La mort de Morpheus – anatomie d’un sacrifice programmé
Le poids du sang familial
Revenons sur ce moment charnière de la fin de la première partie de la saison : la mort d’Orphée. En accédant à la demande de son fils de mettre fin à ses souffrances, Morpheus savait parfaitement qu’il signait son arrêt de mort. En effet, et la saison 1 nous l’avait appris, les lois des Eternels sont claires. Il est interdit de verser le sang familial. Le faire revient à appeller les Bienveillantes (aussi appelées les Parques ou Furies) qui veillent à l’équilibre universel. Ces dernières châtieront de mort celui qui a fait couler le sang familial.
Cependant, là où dans la première saison Morpheus a faillit involontairement faire couler le sang familial suite à la manipulation de Désir, ici Morpheus ne tue pas son fils par une quelconque manipulation ou autre accès de colère ou négligence. Il accomplit ici un acte de miséricorde, mettant fin aux souffrances d’Orphée réduit à une tête sans corps depuis des millénaires. Par cette action il montre que son séjour chez les humains d’un siècle (qui initie l’histoire dans la saison 1 l’a changé. D’un être froid et sans émotions, il présente ici une forme d’amour paternel, à la fois tragique et authentique. Jamais le Morpheus « d’avant » n’aurait eu cette « faiblesse ».
L’acceptation du Destin
Le plus fascinant l’approche de Morpheus face à sa mort attendue est son acceptation progressive. On le voit, d’abord il tente de se terrer dans son royaume (où il est protégé des actions des Bienveillantes), puis la possibilité d’autres destins que lui annonce Delirium lui fait esquisser pour la première fois un sourire. Cependant, il comprend vite qu’il n’y a qu’une seule destinée : sa mort. Ainsi, quand les Bienveillantes, utilisant Lyta Hall comme avatar de leur vengeance, arrivent dans le rêve, Dream aurait pu se battre (Nuala n’attendait d’ailleurs que ça). Au lieu de cela, il choisit de convoquer sa sœur Death et de partir dignement.
Tom Sturridge livre ici encore une très belle performance. Morpheus accepte la mort non par résignation, mais par conscience du cycle éternel qui régit l’univers. « J’ai tué mon fils deux fois », confie-t-il à Death. « Une fois quand je n’ai pas voulu l’aider, et une fois quand je l’ai fait ». Cette phrase résume toute la tragédie d’un père confronté à l’impossible équation de l’amour et du devoir.