Critique du film d’animation : Les 108 Rois Démons

Les 108 Rois Démons, réalisé par Pascal Morelli est un film d’animation librement adapté du roman d’aventures, Shui-hu-Zhuan (Au bord de l’eau). Roman qui tire sa légende de Song Jiang, un personnage historique chef d’une rébellion sous le règne des Song. Les troupes de l’empereur mirent des années à le vaincre. Song Jiang et ses lieutenants devinrent très populaires et leurs exploits furent repris et enjolivés par la tradition orale chinoise.

Synopsis

Empire de Chine. XIIème siècle. Les Rois-Démons terrorisent tout le pays. Pour vaincre ces monstres, il faudrait avoir le courage de cent tigres, la force de mille buffles, la ruse d’autant de serpents… et une chance de pendu. Le jeune prince Duan n’a que ses illusions romanesques et de l’embonpoint. Zhang-le-Parfait n’a que son bâton de moine et tout un tas de proverbes incompréhensibles. La petite mendiante Pei Pei n’a que son bagoût et son grand appétit. Mais surtout, le prince Duan, le vieux moine et la petite mendiante ne savaient pas qu’il était impossible de vaincre les Rois-Démons. Alors ils l’ont fait !

Critique

La question que l’on peut se poser alors est la suivante : Comment rendre compte d’une ambiance et d’une époque bien précise, celle de la Chine du XIIème siècle ? Car là est peut-être le premier problème que rencontre Les 108 Rois Démons.

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En effet, puisqu’il s’agit ici d’une adaptation d’un roman traditionnel, peu importe que l’on s’adresse aux plus jeunes ou aux plus âgés, cela suppose de rester fidèle aux codes et aux coutumes bien particulières et propres à la Chine et à son patrimoine traditionnel et culturel. Dès les premières images, on tente donc d’introduire le spectateur dans un univers tant bien que mal exposé. Il est assez difficile de rentrer dans le film, où s’installe une ambiance poétique et contemplative inévitablement artificielle aussi parce que le  film est français. Il contient des longueurs inutiles qui mettent le spectateur un peu plus hors du film et qui l’empêche de s’identifier aux personnages et à vivre à travers eux les différentes aventures dont ils vont faire face. Personnages qui sont par ailleurs tous doublés par des acteurs français, ce qui ne facilite pas la tâche d’appropriation.

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D’autre part, il n’est pas évident de savoir à qui le film s’adresse. Est-ce aux adolescents, aux jeunes adultes, ou aux enfants ? Sa structure classique de conte ainsi que les problèmes qui y sont posés, se destinent aux plus jeunes, mais les quelques blagues présentes le sont moins et restent discutables. Par exemple lorsque le jeune empereur chute à deux reprises, sans se relever, pour avoir bu trop de saké. Au delà de la question de l’humour subjectif, cette blague peut poser problème pour le message qu’elle transmet aux enfants. Et là surgit l’impression d’être devenu une réactionnaire de soixante quinze ans, mais est-ce normal de voir plus loin ce même héros rouler un patin à la petite fille dont il est tombé amoureux ? Je n’ai pas étudié l’évolution du dessin animé et du film d’animation de ces dernières années, m’enfin quand même…

Cependant, le film respecte la première règle du conte (pour qu’il soit efficace sur un enfant et qu’il exerce un véritable écho en lui) qui est de ne pas placer l’intrigue dans un monde contemporain et/ou réaliste. Ainsi, l’enfant peut à sa guise, et sans qu’il s’en aperçoive surtout, explorer son inconscient et se concentrer sur les difficultés qu’il entrevoit ou qu’il ne comprend pas. Ainsi il pourra trouver de véritables réponses et solutions aux obstacles présents ou futur, comme la peur présente chez tous les enfants de quitter ses parents, de sortir du cocon familial et d’affronter la vie. Les 108 Rois Démons débute par ailleurs de cette manière : Le Maréchal Gao assassine l’empereur et son jeune fils Duan est placé sous la tutelle du traitre. Le fait que la figure parentale soit nocive mais de manière implicite, permet à l’enfant de ne pas s’identifier à la situation terrible du jeune empereur et héros Duan. Cette mise en place des rapports à l’adulte permet de ne pas perturber l’enfant-spectateur et de pouvoir le rassurer dans les étapes parfois difficiles de la vie qu’il va s’apprêter à  rencontrer. Les différentes aventures de Duan lui racontent alors qu’il est certes difficile de quitter son confort, sa maison, mais que même si le chemin est semé d’embûches, on en ressort plus fort et plus épanouit. Le film aborde donc certains problèmes que l’enfant rencontrera, mais n’en apporte pas de réelle solution : Vipère Jaune par exemple, jeune membre du « gang », est secrètement amoureuse de Face Blanche. Elle n’en fait rien et ce dernier tombe amoureux d’elle mystérieusement et lui déclare à la fin du film. La morale est-elle donc la suivante : Pas besoin de déclarer votre flamme, de prendre votre courage à deux mains mesdemoiselles, l’homme viendra à vous, il suffit d’attendre ?

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Pour conclure, malgré le challenge audacieux de l’adaptation d’un conte traditionnel, et le travail conséquent que représente le film d’animation, un spectateur adulte aura des difficultés à s’enthousiasmer devant Les 108 Rois Démons. Cependant, un enfant y trouvera peut-être son compte et appréciera cette aventure rocambolesque pleine de personnages courageux et hauts en couleur luttant contre le pouvoir en place en utilisant la ruse et les simples capacités qu’il possède. Ce qui est un beau message.

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