#Rome2023 – Journal de bord

Journal de bord du Festival de Cinéma de Rome du 18 au 29 octobre 2023

Rencontre avec Isabella Rossellini

En lui remettant le « Premio alla carriera », la 18ème édition du Rome film fest met à l’honneur Isabella Rossellini. A cette occasion s’est tenue une rencontre avec l’actrice italo-américaine. Au travers de diverses d’anecdotes et archives, Isabella Rossellini est revenue sur sa carrière, en partant de ses débuts en tant qu’habilleuse sur les tournages de son père Roberto Rossellini, son père à son dernier rôle dans La chimera d’Alice Rohrwacher, en passant par sa carrière de doubleuse et réaliste, scénariste, interprète et mannequin. Elle conclut sur des remerciements destinés à son père : “Grâce à lui j’ai compris que le « quoi dire » est plus important que le style. Cela vient plus tard. C’était son grand enseignement.”

Te l’avevo detto, Ginevra Elkann – GRAND PUBLIC

Synopsis

Un week-end de janvier, une vague de chaleur soudaine s’abat sur Rome, si bien que les hommes et les animaux perdent tout contrôle.

Critique

Le film offre une plongée dans une dystopie inquiétante qui se déroule à Rome, sur laquelle une vague de chaleur anormale s’abat sur la ville, faisant monter les températures bien au-delà des 30 degrés.

Au fur et à mesure que la chaleur augmente, les angoisses et les névroses des personnages se renforcent, créant un climat de tension étouffante. Le film dresse le portrait de personnages variés et complexes, chacun luttant contre ses propres démons et addictions. Parmi eux, Gianna, une fanatique religieuse, Pupa, une star du porno en déclin, le père Bill, un prêtre en proie à son passé d’héroïnomane, Caterina, une actrice aux prises avec l’alcoolisme. Tous deviennent des otages de la chaleur suffocante et de leurs propres tourments intérieurs.

Le film parvient à créer une atmosphère étouffante et oppressante, renforcée par les performances convaincantes du casting (Valeria Golino, Valeria Bruni Tedeschi, Danny Huston, Greta Scacchi, Alba Rohrwacher, Riccardo Scamarcio).

Sortie prochainement

Maria : lettere e memorie, Tom Volf, Yannis Dimolitsas – SPECIAL SCREENINGS

Synopsis

Le film raconte la tournée internationale, entre novembre 2019 et janvier 2023, de la pièce Maria Callas : lettres et mémoires, mettant en vedette Monica Bellucci et mise en scène par Tom Volf. Une comparaison entre deux époques, hier et aujourd’hui, et la syntonie entre deux femmes qui partagent l’amour de l’art malgré leurs parcours différents. Après Maria de Callas en 2017, Tom Volf revient sur la « Divina » de l’opéra lyrique du XXe siècle, revenant sur sa vie, de son enfance à New York jusqu’à ses années vécues à Athènes, de ses débuts à sa renommée internationale jusqu’à son passions personnelles. Les matériaux des archives fusionnent avec la musique et la performance passionnée de Monica Bellucci.

Critique

C’est avec brio que Tom Volf et Yannis Dimolitsas sont parvenus à réunir à l’écran Monica Bellucci et Maria Callas, deux femmes de deux époques différentes que, de prime abord, rien ne prédestinait à être réunies. Après le visionnage du film, le choix de Monica Bellucci pour incarner Maria Callas apparait pourtant comme une évidence. L’actrice italienne l’explique elle-même dans le documentaire : « io […] sono stata scelta da Tom Volf per la natura mediterranea che abbiamo in comune. Maria è nata a New York, ha vissuto in Grecia, la sua carriera è esplosa in Italia e infine è arrivata a Parigi. Si sentiva un po’ estranea ovunque. Ed è una cosa che sento anch’io a volte, questo lato “zingaro”». (« j’ai […] été choisie par Tom Volf pour la nature méditerranéenne que nous avons en commun. Maria est née à New York, a vécu en Grèce, sa carrière a explosé en Italie et finalement elle est arrivée à Paris. Elle se sentait un peu étrangère  partout. Et c’est quelque chose que je ressens aussi parfois, ce côté ‘gitane’. »).

Ce documentaire dressant le portrait de la cantatrice incarnée par Monica Bellucci est sublime. La mise en scène est quant à elle est remarquable. A voir sans faute !

