Religions à l’écran du 24 mai au 20 juin à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

cycle_religions_pathe_fondation

Ce n’est pas un miracle. La fondation Jérôme Seydoux-Pathé (73, avenue des Gobelins, 75013 Paris) propose du 24 mai au 20 juin un cycle intitulé Religions à l’écran et qui fait la part belle à  la figure animée de Jésus, super-star sans rival, comme sortie des livres d’images offerts aux enfants avant le succès grandissant de la bande dessinée. Le méchant, l’anti-héros Judas, guette dans l’ombre. L’Ancien Testament est bien sûr réinterprété à la lumière du Nouveau mais Moïse suit de près Jésus-Christ dans le panthéon des vedettes. Et le passage de la Mer Rouge vaut bien la Résurrection pour les producteurs avisés.

Les premières représentations de la Passion sont contemporaines des premiers films. Cet importance du sujet religieux dans le cinéma primitif, dès la fin du 19ème siècle, ne se démentira pas dans les vingts premières années du 20ème siècle, avec la popularité grandissante du péplum. Environ 120 films à thème biblique sont produits en Europe et en Amérique au temps du muet. Les années vingt, dont on verra ici quelques pépites, sont moins fécondes mais les exigences du marché conduisent à la surenchère par les gros budgets. Tandis que l’influence européenne – d’abord prédominante avec principalement la France, l’Italie et l’Allemagne – s’estompe, l’Amérique impose sa suprématie inévitable après la Grande Guerre, comme le reconnaît Charles Pathé (1853-1957) dans ses mémoires. Ben Hur en 1925 est un succès phénoménal. Mais les ambitions françaises ne sont pas éteintes, comme le montrent Salammbo (1924) et le Juif Errant (1926).

cycle_religions_pathe_fondation

Ce cycle Religions à l’écran permettra surtout de réaliser à quel point le spectacle cinématographique se modifie en quelques années. Les premières bandes, bien que d’une longueur parfois exceptionnelle pour des primitifs, comme La Naissance, la vie et la mort du Christ signé Alice Guy en 1906 et qui dépasse la demi-heure,  sont une succession de vignettes édifiantes. Les étapes de la vie et de la Passion du Christ sont illustrées par des tableaux vivants proches de la lanterne magique dont la valeur éducative est reconnue par l’Eglise. Les techniques de la surimpression permettent de faire apparaître Moïse et Elie aux côtés de Jésus. Les influences croisées de la peinture néo-classique et orientalisante du 19ème siècle, de la tragédie biblique inspirée de Racine et de l’illustration biblique (Doré, Tissot) tirent en arrière le cinéma naissant, vers le siècle précédent. Mais alors que  le goût du spectacle l’emporte, et pas seulement en Amérique mais aussi  et d’abord en Italie, les récits bibliques ou celui de la Passion deviennent prétextes à des débauches de costumes, des scènes de foules et des décors extravagants. Curieusement, l’architecture scénique est à ce point monumentale qu’elle peut paralyser le cinéaste qui néglige le découpage et se contente d’enregistrer en plans fixes des reconstitutions aux allures théâtrales, comme dans Le Sac de Rome (1920).  De nombreux plans osés pour l’époque montrent à l’occasion des scènes orgiaques. En plus de l’aspect jugé scandaleux, les scènes de destructions anticipent le genre catastrophe. Nous avons abandonné l’imagerie pieuse des premières bandes pour des images parfois racoleuses.

Salammbo (1924) est la seconde adaptation du roman de Flaubert, plus fidèle que la première, une production italienne de 1914. Unique péplum des années 20 de la production française, le film bénéficie d’une avant-première à l’Opéra de Paris, comme ce fut le cas pour Le Miracle des loups de Raymond Bernard. A la fois réalisateur, scénariste et décorateur, Pierre Marodon veut satisfaire le producteur Louis Aubert pour conquérir le marché américain. Mais le film est un échec public en France même, qui donnera la préférence à des héroïnes moins exotiques, comme la Jeanne d’Arc de Dreyer en 1928. Salammbo est une vierge prêtresse de Tânit et le mercenaire Mâtho qui tombe amoureux d’elle vole le voile sacré dans le sanctuaire de la déesse lunaire.

Le Juif errant (1926) est un cinéroman en cinq parties qui adapte le roman-feuilleton de Eugène Sue. Le prologue présente la partie antique de l’histoire et les origines de la légende: Ponce Pilate livre le Christ à ses bourreaux et un Juif insulte le Fils de Dieu sur son chemin de croix. L’anglais Maurice Elvey qui avait tourné The Wandering Jew en 1923, signe un remake sonore en 1933 avec Conrad Veidt. Tandis qu’une version italienne, actualisant l’histoire dans le contexte de l’après-guerre, L’ebreo errante, sortira en 1948.

Dans ce cycle, judaïsme et islam sont évoqués respectivement par Baruch (1924) avec Henny Porten et L’Agonie de Byzance (1913) mais davantage, pour le second, dans son aspect historique. A l’exception du Feuillade, il ne semble pas que la fin l’Empire Romain d’Orient ait inspiré beaucoup le cinéma, à l’exception de la Turquie avec Fetih (conquête) 1453, film qui fit polémique en 2012, suite à son interdiction de sortie en salles au Liban.

Infos pratiques : Cycle Religions à l’écran

Du 24 Mai au 20 Juin 2017

A la Fondation Jérôme Seydoux Pathé

73, avenue des Gobelins 75013 Paris

Métros : Place d’Italie, Lignes 5, 6, 7 ou station Les Gobelins, Ligne 7

Total
0
Partages
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Article précédent
D'après une histoire vraie

#Cannes2017 D’après une histoire vraie : Critique du film de Roman Polanski

Article suivant

Take Shelter : Explications de la fin du film

Articles sur le même sujet