Adaptation cinématographique du livre, puis de l’album musical éponyme du groupe Dionysos, Jack et la mécanique du cœur est un film d’animation qui cherche à nous enchanter, à nous transporter dans un voyage initiatique de Jack à travers l’Europe pour retrouver son amour d’enfance : Miss Acacia.
Synopsis
Édimbourg 1874. Jack naît le jour le plus froid du monde et son cœur en reste gelé. Le Docteur Madeleine le sauve en remplaçant son cœur défectueux par une horloge mécanique. Il survivra avec ce bricolage magique à condition de respecter 3 lois: premièrement ne pas toucher à ses aiguilles, deuxièmement maîtriser sa colère et surtout ne jamais Ô grand jamais, tomber amoureux. Sa rencontre avec Miss Acacia, une petite chanteuse de rue, va précipiter la cadence de ses aiguilles. Prêt à tout pour la retrouver, Jack se lance tel un Don Quichotte dans une quête amoureuse qui le mènera des lochs écossais, à Paris jusqu’aux portes de l’Andalousie.
Critique
Commençons déjà par ce qui nous frappe dans Jack et la mécanique du cœur : les similitudes avec d’autres œuvres, d’autres univers.
La première chose nous venant à l’esprit est ce style visuel terriblement Burtonien. La maison en haut de la colline nous rappelle l’étrange Noël de Mr. Jack, le look des personnages qui est étrangement similaire à ceux des Noces Funèbres, et l’importance données aux « freaks » aux grands cœurs ne peut pas ne pas nous renvoyer dans l’imaginaire de Tim Burton. L’animation est propre, maîtrisée, avec quelques belles réussites comme le voyage en Europe fait d’origamis. Mais il est difficile de ne pas se détacher de l’image et de l’univers des films en stop-motion (puis en animation informatique) qui ont fait le succès de Burton.
A côté de cela, notre héros Jack est animé par un mécanisme d’horloge, créé par sa mère adoptive, et va parcourir le monde avec un mentor, presque un père spirituel en la personne de Georges Méliès. Les horloges, Georges Méliès, cela nous renvoie immédiatement à l’imaginaire d’Hugo Cabret, inspiré d’un livre publié quelques mois à peine avant celui de Mathias Malzieu. C’est certainement une coïncidence, mais passer après un film de Scorsese n’est pas chose aisée…
Passons au-delà de ces similitudes troublantes (voire carrément parfois dérangeantes) pour nous concentrer sur le film en tant que tel. Réalisé par le leader du groupe Dionysos et Stéphane Berla, réalisateur de clips, il n’est pas étonnant que Jack et la mécanique du cœur louche souvent plus du côté d’un clip du groupe français d’1h30 que du côté d’un film chanté comme le sont les œuvres de Burton (au hasard). Les amateurs de Dionysos et de l’album seront donc comblés, ayant la joie de découvrir en images leurs musiques préférées. Quelques chansons sont vraiment réussies et nous transportent, d’autres moins. Parfois, le côté « regardez-moi, je suis une star de la variété française derrière » est lourd, là où une Jennifer Saunders, pourtant ayant un rôle clé dans Shrek 2, se fait discrète.
En terme d’histoire et de personnages, il est difficile de considérer le film comme réussi. La quête initiatique est basique (la recherche de l’amour d’enfance), le méchant sans aucun charisme, et nous ne sommes jamais réellement pris par la personnalité des héros. Seul le personnage de Georges Méliès s’en sort bien, drôle, attachant, et superbement interprété par Jean Rochefort. C’est d’ailleurs un des seuls personnages principaux doublé par un acteur de métier (avec Marie Vincent), ceci y est peut-être aussi pour quelque chose.
En conclusion, Jack et la mécanique du cœur comblera les amoureux de Dionysos, satisfera ceux qui aiment la variété française (Olivia Ruiz, Grand Corps Malade, Arthur H…) et plaira aux plus jeunes d’entre nous. Pour les autres, le film semblera sans grande profondeur, avec des sensations de copie « ratée » d’Hugo Cabret ou de Tim Burton qui resteront en travers de la gorge.
