Critique Pain & Gain (No Pain No Gain) de Michael Bay

Pain & gain poster

Ses sept derniers films ont tous couté plus de 100 millions de dollars. Ses films ont rapporté quasiment 2 milliards de dollars rien qu’au box-office US, et près de 5 milliards dans le monde. Il a donné un nouveau souffle au cinéma d’action avec sa saga Transformers. Michael Bay est un réalisateur visionnaire, pourtant souvent décrié. Pour son dernier film, Pain And Gain (No Pain No Gain en France), il prend un virage en apparence radical : Un “petit” budget de 25 millions de dollars et une histoire vraie.

Synopsis
Basé sur une histoire vraie et inspiré d’articles de presse parus dans le Miami New Times, Pain and gain suit les aventures criminelles du “Sun Gym gang”. Composé de bodybuilders dopés aux anabolisants, le gang s’est rendu célèbre entre décembre 1999 et janvier 2000 par ses multiples vols, enlèvements et meurtres.

Il y a, au sujet de Michael Bay, une mauvaise foi absolument incroyable de la part de nombreux critiques, aux États-Unis et surtout en France. Du coup, cela fait un sacré moment que l’on défend le bougre sur Oblikon (je vous conseille de relire cet article sur Tranformers 2). Prenons l’exemple de Battleship de Peter Berg. C’est quand même ce qui se fait de pire en terme d’action portée par un scénario, des acteurs et des situations affligeantes. Les inrocks parle pourtant “d’une parade militaire géante filmée avec une frénésie mi-lyrique, mi-parodique. Pour les amateurs, un régal”. Le film a des moments drôles, mais ce n’est que trop rarement du second degré, c’est avant tout de la caricature à l’extrême et ça se prend plus au sérieux qu’il n’y parait. L’armée du film y est quand même bien glorifiée et les valeurs transmises sont plus que douteuses.

Michael Bay, si on ne peut nier son amour pour son pays et un certain patriotisme, n’en est pas pour autant un serviteur benêt. Que ce soit dans Armageddon et la saga Tranformers, il se moque continuellement des américains moyens et de leur rêve américain. Il se permet même une certaine méfiance vis à vis de l’armée, simple second rôle, et du gouvernement, souvent manipulateur et toujours mensonger. Si ces aspects étaient des éléments secondaires dans ses précédents films, avant tout des blockbusters familiaux, ils sont au cœur de Pain And Gain.

The rock en colère

En faisant le choix d’un plus petit projet, Michael Bay peut développer de façon plus aboutie les sujets qui l’intéressent depuis des années et qu’on retrouve dans quasiment chacun de ses films. Les trois personnages principaux sont donc des américains (très) moyens qui deviennent des gangsters pour décrocher le rêve américain. Daniel Lugo (incarné par Mark Whalberg) est pourtant un mec qui connait un certain succès. Il semble bien gagner sa vie en faisant ce qui lui plait. Mais ça ne lui suffit pas, il veut toujours plus et est prêt à tout pour cela. Il fera équipe avec Adrian (Anthony Mackie) et le pas très malin Doyle (Dwayne Johnson, enfin acteur, à mourir de rire).

Pour ceux qui ont vu la bande annonce, la première partie du film est dans cet esprit : C’est flashy, c’est dynamique, c’est con et c’est jouissif. En gros, Michael Bay qui fait une comédie. La deuxième partie du film garde cet esprit mais vire peu à peu dans une ambiance plus noire, façon frères Coen. Le réalisateur se désolidarise complètement de ses personnages qui vont beaucoup trop loin et prend de la distance. Le personnage d’Ed Du Bois est ainsi porteur de la vision du cinéaste. Celui-ci mène une vie plus tranquille, en phase avec les valeurs de l’Amérique. Mais il a un regard lucide sur le monde qui l’entoure et surtout, quelque chose qui le démange et le pousse, lui aussi, à vouloir un peu plus que ce qu’il a, à sa façon.

Le pire dans tout cela, c’est que bon nombres de critiques sont aujourd’hui d’accord avec nous sur la qualité du film. Mais ils parlent de très bonne surprise, de changement radical… ce qui n’est pas vraiment le cas. On a le droit à du pur Michael Bay dans le propos. Sauf que cette fois, le propos prend le dessus sur l’action virtuose.

Michael Bay, avec Pain And Gain, nous offre donc une sociocritique sous acides, plutôt à ranger du coté du trash Springbreakers que du creux The Bling Ring (lui aussi inspiré d’articles de magazines et d’une histoire vraie). Il utilise une humour régressif à la Don Quichotte pour nous donner une leçon de morale pas si éloignée de celle de Voltaire à la fin de son Candide.

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