Parmi les films en compétition au Festival du film fantastique de Gerardmer 2016, les festivaliers ont pu découvrir… Bone Tomahawk, un western sans véritables éléments fantastiques, si ce n’est une certaine ambiance et quelques séquences gores dans le dernier tiers. Et pourtant, c’est ce film qui a remporté le grand prix du jury long métrage présidé par Claude Lelouch. De nombreux festivaliers n’ont pas hésité à dire que le film était meilleur que “le tarantino”, faisant référence au film Les 8 salopards, également avec Kurt Russell et sorti dans les salles de cinéma il y a quelques semaines.
Synopsis
1850. Dans la paisible ville de Bright Hope, quelque part entre le Texas et le Nouveau-Mexique, une
mystérieuse horde d’Indiens en quête de vengeance kidnappent plusieurs personnes. Pour tenter de les
sauver, le shérif local, accompagné de quelques hommes, se lance alors à leur poursuite… C’est le début d’un voyage vers l’enfer.
Critique du film
Au premier abord, on peut franchement se demander ce que ce film fait à Gerardmer : Un western avec Kurt Russell, est-ce que cela ne serait pas pour surfer sur le buzz lié à la sortie du film de Tarantino Les huit salopards ? Pas du tout ! Le film est présent, en compétition avant tout, d’abord parce que c’est un excellent film… mais aussi parce qu’en cours de route, il évolue, et justifie sa place dans un festival du film fantastique.
Dès les premiers instants du film, on sent une mise en scène nerveuse et une certaine tension s’installe. C’est le cas dans le première séquence mais aussi la nuit, au village. Passé cette phase d’introduction, le film se calme, mais ne perd pas en intérêt. On se focalise et on s’intéresse aux 4 personnages principaux. Ils échangent entre eux, on apprend à les connaitre et les apprécier. Les acteurs font un super boulot et sont bien aidés par des dialogues et des personnages bien travaillés. Richard Jenkins est celui qui apporte le plus d’humour, mais ce n’est jamais un clow, jamais dans des situations ou avec répliques hors de propos. Non, c’est sa personnalité attachante, sa façon d’être bavard, ou encore les réactions de ses partenaires qui nous amènent à sourire et rigoler.
La qualité de ces séquences, et de l’ensemble du film, est d’autant plus impressionnante que le film a été tourné en seulement 21 jours et n’a coûté que 1,8 millions de dollars. En comparaison, Les 8 salopards a coûté 44 millions de dollars et on peut sérieusement se demander d’ou vient une telle différence. Je vous recommande cette excellente interview des producteurs de Bone Tomahawk.
Enfin, il est nécessaire d’aborder brièvement la dernière demi-heure du film. Le film devient, si l’on peut dire “plus sombre”, plus gore et cru. Clairement, le genre de séquence que l’on peut retrouver à la fin du film, ne sont habituellement pas du tout du goût du grand public. Et pourtant, le film, y-compris cette dernière partie, plait à la majortié des spectateurs. Cette dernière demi-heure est brutale et gore, et même si elle ne l’est pas vraiment, on a l’impression d’etre dans un univers fantastique, et que nos héros tentent de survivre face à des montres évoquant la créature de Predador ou les Uruk Hai du Seigneur des Anneaux. Le réalisateur S. Craig Zahler est celui qu’il faut applaudir et on a hâte de découvrir ses prochaines œuvres tant ce premier film est bourré de qualités.
Au sein du jury SyFy, nous avons privilégié The Witch, alors que Bone Tomahawk avait plus à l’ensemble des membres. Il nous a juste moins marqué que les autres. Le jury Long Métrages de Claude Lelouch a privilégié le film le plus fédérateur, une prouesse quand on pense à son final extrêmement gore.
Mauvaise nouvelle, vous n’aurez pas le possibilité de découvrir le film dans les salles de cinéma françaises. Bone Tomahawk sortira en effet directement en e-cinema (VOD) au mois de mars.