Alors que la palme d’or d’Abdelatif Kechiche, la Vie d’Adèle est sur toutes les lèvres, l’envie m’a pris d’aller fouiner et découvrir la BD à l’origine de ce film. Le bleu est une couleur chaude est une bande dessinée des années 2000, contant l’amour entre Clémentine et Emma, par-delà les années.
Synopsis
« Mon ange de bleu, Bleu du ciel, Bleu des rivières, Source de vie… » La vie de Clémentine bascule le jour où elle rencontre Emma, une jeune fille aux cheveux bleus, qui lui fait découvrir toutes les facettes du désir. Elle lui permettra d’affronter enfin le regard des autres. Un récit tendre et sensible.
Critique
Autant me présenter dès le début, je suis très bon public en terme de bandes dessinées. Je suis bien plus critique sur les comics que sur la bande dessinée « franco-belge », et j’avoue avoir eu de grands coups de cœur pour des œuvres comme Central Park, une Nuit à Rome ou, en dehors de l’école franco-belge, pour Blankets de Craig Thomson qui restera pour moi une œuvre vraiment marquante.
C’est donc avec une certaine hâte que j’ai découvert le bleu est une couleur chaude, m’attendant à un moment de BD prenant, du genre qui vous donne envie de l’adapter au cinéma dès la première lecture.
Une fois le dessin analysé, attaquons maintenant le scénario… et c’est là que le bât blesse. Le thème de l’histoire est certes finalement assez classique : un coup de foudre qui se transforme en amour fort mais presque impossible, et qui évolue au fil des années. Avec cela, on a fait quelques chef d’œuvres, retirez la dernière partie de la phrase, et on est chez Shakespeare, excusez du peu. C’est donc une histoire classique, mais plutôt mal amenée. Le coup de foudre est décrit de manière assez grossière et on perçoit un côté poussif à l’histoire pendant les ¾ du livre. On arrive à s’attarder sur les personnages sans finalement jamais creuser leur personnalité. En dehors d’Emma et Clémentine, et éventuellement Valentin, tous les autres personnages sont relégués au 4e plan et n’apportent que peu à l’histoire. En contrepartie, on pourrait se dire que la psychologie de nos trois compères serait alors bien travaillée…mais il n’en est rien !
Beaucoup d’atermoiements, de questions « d’ados » sans grande envergure. On se retrouve finalement avec une histoire banale, traitée de manière encore plus banale (là où un Craig Thompson fait d’une histoire banale un vrai moment de poésie par exemple). Non, là, certains passages sont traités comme le téléfilm larmoyant du dimanche après-midi sur France 3. On a parfois l’impression avec le bleu est une couleur chaude d’être devant un drame français, dans tous ses stéréotypes sociaux possibles, en bande dessinée.
On me rétorquera que le bleu est une couleur chaude a le mérite de traiter du sujet important de l’amour entre personnes du même sexe, ainsi que des difficultés rencontrées dans la vie pour ces dernières (l’exclusion de la famille, le refus de reconnaissance du corps médical…). C’est vrai et on ne peut pas lui retirer cela. En même temps, cela ne suffit pas pour faire un bon roman graphique. Si ce dernier ne respire pas, ne transmet pas d’émotions, cette tentative est vaine. Un peu comme quand ces thèmes sont abordés par « Plus belle la vie ». C’est bien d’en parler, mais finalement, cela changera-t’il quelque chose ? Non, la BD restera sans saveur, et on aura l’impression d’avoir perdu notre temps.
Bref, rien qui ne me donne envie d’aller jusqu’à la salle obscure la plus proche pour voir son adaptation…non finalement non, j’irai plutôt voir Au bonheur des ogres. Je serai peut-être déçu par l’adaptation, mais au moins le matériau de base était réussi…lui.