3ème film du jeune prodige Richard Kelly après le culte « Donnie Darko » et le maudit « Southland Tales » , le cinéaste revient avec un film en apparence plus conventionnel , « The Box » inspiré d’une nouvelle de Richard Matheson et d’un épisode de « La Quatrième Dimension » .
D’une pitch simple mais excitant qui pourrait en soi suffire à nourrir un excellent thriller , Kelly tire peu à peu son récit vers une démesure assez étourdissante et une complexité foisonnante .
En premier lieu on est séduit par la forme et l’atmosphère assez atypiques , esthétiquement Richard Kelly effectue un reconstitution saisissante des années 70 , aux couleurs assez froides et au style sobre qui rappelle dans certains décors le « Zodiac » de David Fincher , cette esthétique est couplée à une mise en scène assez virtuose je trouve mais jamais clinquante qui donne au film un charme rétro , on navigue dans un film Fantastique-SF à l’ancienne très loin de ce que l’on voit aujourd’hui sur les écrans , la bande-son très omniprésente en rajoute dans cette idée de cinéma assez rétro , une bande-son vraiment intéressante d’ailleurs . Ainsi même quand le film évolue dans sa première partie dans sa trame initiale , ces partis pris esthétiques et musicaux transportent dans autre chose déjà, on pense à certains cinéastes des années 60-70 ou même la série « La Quatrième Dimension » . Kelly guide son récit avec une certaine rigueur et prend bien le temps de poser ses personnages et des bases solides au scénario tout en faisant monter la tension , le climat devient de plus en plus oppressant au fur et à mesure et la paranoïa monte crescendo pour atteindre des sommets en fin de film.
Il y a un tournant dans le film et cette fameuse scène de la bibliothèque fait décrocher visiblement une partie du public ou resserre davantage les liens avec l’autre partie , je me situe dans la deuxième catégorie. C’est cette scène qui fait définitivement rentrer le film dans la Science-fiction et ou l’on comprend que le film ne trouvera pas sa résolution dans quelque chose de « réel » mais qu’il faut accepter d’être transporté ailleurs, la scène, grâce à la beauté de sa réalisation et de sa bande-originale possède quelque chose d’onirique, qui nous fait décoller du réel, c’est comme s’il se passait la même chose pour le spectateur que pour les personnages à l’écran . La suite du film nous plonge dans quelques chose de plus en plus insoutenable et qui prend vraiment aux tripes , il faut ajouter que le charisme et la crédibilité des acteurs y est aussi pour quelque chose ( Cameron Diaz est très très bien et forme un couple saisissant avec James Marsden aussi très bon, Frank Langhella est inquiétant , mystérieux , le film lui doit beaucoup aussi , son personnage est ce qu’il est grâce à la puissance de son interprétation .
« The Box » invoque des références pas toujours évidentes à saisir à la premières vision et déploie des niveaux de lecture assez nombreux , un sous-texte riche qui demande à ce qu’on s’attarde sur l’œuvre et la revoie , le film de Richard Kelly est suffisamment captivant pour que l’on ai envie de s’intéresser en profondeur à ce qu’il raconte entre les lignes .
Presque jamais prévisible, haletant jusqu’à son final quasi-insoutenable , d’une intelligence et une virtuosité remarquable , le film de Kelly est une grosse claque qui fait plaisir à voir.