Une des forces du cinéma américain est de savoir pointer les faiblesses de son propre pays, et de les présenter, voire de les exorciser au moyen d’une caméra. On peut citer par exemple les plus célèbres que furent Full Metal Jacket et Apocalypse Now qui ont su mettre en scène la guerre du Viêt-Nam avec un brio jamais vu auparavant. Camp X-Ray s’attaque à une autre faiblesse actuelle de l’Amérique, sa lutte aveugle contre le terrorisme, et en particulier, la prison de Guantanamo Bay…
Synopsis
Une jeune femme s’engage dans l’armée afin de rompre avec ses racines rurales et s’ouvrir à de nouveaux horizons. Mais, à son corps défendant, elle se retrouve à Guantanamo Bay pour y surveiller les prisonniers djihadistes, et partager son quotidien avec d’autres soldats de son équipe tout aussi agressifs. Elle va alors entamer une relation particulière avec l’un des détenus…
Critique
Le rythme du film est lent, tout comme la vie sur la base. La routine quotidienne est installée depuis maintenant 8 ans que la prison est ouverte, et les militaires font toujours les mêmes gestes, toujours les mêmes procédures de surveillance des détenus. Et c’est de cette routine que nous parle Camp X-Ray, routine finalement assez identique pour les détenus que les matons. Cette routine sage par le rythme et violente par les actes, qui a pour but de surveiller des détenus plus dangereux depuis longtemps, détenus (et non pas prisonniers) ayant perdu tout contacts avec le monde depuis maintenant près d’une décennie.
Puissant par le message, Camp X-Ray arrive à être aussi touchant par une bonne interprétation de Kristen Stewart (qui l’eut cru ?) et un Peyman Moaadi exemplaire dans le rôle du détenu conscient de sa situation, qui a perdu sa vie mais n’a pas le droit de mourir.
Si l’on est certainement pas au niveau d’un Full Metal Jacket, Camp X-Ray nous rappelle une fois de plus que l’Amérique (et le cinéma américain en particulier) sait appuyer où ça fait mal et ne se voile pas la face sur ses erreurs. En tout cas, sur le post 9/11, c’est certainement à ce jour le film le plus réussi.