Grand final du travail de Peter Jackson sur l’univers de J. R. R. Tolkien, Le Hobbit : La Bataille des Cinq Armées clôture les aventures de Bilbo. Entre Nécromancien, Elfs, Orques, Humains et Nains, le petit Hobbit aura parcouru un long chemin au travers de la caméra de Peter Jackson… Tout se termine ici, aux pieds de la Montagne Solitaire, Erebor, convoitée par un grand nombre. Tout se termine… ou tout redémarre ?
Synopsis
Atteignant enfin la Montagne Solitaire, Thorin et les Nains, aidés par Bilbon le Hobbit, ont réussi à récupérer leur royaume et leur trésor. Mais ils ont également réveillé le dragon Smaug qui déchaîne désormais sa colère sur les habitants de Lac-ville. A présent, les Nains, les Elfes, les Humains mais aussi les Wrags et les Orques menés par le Nécromancien, convoitent les richesses de la Montagne Solitaire. La bataille des cinq armées est imminente et Bilbon est le seul à pouvoir unir ses amis contre les puissances obscures de Sauron.
Critique Le Hobbit : La Bataille des Cinq Armées
La dernière partie du Hobbit : La désolation de Smaug avait fait monter un suspense magistral se terminant sur un dialogue lourd de sens et de mauvais présages :
– Smaug : I am fire. I am death !
– Bilbo : What have we done…
C’est donc sur ces derniers frissons et après une attente d’une année que reprend la saga. Premier constat, le rythme final de La Désolation de Smaug n’est pas au rendez-vous et Peter Jackson pèche à faire redémarrer le film sur les chapeaux de roues. L’impatience de revoir le surpuissant Smaug est trop forte et la panique engendrée par son réveil sur la ville de Lacville (Esgaroth) n’est pas assez réaliste. De plus, le chapitre Smaug est refermé extrêmement rapidement ce qui est un peu frustrant. Les 20 premières minutes du Hobbit 3 semblent négligées pour laisser plus de temps au fond du sujet : la bataille pour la Montagne Solitaire et ses trésors.
Nous avons eu la chance de voir le film en 48FPS (HFR 2D) ce qui donne un excellent rendu sur les mouvements de caméra et ajoute énormément de lisibilité aux scènes de bataille. Ce format particulier a pour avantage de restituer avec beaucoup plus de fidélité ce qui est filmé. Tous les décors naturels sont sublimés et les décors de synthèses parfaitement intégrés. C’est beaucoup moins le cas sur les détails comme le maquillages, les perruques et autres gros plans qui révèlent des imperfections. A contrario, les plans des armées d’elfes, d’orques et de nains voient leurs couleurs et contrastes révélés. Les costumes brillent de milles feux et les orques sont de plus en plus moches et réalistes. Le débat n’est donc pas clos quant à l’utilisation du HFR…
Le film porte donc bien son nom avec près de deux heures de combats ponctués de duels plus ou moins importants. Les scènes et chorégraphies sont maîtrisées et renforcées par une caméra toujours aussi magique. Il est quasiment impossible de s’ennuyer du fait de scènes de combat qui savent se renouveler. A la différence de la saga Le Seigneur des Anneaux, il existe beaucoup moins de vue d’ensemble laissant une sensation d’immersion plus forte dans la bataille. Mais malgré tout, les combats sont toujours autant aseptisés pour plaire au plus grand nombre : pas de sang, épées toutes neuves, flamboyantes et morts paisibles. Même les mises à mort sont “censurées” par le réalisateur. Les batailles du Gouffre de Helm et de Minas Tirith resterons bien au dessus en intensité.
Car ce Hobbit 3 manque aussi de profondeur. Le sujet du Nécromancien/Sauron est, tout comme Smaug, balayé d’un revers de main. Un grand dommage car de nombreux fans attendaient avec impatience la bataille magique de Dol Guldur. L’utilité de Sauron dans la saga cinématographique du Hobbit est bien faible et avec le recul, les films auraient largement pu s’en passer à défaut d’une sous-exploitation. De la même manière, les véritables sauveurs de la bataille que sont les Aigles et Beorn (l’homme-ours) sont relégués au second plan, bénéficiant d’un maximum de 30 secondes cumulées à l’écran. Peut-être des versions longues futures nous donnerons plus de satisfaction ?
En tout cas, à la place de ces véritables héros et plutôt que de montrer plus de stratégie dans cette épique bataille, le réalisateur s’étend un peu sur l’histoire sentimentale Tauriel / Kili / Legolas. Ce qui n’est pas désagréable en soit pour apporter un peu de sentiments à ces deux heures de film d’action. De même et comme a son habitude, et aussi car Le Hobbit s’y prête plus facilement, Peter Jackson intègre de nombreux éléments d’humour pour alléger le récit. Certaines séquences sont très marrantes et contrastent même un peu trop fort avec la gravité de la situation ambiante. Dans d’autres cas, c’est un humour qui sent déjà la mélancolie et la nostalgie du dernier épisode d’une saga bien plus large que les seuls trois films du Hobbit.
C’est d’ailleurs une volonté affirmer par Peter Jackson que de lier les deux sagas. Certains personnages sont d’ailleurs incorporés dans Le Hobbit mais ne font pas partie du roman de Tolkien comme par exemple Legolas. Il s’agit plutôt pour Peter Jackson de faire un lien avec son public et avec Le Seigneur des Anneaux. Le Hobbit : La Bataille des Cinq Armées boucle la boucle. Sans entrer dans les détails et spoiler nos lecteurs, la place de Legolas est enfin justifiée, quelques noms sont prononcés et réjouiront les fans de LOTR.
La Bataille des Cinq Armée nous laissera une certaine amertume car manque de profondeur et de gravité malgré des personnages attachants tout au long d’une aventure épique. Les deux précédents épisodes restent largement meilleur.
Finalement, Peter Jackson se retire de l’univers de J. R. R. Tolkien avec les honneurs et la classe d’avoir porter à l’écran de très beaux récits malgré un final décevant.