Blind Sun (film en compétition au PIFFF 2015), prend le parti de jouer l’action et le suspens en pleine lumière. Pari difficile puisqu’il faut jouer d’astuces très différentes des univers plutôt sombres du cinéma fantastique… Mais alors pourquoi avons-nous été écrasé par la pesanteur de Blind Sun ?
Synopsis
La canicule frappe la Grèce. L’eau se fait rare. La tension est totale. Un immigré taciturne doit veiller sur la luxueuse villa d’une famille française qui l’a embauché. Mais le gardiennage va tourner au cauchemar.
Critique
Bienvenue dans un monde tué par le soleil. La Grèce vit une terrible période d’intense chaleur depuis plusieurs années, qui complexifie la vie de ses habitants et donne un pouvoir très fort à ceux qui détiennent l’Or Bleu : l’eau ! Ashraf doit garder la villa isolée d’une très riche famille française installée en Grèce durant leurs congés. Bien évidemment, rien ne se passe comme prévu et c’est une véritable descente aux enfers que vont subir Ashraf mais aussi les spectateurs…
Avant d’entamer l’explication du pourquoi et du comment ce film est raté, il faut tout de même saluer de très beau travail sur la relation au soleil. La photo du film est excellente et joue particulièrement bien des effets de luminosité dans un contexte de terre brûlée par le soleil. La réalisatrice Joyce A. Nashawati tire particulièrement bien parti de la belle lumière et des paysages désertiques des lieux de tournage.
Au delà de ce bon point, Blind Sun ne constitue pas une véritable réussite pour le cinéma fantastique… Vendu comme un cauchemar fantastique, le film est très loin de générer une quelconque angoisse ou de créer une tension suffisante dans la longueur. Au contraire, un profond ennui s’installe en découvrant que notre héros – Ashraf – ne fait pas grand chose de ses journées et que son caractère taciturne lui retire aussi ses capacités de réflexion… Il semble néanmoins perturbé par des « visions » ou une « présence » qui reste inexpliquée. Plus problématique, ces « hallucinations » pourraient avoir plusieurs origines logiques mais le film s’égare dans ces divers méandres scénaristiques sans jamais prendre un réel parti.
Le scénario (ou l’absence de) cherche des rebonds auprès d’un étrange policier, d’une mystérieuse statue antique, ou encore d’animaux… Il n’existe aucune cohérence dans le déroulé de l’histoire principale et de ces éléments perturbateurs. Ashraf lui-même peine à sombrer dans la folie, comme si le poids de l’inexistant scénario l’ennuyait tout autant que la présence d’un imperturbable soleil…
Certains diront que c’est un film très hermétique, nous resterons sur une sensation d’échec scénaristique mettant en scène une accumulation d’événements sans relations qui ne génèrent aucune tension. Dommage pour une film fantastique censé créer de l’angoisse.