La production cinématographique française semble avoir voulut faire son étrange Noël de Mr Jack. Mais n’est pas le couple Burton/Selick qui veut.
J’ai beaucoup aimé le livre et à l’annonce du long métrage, j’étais assez enthousiaste… jusqu’aux premiers visuels… je trouve le graphisme raté, déjà vu et de bas de gamme. Ca à foutue en l’air toute intention de le voir… Je préfère garder les images que je m’étais fabriqué.
Je conseil toutefois de lire le livre ainsi que « maintenant qu’il fait toujours nuit sur toi »
Après, visuellement, ce n’est pas laid, loin de là, l’animation est plutôt réussie et quelques idées sont top.
C’est juste que ça va chatouiller les amateurs de Burton 😉
je sors du film et j’ai juste adoré et été transportée … certes peut-être pas très objective car j’aime bcp les artistes présents dont malzieu of course ! j’adore son univers. Je suis carrément néophyte aussi en film d’animation, ce qui m’a aidée à entrer dans le graphisme que j’ai adoré … Bien sûr que j’ai vu les similitudes avec Burton et l’étrange noel de Mr Jack (que je n’ai jms pu voir en entier … la honte I know !) ou la BD de Cabret … mais je n’irai pas dire que c’est de la pure copie car l’univers de malzieu c’est tellement ça que bon … cela voudrait dire q’uil fait du burton dps plus de 10 ans dans ses bouquins, ses couv’ de disques etc. Où je te rejoins vraiment c’est sur ton analyse du long clip vidéo … il y a de ça et perso ça me plait c’est un conte musical ! C’est clair que l’histoire en fin de compte est revue et déjà vue mais je pense que ce n’est finalement pas le but de faire un récit ultra original … ou de faire un vrai vilain méchant, pour moi l’originalité vient de la simplicité ds événements des plus cruels aux plus joyeuses … alors peut-être que burtn fait ça mais malheureusement je n’ai pas la culture adéquate dans ce domaine pour juger. En ts les cas, je trouve ta critique intéressante et très objective … la mienne est tout autre mais c’est toujours agréable de lire des avis moins enjoués mais construits, argumentés et surtout pas gratuits !
Merci pour ton commentaire, on sent que tu es fan de l’oeuvre de Malzieu dans tes lignes 😉
c’est vrai que j’ai abordé le film sous l’angle d’une critique ciné, car c’est avant tout ce que j’attends d’un film, d’autant plus que je suis/j’ai été énorme fan de Burton & de Mr. Jack
Jette un œil si tu peux à l’étrange Noël, et n’hésites pas à venir partager ton avis dessus !
« Pour les autres, le film semblera sans grande profondeur, avec des sensations de copie « ratée » d’Hugo Cabret ou de Tim Burton qui resteront en travers de la gorge.
La production cinématographique française semble avoir voulut faire son étrange Noël de Mr Jack. Mais n’est pas le couple Burton/Selick qui veut. »
Je ne suis pas d’accord sur ce point, et je rejoins Babidji : le film retranscrit l’univers de Mathias Malzieu et en aucun ne se veut être « copie de » ou « inspiré de « l’univers de ». Je trouve que tout est plus vivant (au premier et deuxième sens du terme) que dans l’univers de Tim Burton. En tout cas, j’ai retrouvé l’ambiance, les personnages, les sentiments et impressions dont son imprégnés les écrits de Mathias Malzieu (et qui m’ont touchée autant à la lecture qu’au visionnage de ce film.)
Et « pour les autres », le graphisme et les animations restent très beaux, poétiques et oniriques.
La seule façon dont je peux interpréter la fin,c’est la mort de Jack.Le temps s’arrête,et seul Jack peut bouger…Et il escalade les flocons de neige(étrange qu’il n’ai pas peur du vide).Si la fin est différente,et que Jack n’est pas mort,merci de m’expliquer :/