#EtrangeFestival2017 Critique : I AM NOT A WITCH de Rungano Nyoni

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Et je continue ce petit tour du monde de l’Etrange avec un film (in)directement venu de Zambie. I AM NOT A WITCH a beau montrer pavillon franco-germano-britannique, la réalisatrice n’en reste pas moins zambienne !

Se plongeant dans un quotidien africain teinté de traditions et de superstitions, Rungano Nyoni propose un film original et touchant.

Synopsis

Shula, 9 ans, est accusée de sorcellerie par les habitants de son village et envoyée dans un camp de sorcières. Entourée de femmes bienveillantes, condamnées comme elle par la superstition des hommes, la fillette se croit frappée d’un sortilège : si elle s’enfuit, elle sera maudite et se transformera en chèvre… Mais la petite Shula préfèrera-t-elle vivre prisonnière comme une sorcière ou libre comme une chèvre ?

Derrière l’imagination de Runagano Nyoni, se cache une critique acerbe

Vendu comme une comédie dramatique, I AM NOT A WITCH n’a finalement pas grand chose de très marrant. Si certaines situations et surtout dialogues sont effectivement drôles, le propos ne l’est pas vraiment. D’ailleurs, ces situations que l’on pourrait qualifier de loufoques, voire de farces peuvent ne pas l’être en réalité en Afrique.

Derrière les belles images et cette histoire de sorcière parfois comique, la réalisatrice semble montrer une et dénoncer une forme de violence faite aux femmes dans son pays natal. La force de la tradition, le pouvoir des superstitions et des croyances locales a forcément un poids. Je sais de quoi je parle pour avoir passé quelques semaines en Afrique de l’ouest. Les images que j’ai vu au cinéma ont souvent fait écho à mes souvenirs de situations vécues. L’homme politique important abusant de sa position, les femmes en fort retrait de la société, la double diplomatie Etat-Royaume, les enfants abandonnés, la rupture entre pauvres et riches, les touristes idiots…

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Ne vous méprenez pas, je ne juge pas et loin de moi l’idée de partir dans un ethnocentrisme sauvage, mais se serait mentir que de dire que je découvre ces situations au cinéma. En un sens, Rungano Nyoni nous montre le poids de la culture dans son pays natal. Car si la sorcellerie telle qu’elle est montrée n’existe peut être pas, les croyances animistes sont une réalité. Le folklore observé dans le film renforce ce propos en montrant que les sorcières ne sont pas les seules : un guérisseur homme est lui accepté dans la société…

Un beau film

Si le rythme du film est très lent, il est aussi “africain”. En général, il ne faut pas être pressé en Afrique (en tout cas au Bénin et à Madagascar…). La caméra se pose parfois très longuement pour faire découvrir un paysage peuplé de femmes travailleuses dans un milieu aride. La réalisation est classique même si chaque plan est étudié avec soin, chaque mouvement calibré au millimètre.

Pour montrer quoi ? De jolies trouvailles visuelles ! Les sorcières attachées à des rubans de plusieurs dizaines de mètres donne l’occasion de mettre en scène de très beaux tableaux. Jouant sur les couleurs ocres et brûlées de la terre, les femmes en bleu et blanc, avec leur longue chaîne de tissu, sont magnifiques. S’il est un aspect du film qu’il est difficile de critiquer, c’est bien son esthétique.

Et puis sur le fond, on ne peut que donner raison aux idées que semble porter la réalisatrice ! Les sorcières ne sont qu’un prétexte… et aussi l’occasion de faire un beau film dramatique très original !

Encore un film qui mérite d’être montrer à un public plus large, car il est tout à fait accessible. Pour preuve, il était présenté à la Quinzaine des Réalisateur 2017.

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