Utopiales 2025 : critique de Lesbian Space Princess

Véritable Rick et Morty queer, Lesbian Space Princess de Emma Hough Hobbs et Leela Varghese nous promet un voyage déjanté et profond dans un univers riche en couleurs et en symbolismes. Voici notre petite critique de cette surprise cinématographique des Utopiales 2025.

Synopsis

Elle a beau être la princesse de la planète Clitopolis, safe space lesbien absolu d’une galaxie lointaine, Saira est au fond du trou. Sa bien-aimée Kiki, tombeuse compulsive passablement égocentrique, sa moitié depuis 15 jours et qu’elle imagine être la femme de sa vie, l’a quittée pour de bon. Mais quand Kiki est enlevée par les « Straight White Maliens », espèce d’incels du futur, la décidément irrécupérable princesse Saira s’embarque dans une aventure inter-gay-lactique pour sauver son ex et, pourquoi pas, son histoire d’amour.

Lesbian Space Princess fut une excellente surprise. La comparaison de «Rick et Morty queer» exprime parfaitement les intentions, l’univers et l’humour du film. On enchaîne les jeux de mots et détournements brillamment trouvés en évoluant dans un monde très bien construit aux règles claires. Toutes les références à notre monde font mouche et, comme toutes les bonnes œuvres utilisant correctement cet humour, nous invite à la réflexion et à la remise en question.

Outre l’univers et l’humour qui sont des points essentiels du film, sa force principale réside dans ces personnages. Tous ne sont jamais trop ou pas assez présents, tous sont marquants et c’est beau de voir qu’autant d’attention à été portée aux personnages secondaires comme aux principaux. Que ce soient les mères de Saira, la «Safety Buble», Blade ou même le vaisseaux lui-même, tous ont des répliques, des actes ou une dynamique de personnage qui les rendent inoubliables, même avec peu de temps à l’image.

Mais les meilleurs personnages restent bien sûr les principaux : Saira en tête. La protagoniste a certes un parcours de personnage qui sur le papier à été vu et revu 1000 fois (le personnage qui doit apprendre à croire et avoir confiance en soi-même), mais c’est ici traité d’une manière particulièrement efficace et intéressante. Au gré des événements et rencontres qu’elle va faire, elle va progressivement changer, mais tout en continuant à faire des erreurs, à douter,… Ça ne paraît peut être rien comme ça, mais elle se comporte plus comme une réelle adolescente que comme un personnage. Son comportement est profondément humain, et on se reconnaît tous en elle. Il est impossible de ne pas s’y attacher, de ne pas l’encourager au gré du récit. Ce personnage est une perle rare.

Les personnages de Kiki et de Willow sont également très bons. Parfait miroir inversé l’une de l’autre, elles ont toutes les deux une influence considérable sur la psyché de Saira, en bien et/ou en mal. Kiki est, disons le franchement mais poliment, une immonde saleté. Elle est des plus arrogante et égoïste, ce qui la rend incroyablement détestable. Mais son côté badass et «belle parleuse» réussit l’exploit de nous donner envie de suivre ce qui lui arrive et de ne pas nous ennuyer dès qu’on la voit. Willow est quant à elle l’un des personnages les plus foncièrement bon et gentil qu’il m’ait été donné de voir. Willow est d’ailleurs l’un des ressorts comique les plus efficaces du film : toujours un peu à côté de la plaque mais pétrie de bonnes intentions, on tombe tous instantanément sous son charme dès sa première apparition tant elle est attachante et réussie. Les personnages sont vraiment une réussite totale de ce film.

Comment ne pas parler des personnages sans évoquer les grands méchants, les merveilleux et très bien trouvés «Straight White Maliens» (les Mâliens blancs hétérosexuels pour les non-anglophones). En plus d’êtres absolument hilarants, les réalisatrices ont su leur insuffler avec brio tous les caractères problématiques de leurs homologues terriens. C’est un bonheur de les voir complètement déconnectés de la réalité dans ce monde gouverné par les femmes queers, et chaque scène avec eux est instantanément mémorable. Sans parler de leur fin qui est absolument géniale et parfaite. Le but de ces personnages est bien sûr de dénoncer ces comportements toxiques qui sont malheureusement toujours d’actualité, et nul doute que ce film permettra à certaines personnes de comprendre leurs erreurs et les aidera à devenir meilleurs. Bref, vous l’aurez compris, que ce soient les protagonistes, les antagonistes ou les personnages secondaires, ils sont tous extraordinaires.

ATTENTION SPOILERS DANS LE PARAGRAPHE SUIVANT !

Pour finir, je voulais parler de la relation qu’entretient Saira avec ses deux amantes au cours du film. Il est terrible de la voir s’accrocher autant à une relation aussi toxique que celle qu’elle entretient avec Kiki, mais cela fait partie de ses erreurs qui la rendent très humaine. Quant cette aveuglement mène à sa rupture avec Willow, c’est dramatique car elle est la femme parfaite pour elle et elle la fait énormément souffrir. J’ai cependant trouvé brillant que Saira reste célibataire à la fin du film : ne pas avoir de morale du style «l’amour triomphe toujours», qu’elle ne soit pas protégée de ses erreurs grâce à son statut de personnage principale est une très bonne idée. Elle a brisé le cœur de Willow, elle ne peut pas revenir en arrière. Encore une fois, ça les ancre dans la réalité car ils agissent plus comme des humains que comme des personnages. C’est brillant.

FIN DES SPOILERS

Lesbian Space Princess is a homegrown film from South Australia.~|~|jBgECPe9Uy

En bref, Lesbian Space Princess est un excellent film. L’animation est impeccable, l’univers est merveilleux, les personnages sont parfaits, l’humour est toujours juste et les questionnements qu’il nous fait avoir ne peuvent être que bénéfiques. On ne peut que vous le recommander.

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