Sortie prochainement

Le Garçon et le Héron, Hayao Miyazaki – GRAND PUBLIC

Synopsis

Après la disparition de sa mère dans un incendie, Mahito, un jeune garçon de 11 ans, doit quitter Tokyo pour partir vivre à la campagne dans le village où il a grandi. Il s’installe avec son père dans un vieux manoir situé sur un immense domaine où il rencontre un héron cendré qui devient petit à petit son guide et l’aide au fil de ses découvertes et questionnements à comprendre le monde qui l’entoure et percer les mystères de la vie.

Critique

Après un début haletant, happé par l’introduction saisissante et heureux de retrouver l’univers propre à Miyazaki, vient le temps de la contemplation.

Les tableaux sont ravissants. Si les premières images constituent une représentation réaliste de la guerre et de ses bombardements – vécus par Miyazaki enfant -, nous sommes très vite guidés par le héron vers un univers fantastique. C’est alors que les frontière entre le réel et l’irréel disparaissent. Le passé, le présent et le futur ne font plus qu’un – écho probable à la vie de Miyazaki et des studios Ghibli -. Le film rappelle d’ailleurs d’autres de ses films : Totoro au moment du déménagement à la campagne, Le voyage de Chihiro avec l’univers surréaliste que doit découvrir le protagoniste.

Au final, l’excitation des débuts laisse place à une once de déception. Évidemment, l’attente autours du prétendu dernier film de Miyazaki était grande mais face au déroulé quelque peu confus de la trame, le spectateur se perd. Pour autant, le Garçon et le Héron est loin d’être le film de trop. Le Garçon et le Héron semble être comme un de ces films que l’on apprécie un peu plus au fil des visionnages.

Les prouesses artistiques ont été soutenues par des budgets de production pharamineux s’élevant à plus de 30 millions d’euros. La cession en 2020 des droits de diffusion d’un large catalogue de films du Studio Ghibli à Netflix a notamment contribué au financement du film d’animation le plus cher de l’histoire du cinéma japonais.

Présenté comme étant le dernier film de Hayao Miyazaki, ce n’est toutefois pas la première fois que le maître de l’animation japonaise annonce sa retraite : 10 ans auparavant Le vent se lève était déjà censé être l’ultime film de sa carrière. Au Festival international du film de Toronto, le directeur du Studio Ghibli, Junichi Nishioka, aurait laissé entendre que Hayao Miyazaki continuait de travailler sur un prochain film.

Sortie le 1er novembre 2023

Second tour, Albert Dupontel – GRAND PUBLIC

Synopsis

Journaliste politique en disgrâce placée à la rubrique football, Mademoiselle Pove est sollicitée pour suivre la campagne présidentielle en cours. Le favori est un quinquagénaire, héritier d’une puissante famille française et novice en politique. Troublée par ce candidat qu’elle a connu moins lisse par le passé, Mademoiselle Pove se lance dans une enquête aussi étonnante que,jubilatoire…

Critique

C’est avec joie que nous retrouvons l’univers de Dupontel. La créativité à laquelle il nous avait habitué est au rendez-vous. Second tour est un film politique traité de manière satirique et non sans comique avec une touche poétique.

Les acteurs ne sont pas pour rien dans la réussite de ce film. Cécile de France/Nicola Marié forment un excellent binôme et participent grandement au comique du film – autant que l’utilisation décriée des fonds verts -. Dommage que le duo soit mis de côté à mesure que le film avance.

Au final, Second tour allie amusement et réflexion. Bon film pour un dimanche soir.

Sortie le 25 octobre 2023

Comme un fils, Nicolas Boukhrief – PROGRESSIVE CINEMA

Synopsis

Jacques Romand est un professeur d’histoire solitaire en passe de perdre la foi. Dépassé un matin par l’agressivité d’un lycéen, il quitte sa salle de classe et se met “en dispo” pour une durée indéterminée. Un soir, il est témoin d’une agression par 3 jeunes voleurs. Contraint de s’impliquer, il arrête l’un d’eux : c’est un Rom de quatorze ans. Son statut de mineur empêchant toute incarcération, Jacques le recroise et décide de le prendre en charge… C’est alors un engrenage irréversible.

Critique

Le film aborde le thème de la marginalité de certains pays au sein même de l’UE. Le personnage de Victor, roumain, en est l’illustration. Victor le revendique, il est européen et a de fait, le droit d’être en France.

