#Deauville2017 – Journal de bord – Jour 7

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Et voilà, cela commence à sentir la fin pour Deauville2017 avec cette journée tant attendue. Attendue car c’est aujourd’hui que Mother!, le dernier film de Darren Aronofsky va être dévoilé en sa présence sur les planches.

Mother! de Darren Aronofsky – Les Premières

mother_aronofskyOn entend parler de Mother! depuis quelques semaine déjà. Un Aronofsky est toujours un événement et il est impossible de passer à côté de la publicité autour du film. A cela, ajoutez une histoire d’amour entre le réalisateur et son actrice, et vous avez le cocktail pour un carton au box office.

Il est difficile de sortir d’un Aronofsky et de donner son avis à chaud. Surtout que ce dernier tend plus vers The Fountain que vers un Black Swan ! Autrement, il faut du temps pour encaisser ce que l’on vient de voir. Il y a beaucoup de contenu, de symbolique qui laisseront certainement un grand nombre de spectateurs sur la touche.
A froid, quelques heures plus tard, on peut donc dire que, du film d’angoisse d’abord attendu (et respecté pendant la première heure et demi), le film part ensuite dans un délire aussi foutraque que justifié (nous en parlerons dans notre analyse à venir).

Il est sans aucun doute moins accessible que Black Swan Difficile à apprécier quand on n’a pas les clés. Ceux qui détestent ne rien comprendre sur le moment risque de ne pas apprécier le film. Warning : il ne faut pas s’attendre à un dénouement avec une explication finale. Celle-ci n’arrivera pas ou du moins pas de façon évidente.

Un film complexe donc, auquel beaucoup ne devraient pas adhérer, mais qui mérite d’être vu. On en profitera sûrement mieux après un deuxième visionnage. Mais au final, un film dont on peut parler, analyser, disséquer scènes et personnages pendant des heures ne peut être que bon.

Conférence de presse de Darren Aronofsky pour Mother!

Darren Aronofsky débarque en mode cool sur l’estrade des terrasses du CID. Il a l’air content d’être là. On espère que le public lui fera un réception de Mother! plus accueillante qu’à Venise. C’est d’ailleurs la première question de cette conférence : la réaction du réalisateur à ce sujet. Sa réponse peut sembler langue de bois mais connaissant sa filmographie, on le croit sur parole. Il explique qu’il cherche avant tout à créer des réactions, à la limite de la compréhension, il cherche à aller loin. C’est cela son style de cinéma.

darren_aronofskyLorsque l’on voit Mother!, on le remarquera (ou pas) mais il n’y aucune musique. Par contre, le travail sur les sons est assez fabuleux. On ne peut toutefois s’empêcher de plaindre Jóhann Jóhannsson qui a travaillé des mois sur la musique et au moment de poser la musique sur les images, ils se sont aperçus que cela ne fonctionnait pas.

Pour Darren Aronofsky, on ne sait pas où est et on ne comprend pas. Donc pour donner une idée de là où on l’est, la seule musique doit être Jennifer qui est le seul repère du film. La musique aurait donné trop d’indication.

Nous avons ensuite quelques questions en rapport avec la signification du film. Et là, ce n’est pas une conférence de presse de 30 minutes qui suffira. Surtout qu’Aronofsky reste assez sibyllin quant à ses réponses. On apprendra tout de même que Mother! est LA mère, autrement dit une allégorie autour de la nature et qu’il faut aller regarder dans les crédits du générique pour avoir une idée des références (la Genèse, le livre des révélations).

darren_aronofsky_planchesEt quand on lui demande s’il est quelqu’un de sadique, sa réponse renforce notre compréhension et notre analyse du film. Nous détruisons la Terre, la violons et nettoyons pas nos dégâts. Donc les sadiques, finalement, ce sont nous.

Pour finir, on apprend que le réalisateur a fait des répétitions de 3 mois dans un entrepôt vide de Brooklyn. En effet, il avait écrit la structure et la symbolique de manière assez rapide mais il lui manquait les personnages.

A la fin de la conférence, Darren Aronofsky a dit quelques mots sur son lien avec Deauville. Son premier film Pi a été sélectionné au festival de Deauville, puis il y est revenu pour The Fountain et enfin cette hommage lors de la sortie de Mother!.

The Bachelors de Kurt Voelker – La Compétition

the_bachelorsDès l’annonce des films sélectionnés, nous savions que nous ne pouvions pas rater The Bachelors. Un film avec J.K Simmons et Julie Delpy ne peut être que bon.

The Bachelors est un feel good movie avec tous les classiques du genre : la dépression, la découverte d’un nouvel univers, l’excentricité, la capacité à surmonter la douleur…Il saura vous faire verser une petite larme mais sans être dans le pathos. Tout est subtil.

Le jeu des acteurs est juste mais il faut saluer l’excellente prestation de J.K Simmons, dans le rôle du veuf inconsolable, totalement à l’opposé de son rôle de tyran dans Whiplash !
The Bachelors est dans notre trio de pronostics pour recevoir l’un des prix du festival.

Conférence de presse de Kurt Voelker pour The Bachelors

kurt_voelkerKurt Voelker ne parle pas français même si le film ne manque pas de montrer son amour pour cette langue. Il ne tarit pas non plus d’éloges sur Julie Delpy.

A la question, si le happy-end du film était nécessaire, le réalisateur nous explique que c’est tout simplement sa décision. Il sentait que les personnages le méritaient et voulait laisser le spectateur avec une note d’espoir. Durant le film, les Bachelors sont des personnes seules, qui à la fin, se trouvent une famille.

