Deuxième film de Matt Ross, Captain Fantastic risque de s’imposer comme une vraie réussite dans la carrière du réalisateur. Dans ce road-movie familial, Ross nous présente Viggo Mortensen en père de famille original, partant sur les routes avec ses enfants…mais finalement, plus que la destination, c’est le voyage que l’on suit !
Synopsis
Dans les forêts reculées du nord-ouest des Etats-Unis, vivant isolé de la société, un père dévoué a consacré sa vie toute entière à faire de ses six jeunes enfants d’extraordinaires adultes.
Mais quand le destin frappe sa famille, ils doivent abandonner ce paradis qu’il avait créé pour eux. La découverte du monde extérieur va l’obliger à questionner ses méthodes d’éducation et remettre en cause tout ce qu’il leur a appris.
Critique
On est partagé lorsque l’on sort de Captain Fantastic…Et c’est tant mieux, il n’y a rien de pire qu’un film qui laisse indifférent et ce n’est assurément pas le cas ici.
Partagé car d’un côté, on admire la vie de cette famille à la fois étrange et attachante au milieu des bois. On les envie un peu quelque part mais une grosse part de nous sait qu’on ne tiendrait pas 48h dans la vie qui est la leur. D’un autre, on sent un aspect moralisateur et manichéen du type : la nature c’est mieux, la ville et les riches c’est le mal. Certes, les jeux vidéos peuvent être abrutissants et violents ; mais apprendre à ses enfants à chasser et dépecer des animaux (quelque en soit le motif) est tout aussi violent.
Heureusement, le réalisateur prend la peine de contre de contrebalancer son propos et le manichéisme du départ, notamment grâce au personnage du grand-père.. Non, le père n’a pas totalement raison dans sa manière d’éduquer et oui il y a bien des défauts à l’éducation classique. Les deux aspects sont portés de manière assez égale et la fin du film est équilibrée.
Sur la forme, le film est un bon road-movie avec une dynamique réussie.. Le réalisateur sait prendre son temps sans nous ennuyer et amener un peu d’action et quelques scènes légères. On retrouve une ambiance comme dans Little Miss Sunshine, quoiqu’un plus sérieuse dans les choix du thème. C’est un road-movie mais pas un feel-good movie, contrairement à ce que pourrait laisser penser l’affiche colorée du film.
Un légèreté qui est d’ailleurs bienvenue car au-delà du thème de l’éducation prépondérant dans le film, ce dernier traite aussi de la mort. Sans s’appesantir sur le sujet, Matt Ross l’aborde sans être larmoyant. Bien au contraire, une des scènes finales est très représentative du film : grave et décalée en même temps. C’est cette dichotomie qui fait la force du film et nous fait l’apprécier .
Evidemment, on ne peut pas ne pas parler des acteurs de ce film. Le jeu des enfants est tout simplement génial, avec une justesse et un naturel assez étonnante.. Viggo Mortensen ne s’en sort pas mal mais se fait clairement voler la vedette !
Au final , bien que déconcerté à la sortie du film, on passe tout de même un bon moment. Sans être un coup de coeur, Captain Fantastic est un film auquel on repensera très probablement dans quelques jours voir quelques semaines.