Critique La La Land de Damien Chazelle

C’est avec Grand Piano de Eugenio Mira (2013), mais surtout avec son chef-d’oeuvre sorti en 2014, Whiplash, que Damien Chazelle nous annonce son penchant pour la musique, et pas n’importe laquelle : le Jazz. Il ne nous prouve pas uniquement qu’il est un grand amoureux de la musique, mais aussi qu’il maîtrise de manière catégorique le septième art.

Synopsis

Los Angeles. Mia, une actrice en devenir ne cesse de tomber par hasard sur Sebastian, un musicien passionné de Jazz. C’est l’histoire de leur rencontre, de la poursuite de leurs rêves dans une ville fausse, cruelle et mangeuse de rêves.

Dans une Los Angeles des temps modernes, cette comédie musicale explore un questionnement récurrent : vivre avec l’amour de sa vie ou sous le feu des projecteurs.

 

Critique

Ce qui est assez particulier avec La La Land, c’est qu’il ressuscite le genre de la comédie musicale à l’aube d’un XXIème, où cette mouvance est clairement dépassée. Bien sûr, il y a toujours les nostalgiques et les groupies du genre qui valorisent de manière gratuite et pas forcement construite la hauteur du film. Il ne suffit pas de dire : “Cela fait bien longtemps que nous n’avons pas vu de comédie musicale, cela nous avait bien manqué” pour que cela légitime le succès du film.

N’étant pas du tout fervente de comédies musicales, je pense pouvoir offrir un jugement assez reculé pour expliquer en quoi La La Land n’en est pas nécessairement une mauvaise.

Des La La, mais pas trop finalement

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L’une des choses qui m’a rendue vraiment dubitative sur le film (au point de me demander si je ne devais pas quitter la salle) fut la toute première scène. En effet, le film s’ouvre sur un embouteillage dans une Los Angeles lumineuse et torride. Mais c’est plus à un embouteillage musical auquel nous avions affaire. Une introduction à une première chanson bien trop excessive et exubérante. Beaucoup trop de paillettes et de frou-frou, des acrobaties de tous les côtés, des saltos, des inconnus qui se tiennent la main,…bref, une scène terriblement longue et fastidieuse à suivre qui sert littéralement à expliquer en quoi les embouteillages, c’est embêtant ! Cette première scène refroidit quelque peu les éloignés du genre.

Et pourtant, il n’est pas question dans le film, uniquement de cela. Il me semble bien que cette introduction au film fut la plus redondante mais le film n’abuse pas d’une extravagance récurrente. Il ne s’agissait pas, pour Damien Chazelle de nous offrir uniquement du show et du bling bling à souhait. Bien que le film en dispose quelques fois, il est tourné de manière assez poétique, ce qui est une reconfiguration plutôt anodine du genre finalement.

Une mise en scène et une direction artistique maîtrisées

L’un des grands atouts du film réside dans le travail de mise en scène et de direction des plans. Une aura poétique se dégage tout le long du film. Ce mélange de styles, à la fois rétro et moderne, participe fondamentalement au renouveau et à la retranscription du genre.

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D’autre part, Damien Chazelle maîtrise sa caméra et cela se sent. Des chorégraphies pas toujours faciles à suivre sont l’exemple type de cette prouesse technique. Ici encore; étant donné le genre du film, il s’agit réellement d’un renouveau de cinéma qui consisterait presque à accrocher la caméra dans le dos des danseurs. Bien que cela ait son effet, la caméra est cependant parfois trop en mouvement et donne le tournis.

Concernant le thème musical, nous n’en retenons réellement qu’un seul : le principal “City Of Stars” qui fait de l’ombre à toutes les autres chansons du film. Il faut dire que ce thème est incroyablement répété tout au long du film, entre le moment où il est chanté, murmuré, susurré ou instrumentalisé ; nous l’entendons sous toutes ses couleurs ! Cela pourrait paraître redondant, mais non finalement, justement parce Chazelle exploite le titre par le biais de différentes compositions musicales.

Étonnamment, Ryan Gosling et Emma Stone ne sont pas les pires chanteurs au monde. Bien sûr, ils ont été longuement préparés au chant et ont reçu des cours de danse et de chant intensifs, mais force est d’admettre que malgré ce travail technique et carré, ils ont su y mettre chacun leur touches artistiques personnelles.

Du déjà-vu scénaristique, mais est-ce un problème ?

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Le film s’inspire de toutes les comédies romantiques, saupoudré de toutes les comédies musicales, sans pourtant ressembler à aucune. L’histoire de l’actrice perdue, naïve, rêveuse et du musicien ironique, réaliste et désillusionné, nous la connaissons. Seulement, c’est ce déjà-vu scénaristique “qui fait du bien” qui sauve et accompagne la direction artistique, qui, bien que réussie, n’aurait pas été suffisante à elle toute seule.

C’est souvent cette notion de nostalgie qui est accentuée et magnifiée dans le film. Une “nostalgie inédite” finalement car La La Land est bien trop différente de celle que nous connaissons.

Finalement, je trouve que les avis, les publicités, les Golden Globes et les nostalgiques ont plus décrédibilisé le film que rehaussé. Le film est travaillé, à plusieurs niveaux, il n’y a aucun doute, mais je ne pense pas que l’on puisse dire qu’il s’agisse de “Grand Cinéma” comme je l’ai beaucoup entendu. Une chose importante et risquée avec La la land: il faut tout de même apprécier les comédies musicales !

Voici la bande-annonce du film qui le 25 janvier dans nos salles françaises:

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2 commentaires
  1. Bon je suis soulagee de voir que jene suis pas la seule a trouver ce film pas mal mais moi aussi je trouve qu’il ne merite pas tous ces éloges….a voir dans mon blog ci-dessous si mon point de vue dessus vous interesse!

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