Critique de Nous Trois Ou Rien de Kheiron

Mais qui l’aurait cru ? Kheiron, le meilleur ami pervers de Kyan Khojandi dans Bref  (également acteur dans ce film) rend, ici, un superbe hommage à ses parents.

Synopsis

Téhéran, 1971. L’Iran est aveuglément menée par le Shah qui entraîne son pays dans un chaos politique. Hibat Tabib, jeune étudiant plein d’ardeur et contre l’oppression dont fait rage son pays, est emprisonné et condamné à 10 ans de prison. Il a alors 25 ans. C’est finalement 7 ans après, à la suite de tortures et d’humiliations constantes, qu’il en sort, et fait très vite la rencontre de sa future épouse, Fereshteh.

Le Shah a fui le pays, et Fereshteh a accouché d’un petit garçon. Mais la montée du parti islamiste des Mollah inspire tout autant la terreur, et les activités de Hibat au sein du parti de l’opposition deviennent de plus en plus dangereuses pour lui et sa famille. En 1984, Hibat prend alors la décision qu’il a toujours redoutée : celle de quitter son pays, en direction de la France, avec sa femme et son fils…

Critique de Nous Trois Ou Rien

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Kheiron incarne le rôle de son père, Hibat, fervent opposant aux différents régimes de l’époque, en Iran, et retrace son parcours.

Sujet lourd, ce qui n’empêche pourtant le film d’être drôle ! C’est étonnant le cocktail d’émotions avec lesquelles joue le film. Nous passons du rire aux larmes en trois secondes, et parfois même les deux en même temps.

Dès le début du film, lorsque les personnages sont en prison, les blagues s’enchaînent. À un moment, lorsqu’un nouveau « barbu » arrive tout fraîchement en prison, un des frères de Hibat lui explique que ce gars là vient tout juste d’arriver, ce à quoi réplique Hibat “Ouai, mais sa barbe elle vient pas d’arriver, elle !”

Tout le monde y passe : le Shah (Alexandre Astier) est ridiculisé et passe pour un bel imbécile, et ne semble apparemment pas se rendre compte que plus de 2 millions d’iraniens lui fait une véritable révolution. Lorsqu’un de ses conseillers lui annonce que la situation devient grave et que son peuple s’irrite de jours en jours, le Shah, aveuglé par son amour-propre, prétend qu’il s’agit d’une poignée d’iraniens mécontents qui se servent de cassettes pour dupliquer le reste de la foule !

nous-trois-ou-rien-810x540La rencontre de Hibat et de la belle Fereshteh est également riche en humour. Leila Bekhti incarne un rôle qui lui va à ravir, celui de la mère de Kheiron. C’est une femme forte, aimante, drôle et passionnée. Passionnée par la vie, par sa famille, par son fils. Il s’agit probablement de l’une des meilleures interprétations de Leila Bekhti, selon moi. C’est sûrement elle qui nous fait passer du rire aux pleurs en un clin d’œil. Car, oui Leila Bekhti est drôle, et vraiment touchante. C’est d’ailleurs Kheiron qui explique à Laurent Ruquier, dans On n’est pas couché, que la raison pour laquelle il a choisi Leila, c’est parce « qu’ en quelques minutes, elle passait de l’humour à l’indignation avec un incroyable tempo comique et était si expressive ».

Il ne se passe pas un moment dans le film, où les personnages sont « tranquilles ». Hibat et sa famille sont confrontés à toutes les épreuves inimaginables : la prison, les exécutions, les menaces de mort, l’asile politique, l’intégration, les jeunes de banlieue. Tous les sujets sont admirablement et justement peints. Il est vrai que le film abuse quelques fois des clichés (la femme bien bledarde, le jeune de banlieue qui va 9 fois en prison) mais nous en conviendrons, le film est juste. Dans sa tonalité, dans ses interprétations, dans ses péripéties.

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Kheiron nous fait également découvrir une émouvante BO de musiques iraniennes qui accompagnent merveilleusement les paysages qui nous sont montrés (lors de la fuite entre la frontière turco-iranienne, notamment). Voici un extrait de « Man O To » chanté par Ghazal Shakeri que nous entendons dans le film.

Nous trois ou rien est une belle réussite du genre comique-dramatique. Le film nous fait découvrir et dévoile un véritable réalisateur, un artiste complet et surtout un homme touchant et touché par l’histoire de sa famille, rendant un très bel hommage à son père.

Petite anecdote émouvante: lorsque son père appelle Kheiron, alors à Montréal, pour lui annoncer qu’il avait reçu la légion d’honneur, son fils lui dit qu’il ne pourrait malheureusement pas être présent. C’est alors que son père repousse son « rendez-vous » à la légion d’honneur pour que son fils puisse y assister !

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