Le Parc de Damien Manivel

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Présenté à l’ACID au dernier Festival de Cannes et lauréat du prix au meilleur film au dernier Festival de Belfort, “Le Parc” est le deuxième long-métrage de Damien Manivel, ancien danseur passé par l’école du Fresnoy.

Synopsis

C’est l’été, deux adolescents ont leur premier rendez-vous dans un parc. D’abord hésitants et timides, ils se rapprochent au gré de la promenade et tombent amoureux. Vient le soir, l’heure de se séparer… C’est le début d’une nuit sombre.

Critique

Son début, extrêmement minimaliste, rappelle un roman ou une pièce de théâtre de Marguerite Duras : un garçon non nommé attend une fille non nommée sur un banc dans un parc. On apprend assez rapidement que la fille est au lycée, que ses deux parents sont professeurs d’EPS, qu’elle s’est cassée les deux poignets à l’âge de sept ans, et, plus tard, à la faveur d’un texto, qu’elle s’appelle Naomie ; que le garçon a un petit frère, que sa mère est hypnothérapeute, que son père était footballeur, notamment pour l’AS Saint-Etienne, qu’il a quitté sa mère pour une femme plus jeune rencontrée après un match et que le jeune homme ne l’a pas vu depuis ce temps-là – c’est-à-dire cinq ans – , que tous les deux habitent non loin du fameux parc dans lequel toute l’action – si l’on puit dire – se passe, mais c’est en fait à peu près tout.

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On peut certes souligner la qualité de l’image d’Isabelle Pagliai, également étudiante au Fresnoy, la douceur de la lumière, l’attention – pouvant être jugée intéressante – à des micro-détails comme le souffle du vent dans le feuillage des arbres, un paquet de cigarettes Lucky Strike oublié dans l’herbe, un regard appuyé ou une gorge qui se noue, la défense farouche d’un récit où il ne se passe grand-chose à l’encontre diamétrale des films hollywoodiens sous amphétamines, ainsi qu’un peu d’originalité dans un film qui commence comme naturaliste, puis dévie plus ou moins subtilement vers une espèce d’onirisme et d’ “inquiétante étrangeté” à la Freud, qui est d’ailleurs explicitement cité dans le film. En outre il est appréciable d’avoir affaire à un film qui ne prend pas son spectateur pour un idiot et l’invite à l’interprétation libre. Les acteurs ne sont enfin pas mauvais. Force est pourtant de se constater qu’on s’ennuie comme des rats morts à partir du moment où tombe la nuit, le début était encore joli avec cette manière d’accorder de l’attention à des morceaux de dialogues pouvant apparaître au premier abord comme insignifiants.

Cependant, une fois que la nuit nous tombe, l’ennui insidieusement nous gagne. Le film de Manivel ne dure pourtant qu’1h15, mais s’avère mortellement lénifiant, et ce n’est pas l’intervention d’un troisième personnage – un garde urbain d’origine africaine se demandant s’il doit appeler la police devant le comportement de plus en plus étrange de la jeune fille restée seule, qui désire remonter le temps, revenir en arrière et va donc entamer une marche à reculons nocturne dans le parc – qui va changer la donne. Pire, à certains moments, le film s’apparente à un châtiment.

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