Ami d’enfance de Christophe Gans et membre fondateur du magazine culte Starfix, Nicolas Boukhrief fait partie de la génération de cinéastes Français qui a émergée au cours des années 90 composée par les Gans, Kassovitz, Kounen, Noé entre autres . Surement le plus discret de tous et le moins en proie au succès comparé aux autres, le cinéaste creuse pourtant son sillon et se crée sa place dans le cinéma Français sans faire de bruit mais en toute intégrité . Il poursuit dans la veine du thriller/polar, après l’excellent Le Convoyeur et un Cortex moins excitant mais correct, le cinéaste signe un Gardiens de l’ordre franchement efficace .
Le Convoyeur plongeait le spectateur dans l’univers méconnu des convoyeurs de fonds par le biais du personnage principal, ici à nouveau on plonge dans le récit et dans un univers comparativement moins original mais rarement montré au cinéma ( celui de flics “normaux” ) par le biais du duo vedette campé par Fred Testot et Cécile de France .
Gardiens de l’ordre conforte dans une idée par rapport au cinéma de Boukhrief, plus que le scénario en lui-même ce qui captive et est intense chez lui c’est avant tout les personnages, preuve en est ici ou le scénario n’est pas follement original ( deux flics doivent prouver qu’ils n’ont pas commis de bavure ) mais l’intensité de son duo et la proximité de celui-ci avec le spectateur rendent le film captivant . Il faut dire aussi que les acteurs sont particulièrement bien dirigés, la principale surprise vient de Fred Testot intense et puissant qu’on aurait pas imaginé forcément dans ce rôle, sa partenaire Cécile de France conforte tout le bien que l’on pouvait penser d’elle . Leur complicité qui nait sous nos yeux est d’une sincérité et une authenticité qui la rend touchante .En effet la vraie puissance de l’écriture se situe de ce coté là, bien sur aussi on retrouve chez le cinéaste une vision réaliste et précise des choses qui place son film dans un cadre social intéressant, il se dégage derrière une vision assez pessimiste de la société actuelle et en même temps il émane au sein du film aux travers de certains personnages une touche d’humanité saisissante .
L’autre idée que l’on pouvait avoir du cinéma de Boukrhief qui se trouve confortée après la vision de ce film est que c’est plus un cinéaste d’atmosphère que de mise en scène pure ( les plans sont efficaces mais pas de réelles innovations ou de patte dans les choix ), le réalisateur crée une ambiance tendue et haletante, qui rend presque viscérale la descente aux enfers de ses personnages, on retrouve visuellement sa patte avec son gout pour les couleurs bleues-violettes cela couplé à une bande-originale excellente dans un registre electro underground.
Une belle réussite dans le genre qui confirme tout le bien que je pense de son réalisateur qui a bel et bien un style qui se forge de films en films, et qui parvient à réaliser des films avec une identité sans lorgner dans une influence Américaine ni tomber dans les carences de certaines productions Françaises en matière de polar . Respect .