Lettre à Tim Burton, président du jury

Tim Burton

Tim,

J’ai grandi avec tes films, ta passion pour la fantastique, ta poésie, ta nostalgie et ton humour. Tous ces éléments m’ont accompagné, m’ont fait rêver durant toute mon enfance. Tu m’as appris tellement de choses avec tes films, tu m’as tellement apporté que tu étais le seul réalisateur qui comptait. Tu étais différent des autres, the one.

Avec Edward aux mains d’argent tu m’as fait prendre conscience des défauts de notre société Desperate Housewives. Tu m’as surtout appris à aimer en me faisant découvrir Winona Ryder, actrice sensationnelle et stéréotype de la femme de mes rêves. Avec Beettlejuice, tu m’as montré que les délires et la folie n’étaient pas forcément de vilains défauts mais devaient faire partie de notre vie. Avec Batman le défi tu m’as aussi appris à aimer « les monstres », ceux qui sont différents. Lorsque j’ai découvert ton Ed Wood, j’étais jeune adulte, ce fut une révélation. Je devais être moi-même, assumer qui j’étais et croire en moi si je souhaitais m’épanouir.

Depuis plus de dix ans, tu m’as montré que l’on changeait lorsque l’on devenait adulte. Brillamment, tout d’abord, dans Big Fish, tu m’as montré que l’on pouvait trouver sa place dans la société, l’american way of life, tout en conservant sa folie. Tu me l’as moins brillamment montré avec tes autres films. Tu as changé. La société t’a accepté, elle t’a même reconnu et toi aussi tu as accepté la société, tout en conservant ta folie. Elle est toujours présente dans tes films mais c’est une folie douce. Tu te moques toujours de notre société mais tu ne la rejette plus, ne la condamne plus. Tes personnages ne sont plus des incompris, des malheureux, mais avant tout des inadaptés qui ne savent pas grandir.

Je respecte ton choix, mais je n’ai plus aucune passion pour toi. Peut être un jour, j’aurais grandi, j’aurais des enfants et je souhaiterais leur faire voir des films un peu loufoques, créatifs mais accessibles. Peut être ce jour là je vanterais ton grand talent.

Aujourd’hui, tu es président du jury du festival de Cannes, tu le mérites forcément. J’espère que tu te rappelleras qui tu étais à tes débuts et que tu oseras récompenser un incompris, un « différent » comme tu l’étais si bien à tes débuts.

Chrispopof

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