Utopiales 2025 : critique de Je suis Frankelda

Premier long-métrage d’animation en stop motion mexicain, Je suis Frankelda des frères Rodolfo et Arturo Ambriz n’en est pas à son premier festival. Après avoir été présenté au festival d’Annecy, il vient aujourd’hui représenter son pays aux Utopiales ! Mais alors, est-ce que c’est bien ?

Synopsis

Frankelda, une écrivaine mexicaine déterminée du XIXe siècle, plonge dans son subconscient pour affronter les monstres qu’elle a elle-même imaginés. Guidée par un prince tourmenté, elle doit rétablir l’équilibre entre la fiction et la réalité avant qu’il ne soit trop tard.

Tout d’abord, rendons à César ce qui est à César, l’animation est très belle. Directement inspirée du travail de Tim Burton sur des films comme Les Noces Funèbres ou L’étrange Noël de Monsieur Jack (oui il ne l’a pas réalisé on sait), les environnements sont très beaux et le charme de la stop motion est indéniable. Les designs des personnages sont inspirés et créatifs, mention spéciale au roi lorsqu’au pic de sa «maladie», ses visuels sont incroyables. Quelques petites imperfections quand des éléments filmés sur fond vert sont rajoutés en post production, certains éléments se chevauchent mais c’est un détail. J’ai beaucoup aimé, lors du générique de fin, de voir les coulisses et des images de la réalisation de cette stop motion, ça permet de se rendre compte du travail monumental que cela représente.

La musique a un rôle particulièrement important dans ce film. En effet, quelques moments sont chantés et accompagnent des parties importantes du récit. Elles sont très réussies, les rythmes sont entraînants et force est de constater que certaines restent en tête. La meilleure est selon moi celle des méchants, qui a la particularité d’être chantée par tous les personnages, bons ou mauvais. Sur des rythmes différents, chacun exprime son point de vue et ses pensées, tous liés par le refrain chantés en chœur. La meilleure séquence du film selon moi pour cette audace de chant, mais aussi pour la mise en scène, l’intensité dramatique, le film se permet même de sortir de la stop motion pour nous offrir d’autres types d’animation et finir en apothéose cauchemardesque et psychédélique.

L’univers du film est très travaillé, tant dans la forme que dans le fond. On sent une sincère volonté de rendre ce monde crédible et cohérent, avec ses propres règles et sa propre mythologie. Le problème est que le film nous met absolument tout en place dans les 10 premières minutes ! Le rythme est fracassant et il y a tellement d’informations à faire comprendre que ça en devient du bourrage de crâne. Il est difficile de rentrer dans le film tant il est complexe et ne respire pas dans son premier quart. Quand enfin les choses se posent avec la première chanson, le film devient plus digeste et il est plus aisé de se laisser embarquer. Mais pour certains il est trop tard, la faute à beaucoup d’informations ratées et oubliées tant l’introduction est dense.

Mais un questionnement dépasse les autres, et m’a personnellement rendu confus durant tout mon visionnage. On nous présente ce monde comme le monde imaginaire de Frankelda, mais en fait c’est un monde réel qui existe et qui communique avec la réalité, mais en même temps il n’existe pas vraiment et seule Frankelda y a accès. Observez la confusion de mon cerveau face à ce paradoxe. Le film n’est jamais vraiment clair sur le côté tangible de ce monde, et c’est un vrai problème : comment Frankelda peut elle inventer un monde entier alors que celui-ci existe déjà mais qu’aucun humain n’en a conscience ? Bref, c’est compliqué et ça pose de gros problèmes de compréhension…

Les personnages sont plutôt réussis. Sans revenir sur leurs designs très chouettes, ils ont des personnalités et des rôles concrets qui les différencient les uns des autres. Le méchant, Procustes, véritable cauchemar pour les arachnophobes, est un antagoniste maîtrisé qui représente une réelle menace. En fait, c’est surtout Frankelda le problème. Elle n’est finalement pas si présente que ça, et subit plus l’histoire qu’elle ne la vit. Le protagoniste est beaucoup plus le Prince Herneval, que l’on suit du début à la fin, à qui on s’attache,… Frankelda n’est finalement que secondaire dans sa propre histoire, c’est dommage…

En bref, Je suis Frankelda n’est pas parfait, mais faites l’effort de vous accrocher et de passer le premier quart. Ne serait-ce que pour l’animation, le chemin vaut le coup d’être emprunté.

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