Her : analyse du film de Spike Jonze

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A la manière d’un Wes Anderson, Spike Jonze est un réalisateur qui aime nous raconter des histoires. Plus ou moins réelles, plus ou moins fantastique, il arrive toujours à nous transporter dans son monde comme dans Adaptation, ou son célèbre Dans la peau de John Malkovich. Sauf que contrairement à ces deux films où le scénario était laissé au génial Charlie Kaufman (Eternal Sunshine, ça vous rappelle quelque chose ?), dans Her (tout comme dans Max et les Maximonstres), c’est Spike Jonze himself qui s’y colle. Mais ici, pas de livre sur lequel on peut s’appuyer (Max… était l’adaptation d’un livre pour enfant).

Donc prise de risque maximale pour Jonze, visiblement réussie car le film a remporté l’Oscar du meilleur scénario original (et était nominé pour le meilleur film).

Synopsis

Dans un futur proche, à Los Angeles, Theodore travaille pour un site web comme écrivain public, rédigeant des lettres de toutes sortes — familiales, amoureuses, etc. — pour d’autres. Son épouse Catherine et lui ont rompu depuis plusieurs mois lorsqu’il installe un nouveau système d’exploitation, auquel il donne une voix féminine. Cette dernière, une véritable intelligence artificielle, se choisit le prénom Samantha. Elle et lui tombent amoureux.

Critique

La première chose qui frappe avec Her, c’est son réalisme apparent. Un peu à la manière d’un Bienvenue à Gattaca, il est impossible de ne pas se dire « cela peut arriver ». Ce futur très proche, où finalement les hommes n’ont plus d’interactions entre eux qu’au travers d’une intelligence artificielle. Remplacez le Smartphone qui vous gâche vos soirées entre amis (vous savez, ce moment où le silence règne à table car il est plus urgent pour tout le monde de converser avec d’autres en ligne qu’avec ceux autour de la table) par une oreillette intelligente, et vous avez la base de Her.

her_joaquin_phoenixHer, c’est OS 1, premier système d’exploitation (un peu comme Windows ou iOS pour les néophytes) capable d’adaptation et d’apprentissage. Her, c’est un ordinateur qui va choisir lui-même son prénom (en l’occurrence Samantha). Her, c’est un Skynet (ou un Cylon) qui ne vous veut pas de mal, et qui a la voix de Scarlett Johansson. Her n’a pas de corps, mais un esprit, et c’est bien là le problème. Her, c’est la personne (enfin le programme) qui vous écoutes, avec qui vous allez partager, rire et aimer.

Sauf que Her n’existe pas.

C’est le vrai problème que rencontre Theodore Twombley, lui-même acteur de ce monde où il n’y a que des intermédiaires. Il en est d’ailleurs un : son métier est d’écrire des lettres pour les autres au travers d’un site vous proposant d’écrire avec une écriture manuelle des lettres personnalisées.

Pas étonnant alors que dans Her, des couples ne se soient jamais réellement écrit une seule lettre d’amour (l’intégralité de leurs échanges ayant été dictés par Theodore) que l’on puisse tomber amoureux d’un ordinateur.

C’est un souci pour Theodore, en pleine dépression suite à sa rupture avec Catherine (une Rooney Mara toujours aussi vivante). La perte des contacts humains, la difficulté de se retrouver face à face avec quelqu’un (fut-elle Olivia Wilde) fait qu’il est plus simple de vivre son idylle avec OS 1, avec Her.

La vie trouble, et la dépression de Theodore trouve une incarnation parfaite dans le jeu d’un Joaquin Phoenix (Walk The Line, Two Lovers, Le Village, La Nuit nous appartient, The Immigrant). Toujours juste, il sait être poignant, offrant des scènes vraiment touchantes et puissantes.

her_joaquin_phoenix_amy_adamsAvec une amie comme Amy Adams (Fighter, Man of Steel, American Bluff) sensible et une ex-femme en la personne de Rooney Mara (Millenium, The Social Network, Les Amants du Texas), le casting est parfait, chacun jouant son rôle à la perfection. Et est-il nécessaire de parler de Scarlett Johansson ? Même si nous sommes des grands fans d’elle chez Oblikon, il faut bien admettre que rien que ça voix nous fait craquer dans le film…si si, on peut comprendre Theodore d’en tomber amoureux, qui ne le serait pas ?

Le film n’est cependant pas parfait, et si Spike Jonze est un brillant conteur, il a ses quelques faiblesses dans le rythme du film. Sur les 2h du film, 20 minutes sont aisément dispensables, ne faisant que tourner en rond par rapport à une première heure qui était vraiment parfaite. On sent que Spike Jonze avait du mal à finir cette histoire, aussi belle fût-elle.

Mais nous lui pardonnons, le film apportant une réelle nouveauté, tout en étant finalement pas si éloigné de notre réalité que ça. La cohérence globale du scénario est aussi impressionnante, où finalement, les intermédiaires dans les relations sont telles que certains sont même prêts à offrir leurs corps à un amour entre un ordinateur et un être humain !

Her est donc un vrai OVNI qui, à la manière d’un Bienvenue à Gattaca, saura faire réfléchir sur le monde qui nous entoure. Et si le vrai danger n’était pas que les ordinateurs veulent nous tuer (tel Skynet ou les Cylon), mais puissent nous aimer ?

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1 commentaire
  1. Alors c’est marrant, je trouve également que le film manque de rythme par moments, mais ce serait plutôt au milieu, et pas du tout vers la fin, que je trouve très réussie car elle évite toutes les facilités que l’on pouvait imaginer, jusqu’au bout.

    Je te rejoins aussi sur l’interprétation, le casting est exceptionnel, et franchement, Joaquim Phoenix est quand même vraiment un acteur exceptionnel !

    Si je devais noter le film, ce serait clairement un 5/5, pour sa créativité, se belle photo (quoique très “publicitaire”), son interprétation mais surtout, surtout, parce que cela fait longtemps que je n’avais pas vu un film aussi stimulant intellectuellement.

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