Critique d’ “Un homme charmant” d’Ariel Rotter

un homme charmant

L’Argentin Ariel Rotter nous propose ici un film tenant à pas grand-chose et provoquant pourtant un suspense dingue. Cependant, malgré ses qualités, il n’exploite pas pleinement le potentiel de son scénario.

Synopsis

Quelques semaines après l’accident qui a coûté la vie à son frère et à son mari, Luisa revient peu à peu à la réalité. Un soir, elle fait la connaissance d’Ernesto, qui tombe aussitôt amoureux d’elle. Soucieuse d’offrir un cadre de vie sécurisant à ses deux petites filles, mais encore en plein deuil, Luisa ne sait comment gérer les avances de cet homme à la fois troublant et séduisant. Mais Ernesto est un homme pressé. Il est prêt à s’engager. Il parle déjà d’avenir. D’abord prévenant, il devient vite insistant, envahissant, étouffant. Dans le Buenos Aires des années 60, il n’est pas facile pour une femme de prendre le temps d’aimer à nouveau.

Critique

Construit comme un thriller, Un homme charmant s’avère finalement déceptif, s’amusant à brouiller les pistes et à jouer avec les attentes du spectateur. On s’attend que l'”homme charmant” du titre francais (en espagnol “la lumière incidente”) se mue en dangereux psychopathe, et, pourtant, il n’en est rien.

Très long, lent, le film d’Ariel Rotter fait cependant la prouesse d’arriver à nous intéresser, voire à nous tenir en haleine avec trois fois rien. Une sorte d’envoûtement opère, presque magiquement.

Gloire soit rendue à l’image caressante en noir et blanc de Guillermo Nieto. L’utilisation du noir et blanc est ici vraiment judicieuse et ne peut être qualifiée de simple afféterie ou de tic précieux. En effet la présence dominante du noir rappelle le double deuil, encore très récent, que porte Luisa sur ses frêles épaules.

Enfin, les acteurs savent eux aussi tirer leur épingle du jeu : Erica Rivas, que l’on avait pu découvrir en mariée en plein pétage de plombs jouissif dans Les Nouveaux Sauvages, est ici une belle et triste veuve. Marcelo Subiotto se révèle tour à tour sympathique et lourd, parfois inquiétant.

Néanmoins le film pèche à notre goût par son scénario, pas assez riche en rebondissements, pas assez surprenant. Dommage, car il avait du potentiel.

Par Matthias Turcaud

Après des études en littérature, en cinéma et en allemand, Matthias se destine au journalisme culturel. Après avoir notamment collaboré à La Marseillaise, Sortie d'Usine ou encore Toute La Culture, il débarque sur Oblikon. Ses films de chevet ? Les enfants du paradis, In the mood for love et Chantons sous la pluie ! Matthias est également comédien.

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