Tatjana Bozic est née en Yougoslavie, « un pays qui n’existe plus », mais se rendit en URSS lorsqu’elle avait quinze ans. C’est donc la raison pour laquelle ses débuts amoureux commencent ironiquement dans un pays qui « est sur le point de s’effondrer ».
Synopsis
Sentant que sa relation avec l’homme qu’elle aime est au bord du gouffre, Tatjana Bozic décide d’entreprendre un authentique road-movie sur sa vie sentimentale. Elle s’engage à aller revoir tous ses ex et à les interroger sur les raisons qui font que toutes ses relations ont échoué.
Critique de Happily Ever After
La réalisatrice décide de se confier et de nous dévoiler, sans la moindre pudeur, les aspects de sa vie amoureuse, allant du premier grand amour jusqu’au père de son enfant.
Elle entreprend ce que peu d’entre nous serait capable de faire : rendre une visite à ses ex des années plus tard lorsqu’elle se rend compte que son couple actuel est très fragile. Mission audacieuse lorsque l’on sait que l’on devient difficilement amie ou « amicale » avec son ex. Tatjana Bozic prend le taureau par les cornes et se lance pourtant ce défi admirable.
Pourquoi fait-elle donc cela ? Parce qu’à 35 ans, belle, épanouie, féministe, citoyenne du monde, Tatjana Bozic, de nouveau seule dans son appartement en Croatie, se demande ce qui ne va pas chez elle. Elle décide d’appeler tous ses ex et constate avec surprise qu’ils sont tous mariés, même celui qui s’avère être gay ! Pourquoi, elle, n’a pas de chance ?
Bien que traité avec légèreté, le film n’en pose pas moins des questions existentielles de l’époque. Peut-on être à la fois féministe et totalement soumise à son homme au point de refuser tout emploi pour que celui-ci se sente plus « homme » ?
Car malgré une audace exemplaire, nous le voyons, Tatjana Bozic est une grande sentimentale ; une «victime de l’amour » même. Le terme de victime est d’ailleurs plusieurs fois employé dans le film. Ses ex lui disent que cela ne marchait pas entre eux car celle-ci s’apitoyait bien trop souvent sur son sort et qu’elle se faisait passer pour cette femme soumise qu’elle n’est pas finalement.
La réalisatrice le dit, elle s’adapte et s’abandonne facilement à ses relations, ce qui est fréquent en Croatie, qui est un pays patriarcal. Elle nous montre ses relations avec russes, allemands, anglais, néerlandais. Elle a voyagé, s’est déplacée, a tout quitté pour l’amour. De la tragédienne à la femme fatale, la réalisatrice a endossé tous les rôles pour plaire et être aimée. Et pourtant, quelle est le compte rendu de tout cela ?
Tous ses ex semblent s’accorder sur une chose : c’était toujours de sa faute à elle. Pavel, son premier amour lui dit « You screwed it up between us » (« Tu as tout gâché entre nous »), Rogier, son époux au moment où elle filmait, lui annonce qu’il faut toujours qu’elle se fasse passer pour une victime pour se faire entendre.
Alors que nous le savons bien, Tatjana Bozic est une femme indépendante, émancipée, épanouie,… lorsqu’elle est seule.
Cela signifie-t-il que l’on ne peut pas être soi-même lorsque l’on est en couple ? Jusqu’où avons-nous le droit de ne pas être nous-même pour satisfaire les besoins de l’autre ?
Tatjana Bozic nous dévoile les moindres recoins de son âme en s’appuyant sur un sentiment universel que de nombreuses femmes reconnaîtront. Elle fait cela avec tout de même beaucoup d’humour et d’auto dérision. Une belle preuve de sincérité d’autant plus que le film a même gagné le prix du meilleur montage au festival du film néerlandais de Utrecht !