Film à petit budget, I AM A GHOST a été projeté pour la première fois en France en 2016 lors de la Nuit du Cinéma : Spectres et Fantômes de la Ferme du Buisson. Film typique de ce que l’on peut rencontrer sur un festival Fantastique, il propose un point de vue intéressant sur la condition de fantôme.
Synopsis
Les journées d’Emily se répètent inlassablement. Prisonnière d’une demeure victorienne, elle apprend par une médium qu’elle est un fantôme. Elles vont tenter de trouver le moyen de passer « de l’autre côté ».
Critique
Attention, cette critique dévoile quelques éléments de l’intrigue, car il est difficile d’en parler sans trop déborder. Cependant, je ne dirais rien de la fin 😉
Aucun spoiler sur le postulat : il s’agit de l’intéressant point de vue d’un fantôme qui survole des souvenirs d’une ancienne vie. Emily semble perdue dans le temps et l’espace. Elle revit en boucle une journée typique, dans une solitude absolue.
Mais forcément, l’histoire dérape ! Et les rôles sont inversés : Emily devient un fantôme complexe qui semble « hanté » par une autre présence, voire plusieurs… Et le spectateur commence à se poser des questions, à remettre en cause le postulat de départ. Emily est-elle réellement un fantôme ? N’est-elle pas plutôt possédée ? Certains comportements sont bien plus qu’étranges, ils en deviennent suspects !
Cette vie banale est bousculée du jour au lendemain lorsque Emily – qui est bien un fantôme – entre en communication avec Sylvia. Cette dernière est une « exorciste » du monde des vivants. Du moins, elle se présente comme un médium. Au gré de leurs échanges, on découvre le point de vue original du fantôme qui en vient à rechercher ce contact plutôt que l’inverse. De plus, on se retrouve souvent dans une sorte de psychanalyse d’Emily par Sylvia. Le statut fantôme en devient très humain. Il n’existe d’ailleurs pas d’effets spéciaux pour accentuer la condition de spectre de Emily. Elle ressemble à n’importe quelle jeune femme en bonne santé (sauf mentale…).
Côté réalisation, c’est très posé, H.P Mendoza joue le registre du film angoissant avant tout. Le faible budget se fait ressentir sur la qualité de l’image et surtout du son. Les prises de son sont d’une qualité très aléatoire. Est-ce un réel défaut ? Nous dirons que cela ajoute au style du film et colle au genre fantastique orienté horreur-épouvante.
Le vrai défaut du film est une phase finale qui perd en subtilité. Alors que la première heure est sujette à nombreuses interrogations et interprétations, le dernier quart d’heure nous impose un point de vue scénaristique qui dure trop longtemps. C’est assez cru et peu subtil. C’est loin d’être mauvais, mais cela gâche un peu une heure d’introduction et le parcours d’Emily dans sa vie torturée. Peut-être cela peut-il s’expliquer par une volonté du réalisateur-scénariste de revenir à une sorte de « réalité » pour le fantôme Emily ?
3 étoiles pour l’effort scénaristique, l’ambiance du film car le budget n’était que de 10.000 dollars !