Fight Club : analyse et explication de la fin du film

Le narrateur, Tyler & Marla

Le narrateur

En cohabitant avec Tyler, et en s’impliquant toujours plus dans le Fight Club, le narrateur concrétise ce qu’il désirait inconsciemment : s’écarter de la société de consommation. David Fincher, en prenant le parti de dévoiler au spectateur la situation finale dès le début du film plutôt que de ménager le suspense jusqu’à la fin, indique que ce qui importe le plus n’est pas l’objectif, mais le chemin. L’évolution du narrateur est un parcours initiatique. Le premier rite de passage correspond au premier coup porté à Tyler à la sortie du pub. Le second, « le baiser », la brûlure chimique qu’il lui faudra « vivre » et non chercher à fuir. La révélation de la véritable identité de Tyler Durden, qui n’existe pas à part entière mais est une facette de la personnalité du narrateur.  Ce twist est le rite final, l’élément marquant à la fin du film, même si au fond, c’est plus un gadget qu’un véritable renforcement du propos du film. Le spectateur s’est fait ballader et finalement, il se retrouve plus marqué par cette aspect de la fin du film que par ses véritables enjeux. Le narrateur s’apercevant qu’il est l’auteur des actions de Tyler et face à leurs conséquences, cherche à les contrecarrer.

Fincher distille un grand nombre d’indices à destination du spectateur avant même cette révélation. Ainsi, de la même façon que Tyler, en tant que projectionniste, insère des images de pénis dans les scènes les plus poignantes des films Disney, Fincher a inséré quatre images « subliminales » de Tyler dans les vingt premières minutes du métrage. Lorsque le narrateur est surpris par Tyler devant la porte de sa chambre alors qu’il y reçoit Marla celle-ci demande qui est à la porte, ce à quoi Tyler répond « personne ». Marla et Tyler ne sont jamais simultanément en présence du narrateur. Autres exemples : le combat qu’il simule avec son supérieur afin d’être congédié ou encore le fait qu’il soit « confondu » à plusieurs reprises avec « M. Durden ».

Tyler

Alter-ego du narrateur. Il réussit là où ce dernier échoue, alors que le narrateur incarne la « lose », Tyler est charismatique, libre et l’amant de Marla. Durant les deux-tiers du film c’est une figure tutélaire pour le narrateur. Alors qu’il questionne le système, Tyler lui offre les réponses qu’il attend sur la place du père, l’aliénation publicitaire ou encore la nécessité de se défaire de ce qu’il possède.

Durant la séquence du « baiser », le narrateur permet à Tyler de prendre plus de liberté, plus de place, ainsi, tandis qu’il assène ses constats sur l’état de la société et la nécessité de la détruire, Tyler se radicalise, créant le Projet Chaos, dont il est le seul à connaître les cibles et objectifs.

Marla

Le troisième personnage essentiel de Fight Club est Marla Singer (Helena Bonham Carter). Lorsqu’elle intervient au début de l’intrigue elle vient bousculer la routine qui permettait au narrateur de supporter ses insomnies et le caractère morne de sa vie : la participation à des groupes de parole. Au fil du récit, Marla rappelle régulièrement le narrateur à la réalité, lui permettant de sortir de son délire schizophrène, lors d’interactions qu’elle recherche sans comprendre pour autant la teneur de leur relation. Elle se trouve ballottée sans cesse entre Tyler et le narrateur, mais s’accroche jusqu’à permettre à ce dernier d’envisager une vie « d’adulte » à la fin du film, faisant d’elle le personnage le plus sain d’esprit de l’histoire.

Parmi les théories les plus en vogues sur Internet, Marla serait, selon certains, une autre facette de la personnalité du narrateur, l’aspect maternel qui viendrait équilibrer l’aspect brutal et viril de Tyler. Cette dernière théorie s’appuie sur le fait que Marla n’a que de très rares interactions avec d’autres personnages que Tyler/le narrateur. Si Marla est elle aussi le produit de l’imagination du narrateur, peut-être que l’intégralité du film n’est pas un flashback mais un rêve/délire ? Une supposition un peu tirée par les cheveux mais qu’on ne peut pas totalement écarter puisque rien ne vient la contredire !

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