé, ses rêves et son ego…
S’il s’en sort, le rideau a une chance de s’ouvrir…

Les vertus insoupçonnées de l’ignorance

Vous l’aurez sans doute compris avec cette introduction on ne peut plus simple, Birdman est un film qui marque le spectateur pour de multiples raisons. Tout d’abord, c’est un film dans l’ère du temps, qui surfe sur le succès des films de super héros, non pas par opportunisme, mais pour en faire une œuvre extrêmement contemporaine et moderne. Le risque principal de ce genre de choix est de rendre le film obsolète dans 15 à 20 ans. Si on ne peut le prédire avec certitude, c’est exactement le contraire qui va peut être se produire. Le jour ou les films de super-héros seront has-been, peut être bien que le film sera encore plus puissant, symbolique et drôle qu’il ne l’est aujourd’hui.

Michael Keaton

Le film surfe sur cette notion de célébrité qui est éphémère, tout autant que les recettes pour être célèbre. Il y a 40 ans, être un patriote faisait peut-être des acteurs des stars. Il y a vingt ans, c’était peut être le fait de former un beau couple avec une autre star. Aujourd’hui, c’est l’activité sur les réseaux sociaux qui joue un rôle déterminant et personne ne sait ce qui marchera dans 20 ans. Aborder ce thème de la célébrité permet donc au réalisateur d’aborder la société d’aujourd’hui ou tout va très vite et ou le superflu, le grotesque et ne retenons pas nos mots, la connerie prennent l’ascendant, comme le montrent le succès de la vidéo dans la rue et la réaction de la critique dans le film. La célébrité et le métier d’acteur permettent aussi de jouer avec le réel et le monde fantasmé que peuvent se faire les acteurs, ou encore leur égo démesuré.

Pour autant, Alejandro González Iñárritu ne fait pas un film sur les acteurs, le cinéma et le théâtre. Il se sert de ces personnages et de cet environnement pour accentuer les absurdités et contradiction qui nous définissent tous. Ces acteur à l’égo surdimensionné, ce sont des Monsieur Tout le monde. Ils ont un besoin permanent et terrible d’être aimés, reconnus. Le personnage de Riggan (Micheal Keaton), constamment perturbé par son Surmoi qui s’exprimer sous la forme de Birdman, son alter-égo cinématographique du passé, passe d’un instant à l’autre par des sentiments et des opinions très contrastés. Il va chercher la reconnaissance en tant qu’acteur, et l’instant d’après vouloir redevenir un star. Il peut se voir comme le loser le plus pitoyable du monde et l’instant d’après se prendre pour quelqu’un de nettement supérieur aux autres, limite sauver de “l’humanité médiocre”, dont il faisait partie 30 secondes plus tôt. Ce genre de pensées, on les a tous plus ou moins eus à différents moments de nos vies.

Alejandro González Iñárritu met vraiment à nu ses personnages (bon, une seule fois, le reste du temps c’est vrai, ils sont en slip)   pour livrer ses réflexions sur l’être humain dans sa grandeur et son insignifiance.

combat en slip

Le seul bémol notable du film, on va l’aborder tout de suite, pour s’en débarrasser, pour se concentrer sur le reste, sa quasi perfection. C’est la fin du film, un peu redondante, qui déçoit un peu. Le réalisateur enchaine plusieurs séquences ” qui se répètent” fortement sur le fond. Une boucle certainement voulue et assumée, car en phase avec plusieurs thématiques abordées plus tôt,  mais qui crée une certaine redondance à mille lieux de l’énergie et du rythme du reste du film. c’est dommage.

Depuis quelques semaines, tout le monde ne parle que de la performance et de la résurrection de Michael Keaton, acteur au parcours très similaire à son personnage et aujourd’hui grand favori aux Oscars. Ce regain d’intérêt pour l’acteur est très amusant car totalement en phase avec plein de choses que dit le film. Surtout, cela éclipse le reste du casting qui est pourtant absolument irréprochable. Certes, Keaton est absolument génial et porte le film sur ses épaules par sa présence dans une très grande partie des scènes. Mais les autres acteurs crèvent l’écran eux aussi. Edward Norton illumine tout le première partie du film avant d’avoir un rôle plus secondaire, Naomi Watts est comme toujours parfaite, pendant que Zach Galifianakis, joue ,de façon très étonnante et très juste, le personnage le plus sobre du film. Emma Stone ,quand à elle, livre la meilleure performance de sa jeune carrière. Lors de ses scènes avec Edward Norton, elle rend celui-ci quasi-inexistant, même si on peut sentir que c’est une volonté, encore une fois, du réalisateur, de montrer les failles et les contradictions de ses personnages. On peut également penser que son discours à Michael Keaton va très vite entrer au panthéon des monologues les plus cultes de l’histoire du cinéma.

Emma Stone blonde

Se le jeu des acteurs et les situations font que plusieurs scènes ont le potentiel pour devenir cultes, c’est aussi grâce à la mise en scène. Le film est monté comme un unique plan séquence, ce qui offre la possibilité aux acteurs de se mettre en avant encore une fois, de se mettre à nu, de se livrer, sans coupures, sans contre-champs. Paradoxalement, cette caméra tout en mouvement a un coté très théâtral.

Cette mise en scène, les nombreuses mises en abyme, les jeux sur le réel et le fantasme s’entremêlent et donnent une cohérence et une puissance assez unique au film.

Ce serait une injure, un outrage, un blasphème, une grossièreté… que d’ignorer Birdman au moment de remettre les Oscars dans quelques semaines tant c’est un bel objet de cinéma, aussi ambitieux sur le fond que sur la forme. Je ne vois pas meilleur moyen de conclure cette critique que de citer celle de RollingStone : “Aucun véritable cinéphile n’oserait le manquer”.

Bande annonce VOST de Birdman

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