My Friend Dahmer de Marc Meyers – La Compétition

My_Friend_DahmerMy Friend Dahmer est l’adaptation de la bande-dessinée du même nom, écrite par Derf Backderf, un camarade de lycée de Jeffrey Dahmer. Jeffrey Dahmer, pour ceux qui ne le connaissent, est un tueur en série qui a avoué avoir tué 17 jeunes hommes. Sa particularité, il était aussi nécrophile, cannibale, et aimait démembrer ses victimes.
Il était donc intéressant de se pencher sur une partie de sa jeunesse, notamment ses deux dernières années de lycée.

My Friend Dahmer est un film original, un teen movie autour de la genèse d’un serial killer, un “origin movie “ si l’on peut dire. Parfois, un peu long, il ne sait pas forcément se terminer. Il est toutefois prenant, notamment grâce à Ross Lynch, l’acteur principal qui a fait un travail saisissant dans son interprétation. Tout chez lui est inquiétant. Un film de serial killer en format teen movie, avouez, ça a de la gueule !

Conférence de presse de Ross Lynch, Derf Backderf, Marc Myers et Jody Girgenti pour My Friend Dahmer

Evidemment, nous avons beaucoup de questions après ce film. D’autant plus que nous avons la chance d’avoir en conférence de presse, non seulement le réalisateur et son acteur principal, Ross Lynch, mais également l’auteur de la BD, qui a donc côtoyé le célèbre tueur pendant ses années lycées.

derf_blackderfUne des premières questions traite du “breaking point”, le point de départ qui a fait que Jeffrey Dahmer a basculé. Or, ce qui est intéressant ici, comme nous l’explique Marc Meyers, c’est que tout le film est le point de départ, c’est le parcours, l’histoire de sa transformation d’adolescent a priori normal en un tueur en série, suite à une superposition d’éléments, notamment sa situation familiale instable.

Impossible de ne pas demander à Derf Backderf ce que cela fait d’avoir vu eu Jeffrey Dahmer pour ami et pourquoi ce livre. Pour lui, il s’agit d’un témoignage, de son expérience et en aucun d’une interprétation. Il ne sait naturellement ce qu’il s’est passé dans sa tête et ne cherche pas à l’expliquer. Le but principal est de faire se poser des questions, que ce soit via un livre ou un film. De manière plus personnelle, Derf Backderf raconte que lui et ses amis comprennaient que quelque chose n’était pas normal chez lui et qu’il serait bientôt dangereux, ils l’ont donc exclus de leur groupe. Mais si l’on regarde les vidéos des aveux de Dahmer (ce qu’a d’ailleurs Ross Lynch pour travailler son rôle), on s’aperçoit que Dahmer garde de bons souvenirs de ces années là. Mais il ne faut pas oublier que ses standards sont loin d’être normaux.

Comme dans toute retranscription, on a aussi demandé au réalisateur quelle était la part de fiction et la part de réalité. Celui-ci nous explique qu’effectivement, il doit créer une tension dramatique. Les scènes où Dahmer ont dû être imaginées (comme celle du docteur). Dans la scène finale avec Derf, il s’agissait d’un autre, Mike. Mis à part, de l’avis de l’auteur, l’adaptation est très fidèle.

Conférence de Presse de Michelle Rodriguez

C’est souriante que Michelle Rodriguez nous rejoint en salle de presse malgré le temps maussade normand.

michelle_rodriguezDès la première question le ton est posé, et Michelle nous annonce qu’après 15 ans de films commerciaux, elle a l’impression de heurter un mur, et souhaite revenir vers le cinéma indépendant afin de mieux creuser la psychologie de ses personnages.
Mais attention, si elle souhaite s’investir dans le cinéma indépendant, elle souhaite rester dans l’univers du cinéma. A la question de savoir si elle se verrait sur les planches (du théâtre, pas de Deauville), elle répond que non. Trop exposée, trop mise à nue, elle estime également qu’on ne touche pas assez de monde avec alors qu’avec un film, on touche immédiatement des millions de personnes.

On revient ensuite forcément sur sa bataille pour la reconnaissance des femmes à Hollywood et dans l’art en général. Si les femmes se réveillent, cela sera aussi l’occasion de voir moins de tableaux, de livres ou de films où des hommes vont parler des femmes.planches_michelle_rodriguez

Il en découle naturellement que Michelle Rodriguez souhaiterait travailler avec plus de réalisatrice, et notamment Kateryn Bigelow qu’elle affectionne particulièrement.

Cependant, certains hommes savent parler avec finesse de manière générale, et non basée sur leur genre. C’est le cas, pour Michelle Rodriguez, de Steve McQueen. Elle a tourné avec lui sur Widows (en janvier 2019 dans nos salles). Ce rôle est particulier pour elle car elle joue la femme typique qu’elle déteste : mariée avec des enfants, qui n’est jamais sortie de son quartier.

Tout cela ne l’empêche pas de revenir quand même faire quelques caméos sur certains projets commerciaux comme Alita : Battle Angel. Adaptation par James Cameron du manga culte Gunnm avec Robert Rodriguez à la réalisation, forcément, Michelle ne pouvait pas refuser !

Nos pronostics pour le palmarès

Forcément, qui dit compétition, dit palmarès. Et avec un brio de divination important (preuve en est, nos gains réguliers au loto, PMU et loto foot), voici nos pronostics pour Deauville 2017 !

Grand Prix
BluePrint

Prix du Jury
A Ghost Story et/ou The Bachelors

Prix de la critique
A Ghost Story

Prix Kiehl’s de la Révélation
Katie says Goodbye et/ou The Rider

Prix du Public
Mary

Une journée intense avec 3 films et 4 conférences de presse. Demain, c’est déjà fini pour Oblikon…

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