#EtrangeFestival2017 Critique de The Family

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The Family (2016, Rosie Jones)

Ce documentaire retrace l’histoire de la Santiniketan Park Association, secte australienne connue aussi sous le nom de The Family. A la fin des années 60 et au début des années 70, la mode est à l’ésotérisme new age et aux spiritualités alternatives. Anne Hamilton-Byrne, adepte du yoga,  fonde une communauté avec son compagnon qu’elle épouse en 1978. En fuite aux Etats-Unis, après une descente de police en 1987, elle est appréhendée et ramenée en Australie pour comparaître devant la justice en 1993. Elle s’en tire avec une amende et échappe à la prison.

Les faits reprochés restent sujets à controverse.

– Les enfants sont peu nombreux, 13 ou 14, 28 en vingt ans. Il n’y aucun trafic ou abus sexuel.

– Ils grandissent et restent, pour certains, fidèles à la Famille même à l’âge adulte. Et si le mariage est arrangé (« Anne m’a désigné mon mari »), il est parfois heureux (« j’en suis tombé amoureuse »)

– Ils sont à l’écran pour témoigner et certains défendent leurs parents adoptifs pendant le procès ou le tournage. La maltraitance par les « tantes » semble avoir été occasionnelle, mais la soi-disant « Mère » n’était pas toujours présente et les enfants devaient se sentir isolés, puisque coupés – plus ou moins – du monde extérieur.

– La couleur des cheveux n’est pas toujours blonde. On voit des bruns parmi les enfants. Ils sont habillés de la même manière mais ne portent pas d’uniforme.

– Les photos et les films montrent une joie qui n’est pas feinte et des loisirs en plein air.

– La prise de LSD n’a pas été établie lors du procès mais les complicités avec le milieu psychiatrique et médical ne sont pas bon signe. L’hôpital fournissait des bébés non désirés par des filles mères.

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Reste la personnalité de la fondatrice. Belle femme, elle pratique dans son enseignement un mélange de messianisme chrétien (elle se présente elle-même comme un messie féminin) et d’orientalisme (pratique du yoga et croyance en l’ultime incarnation pour les membres de l’association). La famille recomposée, la sienne, est destinée à accompagner les survivants d’un terrible conflit qui verra l’extinction de la présente humanité. La Famille serait pour ainsi dire l’avant-garde de l’humanité future, plus belle, plus généreuse. Pour autant, des abris n’ont pas été construits. Peut-être parce que les enfants devaient être « enlevés » juste avant le conflit et revenir ensuite accomplir leur mission. De la même façon, Anne a enlevé les enfants à leurs parents biologiques pour les soustraire au monde perverti mais, devenus adultes, ils sont rendus au monde.

Plutôt que d’insister sur le caractère dépressif ou immature des ex-membres de la secte, le film aurait dû s’attarder davantage sur le syncrétisme religieux de l’enseignement et sa réception par les participants. Au vu des témoignages, confus et émotionnels, les victimes n’en ont pas retenu grand chose. Il semble que la secte était bien une « famille » élargie où tous les enfants se croyaient frères et sœurs, ayant tous la même mère, à la fois lointaine et radieuse, absente et aimante. Le trip, associé à la prise de drogue, si avérée, mettait les enfants en état de dépendance affective et leur faisait percevoir Anne comme un être surnaturel. Par des anamorphoses réalisées à partir de photos à des âges différents, la réalisatrice accrédite cette version. Mais c’est au détriment de l’analyse impartiale des faits et du parcours personnel de cette femme charismatique et mystérieuse. Dommage.

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