Après Precious, fort succès critique et Paperboy, plus controversé, Lee Daniels s’attaque à l’Histoire des droits civils dans l’Amérique parcourant le XXè siècle. Quel est donc ce film qui a fait verser une larme à Barack Obama ?
Synopsis
Le jeune Cecil Gaines, en quête d’un avenir meilleur, fuit, en 1926, le Sud des États-Unis, en proie à la tyrannie ségrégationniste. Tout en devenant un homme, il acquiert les compétences inestimables qui lui permettent d’atteindre une fonction très convoitée : majordome de la Maison-Blanche. C’est là que Cecil devient, durant sept présidences, un témoin privilégié de son temps et des tractations qui ont lieu au sein du Bureau Ovale.
À la maison, sa femme, Gloria, élève leurs deux fils, et la famille jouit d’une existence confortable grâce au poste de Cecil. Pourtant, son engagement suscite des tensions dans son couple : Gloria s’éloigne de lui et les disputes avec l’un de ses fils, particulièrement anticonformiste, sont incessantes.
À travers le regard de Cecil Gaines, le film retrace l’évolution de la vie politique américaine et des relations entre communautés. De l’assassinat du président Kennedy et de Martin Luther King au mouvement des « Black Panthers », de la guerre du Vietnam au scandale du Watergate, Cecil vit ces événements de l’intérieur, mais aussi en père de famille…
Critique
Le Majordome est une fresque qui reprend plus de 80 ans de l’Histoire américaine et de ses combats pour les droits civils. Les événements tels que l’assassinat de Kennedy ou le Watergate prennent une place mineure dans le film. Ce dernier se concentre sur le combat pour l’égalité des noirs en se plaçant du point de vue de Cecil Gaines et de son fils. Pour le premier, sa place de domestique lui procure une vie confortable et lui convient. Le second veut mettre fin à la séparation avec des actions militantes. Certaines scènes sont particulièrement marquantes comme celle où le réalisateur monte en parallèle la violence sanglante dans le sud du pays et le majordome qui sert les grands de ce monde dans une atmosphère feutrée.
Le film réussit le tour de force à faire paraître sympathique Lyndon Johnson, Nixon et Reagan. Ils ont tous, par intérêt ou non, participer à l’évolution des droits civils. Pas manichéen du tout, Malcom X ou les Black Panthers n’ont pas toujours le beau rôle.
Le Majordome est un biopic historique, la véracité de l’histoire renforce le caractère touchant et puissant du film. Le réalisateur compare son personnage à Forrest Gump afro-américain. Tous les deux traversent l’Histoire américaine avec de vrais personnages.
Une des grandes forces du film est un casting 3 étoiles. Aucune erreur, tous les personnages jouent juste et font passer beaucoup d’émotion. Evidemment, Forest Whitaker semble en bonne position pour récolter un Oscar. Au rayon des surprises, nous avons droit à Mariah Carey (petit rôle certes) à Lenny Kravitz en passant par Oprah Winfrey. Du côté des valeurs sûres, pour incarner les différents présidents, rien de moins que Robin Williams en Eisenhower, John Cusack et Alan Rickman respectivement Nixon et Reagan, Jane Fonda en Nancy et j’en passe…
Le Majordome est définitivement un des films de l’année, et il a fort à parier qu’il aura quelques nominations aux Oscars et pourquoi pas une ou deux statuettes fort méritées.