On l’attendait avec impatience ce nouveau film d’Alexandre Aja, d’abord parce qu’après Haute Tension et surtout La Colline a des Yeux on estimait le réalisateur comme l’un des plus performants dans le registre du cinéma d’horreur ( et son Mirrors décevant n’a pas suffit à ébranler le crédit accordé au réalisateur ), ensuite parce qu’il porte ce projet depuis un bon moment déjà et que toutes les interviews qu’il a accordé à ce sujet avait de quoi faire saliver et préparer à une belle petite claque comme ce fut le cas pour La Colline a des Yeux en 2006 .
La différence notable avec La Colline a des Yeux ( et tous ses autres films d’ailleurs ) est que ce Piranha est volontairement beaucoup moins sérieux et beaucoup plus fun à regarder, et risque fortement de devenir un film culte du genre comme les divers classiques auxquels Aja rend hommage pendant son film .
Aja avait promis déjà lors de sa venue sur Allociné pour la promotion de Mirrors , « du sang, du gore et des jeunes filles en bikini » en précisant que ça serait surement rigolo et bien on peut dire que le réalisateur a depuis non seulement pris le temps de concrétiser ses promesses en élaborant le concept avec son fidèle collaborateur Grégory Levasseur à l’écriture et puis à la mise en image ( pensée dès le début pour la 3d, et ce bien avant le raz-de-marée Avatar ) .
Piranha est un film qui semble avoir été en permanence pensé pour offrir un plaisir maximum au spectateur, sans se foutre de sa gueule, Aja exploite la sous-culture Américaine ( il place le décor de son film dans le cadre du Spring Break, qu’il popularise par la même occasion ) et les fantasmes primitifs de spectateurs de type de cinéma : « du cul et du gore » à des fins purement funs et de manière totalement assumée par le cinéaste .
Aja prend d’abord le temps de poser son climat et son décor, la scène d’ouverture très efficace qui met en scène Richard Dreyfuss dans un clin d’œil aux Dents de la Mer fait apparaitre les Piranhas pour la première fois et ensuite le cinéaste fait naitre la tension peu à peu ( il insère des vues sous marines subjectives entre autres au milieu d’une ambiance très décontractée ) et l’intensifie au fur et à mesure jusqu’à déboucher sur le carnage de Lake Victoria qui illustre la deuxième partie du film . Le dosage est impeccable, le montage précis ( belle gestion des différents personnages et différentes sous-intrigues qui font avancer le récit ) et le rythme sans temps mort, , si bien que même quand l’horreur n’est pas prédominante on s’amuse déjà pas mal, il faut dire que pour rincer l’œil du spectateur Aja n’est pas allé chercher les filles les plus moches ni n’importe ou ( entre l’ex-mannequin Kelly Brook absolument à tomber par terre et quelques actrices pornos ,… Aja nous met sous les yeux quelques créatures de rêves ) et puis le film est toujours dans une certaine ironie qui le rend immédiatement très sympathique . On retient notamment le tournage d’une scène lesbienne aquatique ( filmées comme des sirènes ) ou des teq paf sur modèles féminins…Les acteurs sont pour quelques choses dans l’efficacité de l’aspect humoristique et ironique du film, Jerry O’Connel déchainé dans la peau d’un cinéaste porno en tête ( on retient la d’hors et déjà mythique scène « They eat my dick ! »). Enfin aussi réjouissante soit cette première partie on est quand même venus aussi pour voir des Piranhas bouffer de la chair humaine et là aussi on est gâté, c’est gore ( et pas qu’à moitié ), le massacre est sans pitié ( et sans concessions vis-à-vis de la censure ) et Aja multiplie les trouvailles gores jouissives dopées par une réalisation à l’efficacité qui ne se dément jamais . Jusqu’à la fin le cinéaste ne se relâche jamais et d’ailleurs sans spoiler, le temps d’un instant on a l’impression que le cinéaste va se calmer pour clore son film, et il nous prend de court en achevant son film de cohérente, efficace et radicale .
Quand à la 3d elle ajoute au plaisir éprouvé à la vision du film et est utilisée de manière très efficace, à mon sens la meilleure depuis Avatar ( si l’on met à part le film d’animation Dragons ), la mise en scène étant déjà très bien à la base la 3d ajoute un effet en plus, et si le film n’a pas été tournée directement en 3d, la conversion n’a pas été bâclée contrairement à pas mal d’exemples récents ( Aja et son équipe on bossé près de 6 mois pour ça ).
Bien parti pour être le meilleur film d’horreur de l’année 2010, Piranha 3d assoit la cote de son réalisateur, qui est à l’heure actuelle l’un des maitre du genre et le film devrait logiquement devenir culte pour pas mal de spectateur tant il conjugue ce que beaucoup ont voulus voir pendant des années à l’écran sans jamais trouver le metteur en scène adéquat pour réaliser cela