L’absence des institutions est soulignée, comment s’intégrer lorsque ceux qui sont censés en être les garants sont absents? C’est précisément là que le travail effectué par les associations et ceux qui les portent est mis en lumière. Derrière ces associations, il y a des bénévoles, animés par la vocation de transmettre et d’aider.

En résumé, Comme un fils pourrait être qualifié de simple tant par son intrigue que par son esthétique. Il s’agit-là d’une simplicité admirable qui donne toute sa force au message d’espoir porté par le film.

Sortie prochainement

Misericordia, Emma Dante – SPECIAL SCREENING

Synopsis

Un parcours de femmes vivant dans la plus grande difficulté, travaillant le jour et vendant leurs corps la nuit.

Critique

Un an après la tournée, Misericordia passe des planches au grand écran. Ce n’est pas la première fois qu’Emma Dante passe du théâtre au cinéma, 3 ans auparavant elle s’y était déjà essayée avec Le morelle Macaluso.

Avec Misericordia, Emma Dante tente de respecter la structure théâtrale de l’œuvre tout en exploitant les possibilités qu’offrent le cinéma. Ainsi le lieu est unique puisque le film se déroule dans un village balnéaire en Sicile. Et plus précisément dans des cabanes délabrées. Le décors parvient à traduire la misère dans laquelle vivent Arturo et ses « mères ».

Misericordia narre l’histoire d’un monde dirigé par un homme violent. Arturo, fils d’une femme victime d’un féminicide, semble constituer le seul antidote à cette violence. Le film vacille donc entre la cruauté, représentée par le polytherme de Fabrizio Ferracane et la tendresse dont font preuve les « mères » d’Arturo à son égard.

Il convient de noter l’excellente direction d’acteur grâce à laquelle les rapports de dominances entre les personnages transparaissent uniquement au travers de regards échangés, de simples gestes et attentions. De la même manière que sur les planches, le corps est de nouveau placé au centre de l’œuvre. La  prestation de Simone Zambelli (Arturo) est comme au théâtre remarquable.

Finalement, même si la pièce de théâtre est davantage poignante, l’adaptation cinématographique parvient tout de même à toucher le spectateur. C’est un pari réussi pour Emma Dante.

Sortie prochainement

La Passion de Dodin Bouffant, Trần Anh Hùng – BEST OF 2023

Synopsis

Eugénie, cuisinière hors pair, est depuis 20 ans au service du célèbre gastronome Dodin. Au fil du temps, de la pratique de la gastronomie et de l’admiration réciproque est née une relation amoureuse. De cette union naissent des plats tous plus savoureux et délicats les uns que les autres qui vont jusqu’à émerveiller les plus grands de ce monde. Pourtant, Eugénie, avide de liberté, n’a jamais voulu se marier avec Dodin. Ce dernier décide alors de faire quelque chose qu’il n’a encore jamais fait : cuisiner pour elle.

Critique

La passion de Dodin Bouffant tire son inspiration du roman suisse La Vie et la Passion de Dodin-Bouffant, gourmet signé Marcel Rouff. Ce film à l’intrigue plutôt simple prend son temps, le même temps qui est consacré à la méticuleuse élaboration des plats. A ces longues scènes de confections se succèdent celles de partages et de convivialités autours des mets.  Ces moments sont animés par des discussions entre d’érudits amis dont on pourrait relever l’excès de récitation dans leurs interactions.

En plus de constituer un véritable éloge à la cuisine, le film qui représentera la France pour les Oscars en 2024 dans la catégorie meilleur film en langue étrangère, traite également d’une histoire d’amour. Celle de Dodin et d’Eugenie. Cette histoire-là prend également son temps. Le réalisateur est finalement parvenu à mêler l’art d’aimer à l’art de cuisiner, le tout avec pudeur et délicatesse. Cela transparait jusque dans les lumières chaudes données aux images. Côté interprétation, Juliette Binoche et Benoit Magimel semblent parfaitement à l’aise dans leurs rôles.

Cette ode à la gastronomie française doit évidement au chef triplement étoilé Pierre Gagnaire, consultant sur le film. Sa participation dans le film se manifeste dans la particulière attention portée au moindre détail rendant la scénographie remarquable. Ce n’est pas pour rien que le film a reçu le prix de la mise en scène au festival de Cannes 2023.

Evidemment, The Pot-au-feu (titre international) est à voir, si ce n’est pour se faire son propre avis sur le choix du film pour représenter la France aux Oscars.

Sortie le 8 novembre 2023


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