En entrant dans la salle qui diffusait Frankenweenie, je me suis dit « enfin ! ».
Enfin un Tim Burton qui sort du casting classique Johnny Depp et Helena Bonham Carter (notons qu’il n’y en a eu aucun depuis presque 10 ans avec Big Fish en 2003). Oui nous aimons ces acteurs, mais Burton semble être tombé depuis quelques années dans une certaine simplicité avec ce casting, souvent malheureusement synonyme de déception pour les fans.
Enfin un Tim Burton qui semble revenir à ses amours de jeunesse, avec non seulement une réalisation tout en stop motion (à la manière d’un Mr. Jack, ou plus récemment des Noces Funèbres).
Enfin un Tim Burton à petit budget (moins de 40 millions de dollars).
Bref, enfin un bon Tim Burton ?
Synopsis
Après la mort soudaine de Sparky, son chien adoré, le jeune Victor fait appel au pouvoir de la science afin de ramener à la vie celui qui était aussi son meilleur ami. Il lui apporte au passage quelques modifications de son cru… Victor va tenter de cacher la créature qu’il a fabriquée mais lorsque Sparky s’échappe, ses copains de classe, ses professeurs et la ville tout entière vont apprendre que vouloir mettre la vie en laisse peut avoir quelques monstrueuses conséquences…
Critique
Notons que le film n’est pas vraiment un nouveau « Tim Burton », mais plutôt un remake d’un de ses premiers courts métrages, réalisé en 1982 pour Disney (déjà), en hommage aux films d’horreur des années 1930. On est donc en droit de s’attendre à un retour de la magie Burtonienne, celle qui nous a enchantée sur Edward aux mains d’argent et autres Ed Wood.
Commençons par le commencement, et donc la séquence d’introduction qui réussit en 5 minutes à nous réconcilier avec le cinéma de Burton. Il y a du Ed Wood dans cette scène, de l’autobiographie et un message, message qui a réussi au réalisateur dans sa jeunesse : Soyez qui vous voulez, si vous sortez du lot, assumez le, c’est le meilleur moyen de réussir. Frankenweenie a un fort côté autobiographique, le jeune Victor se voyant réalisateur en herbe, faisant des films en stop motion avec 3 francs 6 sous et son chien dans le jardin. Un film dans le film réussi, dans lequel Victor fait des clins d’œil à de nombreux classiques de films d’horreur de l’époque, films qu’il observe dans le dos de ses parents, comme le Dracula de Christopher Lee. Le choix du noir & blanc est clairement fait pour rester dans cet esprit, que l’on entre dans un film d’épouvante « oldies ». Oldies, mais avec une 3D qui sait être sympathique, bien que franchement dispensable.
Frankenweenie est un hommage à tous ces films, de Gremlins à Godzilla en passant par des loups garous, et évidemment Frankenstein. Mais c’est aussi un film typiquement Tim Burton, avec des personnages ayant une « gueule », attachants. Les marionnettes prennent vie comme le village d’Halloween de l’Etrange Noël de Mr Jack et on vibre avec elles. Le message est aussi typiquement Burtonien, dans cette banlieue américaine faisant dramatiquement penser à celle d’Edward où finalement tout le monde se ressemble, et seuls quelques personnages sortent du lot, ces freaks que nous aimons aimer, et que l’on apprend à aimer.
Frankenweenie n’est pas non plus un chef d’œuvre, il a ses défauts, est assez simple dans sa trame narrative, s’essouffle en milieu de parcours (tout en se réveillant sur un finish de grande classe) et possède une happy ending obligatoire pour un film « pour enfant » Disney à l’approche de Noël. Côté musique, il faut dire ce qui est, pour une fois, elle passe de plus assez inaperçue… dommage quand on connait Danny Elfman. En un mot comme en cent, à la fin des années 1990, ce Tim Burton aurait été considéré comme un bon film, mais sans plus. On aurait certainement critiqué le réalisateur de s’enfermer un peu trop dans son monde, dans des manières de faire trop à l’ancienne, qui ne sait pas se renouveler.
Mais nous sommes en 2012, et retrouver le Burton que l’on avait l’impression d’avoir perdu il y a près de 10 ans est un plaisir sans nom. Cela ne pardonne pas les frasques précédentes du réalisateur, mais nous rappelle pourquoi nous l’aimons tant. Et cela, ça n’a pas de prix.