Critique du film A la merveille de Terence Malick

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Après sa consécration cannoise avec The Three of Life, Terence Malick revient (rapidement) sur les écrans avec A la merveille. Casting toujours savoureux et style « malickien », A la merveille offrira-t’il la même expérience que son prédécesseur ?

Synopsis

Même s’ils se sont connus sur le tard, la passion qu’ont vécue Neil et Marina à la Merveille – Le Mont-Saint-Michel – efface les années perdues. Neil est certain d’avoir trouvé la femme de sa vie. Belle, pleine d’humour, originaire d’Ukraine, Marina est divorcée et mère d’une fillette de 10 ans, Tatiana.
Désormais, le couple est installé dans l’Oklahoma. Leur relation s’est fragilisée : Marina se sent piégée. Dans cette petite communauté américaine, elle cherche conseil auprès d’un autre expatrié, un prêtre catholique nommé Quintana. L’homme a ses propres problèmes : il doute de sa vocation…
Marina décide de retourner en France avec sa fille. Neil se console avec Jane, une ancienne amie à laquelle il s’attache de plus en plus. Lorsqu’il apprend que rien ne va plus pour Marina, il se retrouve écartelé entre les deux femmes de sa vie. Le père Quintana continue à lutter pour retrouver la foi. Face à deux formes d’amour bien différentes, les deux hommes sont confrontés aux mêmes questions.

Critique

Il est toujours difficile d’aborder le style de Terence Malick quand on n’y est pas habitué. Armé d’une caméra fluide et mobile, Malick cherche à capter le côté presque mystique de la vie et de ses choix. C’est un cinéma souvent contemplatif, mais toujours beau que nous offre Malick, porté par une histoire, ou un thème fort (la guerre, l’amour, le crime…) qui nous dévoile une histoire racontée d’un point de vue tout à fait unique – et esthétique.

Sauf que produire ce cinéma porte un énorme risque, celui de favoriser le côté formel sur l’intrinsèque, la base du cinéma : Une histoire. Et c’est là où pèche dramatiquement A la merveille. D’un point de vue tout à fait formel, le film est une belle réussite : Des plans toujours très travaillés, de beaux choix esthétiques et une photographie sublime. Mais cette valorisation de la forme sur le fond pose de vrais soucis, non pas uniquement sur le fond (nous y reviendrons), mais aussi sur l’expérience du spectateur. Il est difficile de s’attacher à une caméra toujours mouvante, toujours en traveling sur des personnages ou paysages. A la sortie du film, on se surprend à se demander si l’on n’a pas finalement observé une bande-annonce (ou un timelapse) de quasiment 2h.

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L’histoire est quant à elle anecdotique. Sans aucune aide narrative réelle, Malick se perd souvent à tenter de nous faire ressentir plutôt qu’à raconter. Sauf qu’il en oublie que l’émotion passe aussi par les acteurs, et là ils ont tous du mal à s’en sortir. Ben Affleck traverse le film comme un fantôme, sans jamais une seule chance de réellement s’exprimer. Olga Kurylenko semble vaporeuse et ingénue. Javier Bardem, toujours aussi solide dans son interprêtation donne l’impression de ne pas trop savoir lui-même où il va avec ce rôle du Père Quintana. Finalement, seule Rachel McAdams réussit à imprimer à la pellicule une émotion sur la (trop) petite partie qui lui est allouée.

Favorisant la forme sur le fond, Terence Malick manque sur A la merveille l’essentiel : Raconter une histoire. Et par cet oubli, ses acteurs ne savent pas trop où aller, et seule finalement l’esthétique du film tente de sauver les meubles. Un peu difficile alors de ne pas voir ce film comme un échec, comme un clip sans fin tentant d’accrocher quelque chose, sans jamais le capter.

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