Si l’on peut critiquer Netflix sur de nombreux points (un catalogue trop petit, des tarifs qui tendent à augmenter…), il y a bien une chose où l’entreprise est irréprochable (ou presque) : la qualité de ses séries originales. Depuis son entrée dans la cour de la production, Netflix n’hésite pas à parier sur des séries qui n’auraient peut-être pas vu le jour sur le petit écran où la rentabilité et les séries de 24 épisodes réparties sur l’année étaient légion (exception faite de HBO et éventuellement AMC avec Breaking Bad). Certaines ont donné des nouveaux classiques comme House of Cards, ou encore les séries Netflix/Marvel (Daredevil, Jessica Jones…) qui nous rappellent un peu plus à chaque saison qui est le chef. Si l’on doit compter quelques échecs (Sense8 ?), on se doit en tant qu’amateurs de tirer notre chapeau à Netflix pour ses prises de risques régulières.
Et la dernière en date se nomme Stranger Things. Au programme, le grand retour des années 80, des collégiens qui roulent dans les rues d’une petite ville perdue sur leur BMX, pourchassés par des agents gouvernementaux réalisant des expériences mystérieuses dans les bois.
Classique ? Certainement. Osé ? Potentiellement. Réussi ? C’est ce que nous allons voir.
Synopsis
A Hawkins, en 1983 dans l’Indiana. Lorsque Will Byers disparaît de son domicile, ses amis se lancent dans une recherche semée d’embûches pour le retrouver. Dans leur quête de réponses, les garçons rencontrent une étrange jeune fille en fuite. Les garçons se lient d’amitié avec la demoiselle tatouée du chiffre “11” sur son poignet et au crâne rasé et découvrent petit à petit les détails sur son inquiétante situation. Elle est peut-être la clé de tous les mystères qui se cachent dans cette petite ville en apparence tranquille…
Critique
Ce qui frappe en premier lieu avec Stranger Things, c’est l’incontestable réussite de sa direction artistique. Dans un réel soucis de nous rappeler les années 80 et ses fictions (on parlera après d’E.T et de Stephen King, certainement les deux plus grandes références des frères Duffer), tout est fait pour nous y transporter. Grain de l’image, ambiance, musique (mention spéciale à cette dernière, rappelant la grande époque de Midnight Express)… la série en elle-même est un revival du cinéma des années 80 et de ses thèmes. Tel l’album R.A.M de Daft Punk qui était un hommage à ces débuts de la musique électronique, Stranger Thing est un hommage à cette période.
Dans ces clés, il faut savoir raconter une histoire d’enfants, où les adultes ne sont que des acteurs secondaires. Ici, Stranger Things réussi à raconter une histoire d’enfants aux notes d’E.T de Spielberg et une d’adolescents à la Breakfast Club, tout en y ajoutant l’ambiance d’épouvante et de suspense digne d’un roman de Stephen King.
Une autre force de Stranger Things réside dans son format, lié à la puissance de Netflix et de ses prises de risque. Se permettre de laisser les clés à des showrunners pour 8 épisodes d’une saison sans forcément attendre une suite permet de bien clôturer la série. Alors oui, quelques appels du pieds sont fait à la fin du dernier épisode pour nous inciter à revenir pour une saison 2, mais ce n’est pas le but ultime de la série. L’histoire originale centrée sur la disparition de Will est bouclée, et on ne laisse pas le spectateur totalement dans l’expectative comme avec Lost. Oui, certains sujets méritent plus d’approfondissements, mais on s’en sort déjà très bien.
En conclusion, Stranger Things est une nouvelle réussite à mettre au crédit de Netflix (et des frères Duffer). La structure même de diffusion permet au site de redistribuer les cartes de la série classique, et s’offre le luxe de la prise de risque, ce que l’on ne voit presque plus au cinéma. Pari réussi donc.