#Deauville2023 La compétition

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The Sweet East

Synopsis

Lilian, jeune lycéenne, fugue durant un voyage sco­laire. Au fil de ses ren­contres, elle découvre un monde insoup­çon­né. Les frac­tures men­tales, sociales et poli­tiques des États-Unis, fil­mées comme un conte de fée ou une varia­tion d’Alice au pays des merveilles.

Critique

Un véritable coup de cœur pour ce film atypique, qui a largement mérité son Prix du jury, même s’il peut dérouter le public de Deauville. Sweet East, c’est un peu Alice au pays de merveilles qui rencontre l’Amérique d’aujourd’hui. Ses peurs, ses errements, ses failles sont explorées à travers le regard d’une lycéenne déjà désabusée par la vie, et beaucoup trop consciente de son pouvoir de séduction pour être aussi naive qu’elle le laisse paraitre.

Une œuvre particulièrement inspirée, tant sur le fond que sur la forme. Il y a beaucoup d’idées, et de créativité, sans jamais tomber dans l’excès. Au contraire le film de Sean William Price fait preuve de beaucoup de nuances, comme Lawrence, ce personnage complotiste plus touchant qu’il n’y parait et qui se révèle un véritable loser magnifique. La performance de l’actrice principale, Talia Ryder, est également à relever et il y a fort à parier qu’on la retrouve très vite dans d’autres films de qualité.

Bref, ce film nous offre un voyage aussi divertissant que pertinent.

Date de sortie : Prochainement

Past Lives, nos vies d’avant

Synopsis

À 12 ans, Nora et Hae Sung sont amis d’enfance, amou­reux pla­to­niques. Les cir­cons­tances les séparent. À 20 ans, le hasard les recon­necte, pour un temps. À 30 ans, ils se retrouvent, adultes, confron­tés à ce qu’ils auraient pu être, et à ce qu’ils pour­raient devenir.

Critique

Sur un concept qui n’est pas sans rappeler la trilogie des Before de Richard Linklater, Celine Song réussi néanmoins à s’en démarquer pour son premier film. Traitant (rapidement) de la question de l’émigration et la capacité à se faire une place (et littéralement un nom) dans un nouveau pays, le sujet reste en filigrane tout au long de cette histoire d’amour entre Nora et Hae Sung.

Suivant une scène d’ouverture très intelligente et amusante, la première moitié du film est assez classique, voire même parfois niaise selon certains. Posant les bases du récit, on comprend vite que Nora veut voyager et devenir quelqu’un en Amérique pendant que Hae Sung est comme écrasé par le poids de sa culture coréenne et peine à s’en détacher. Symboliquement d’ailleurs, il ne parlera presque jamais anglais dans le film alors que de ses propres mots, Nora ne parle coréen qu’avec « lui et sa mère ». Classique donc, la première partie du film permet de découvrir les personnages et ce qui les lient depuis l’enfance… sans jamais réussir à nous attacher comme Céline & Jesse peuvent le faire chez Linklater.

Cependant, c’est à la seconde moitié de l’histoire, et donc aux retrouvailles des héros que le film décolle enfin. Laissant la trilogie de Linklater de côté pour pencher plutôt du côté d’un La La Land ou Casablanca, les relations deviennent plus complexes, mais également beaucoup plus justes dans leurs représentations. L’implication du spectateur va crescendo jusqu’à ce travelling final superbe, et une fin d’une justesse remarquable. Justesse mettant en lumière le troisième héros de l’histoire, le mari américain de Nora, jusqu’ici secondaire et qui devient, en quelques scènes, un personnage d’une complexité et richesse remarquables.

Un film inspiré donc, desservi par sa première partie plus classique, mais qui sait monter en puissance jusqu’à ce final mémorable.

Date de sortie : 13 décembre 2023 en salles

Laroy

Synopsis

Ray découvre que sa femme le trompe et décide de mettre fin à ses jours sur le par­king d’un motel. Juste avant de pas­ser à l’acte, un incon­nu fait irrup­tion dans sa voi­ture, pen­sant avoir affaire au tueur qu’il a enga­gé. Décon­te­nan­cé par ce qui­pro­quo, Ray finit par accep­ter la mis­sion, per­sua­dé que les gens vont enfin le res­pec­ter. Le plan devait être simple. Mais très vite, Ray se retrouve pris dans un engre­nage dont il va devoir se sor­tir avant qu’il ne soit trop tard…

Critique 

En lisant le pitch de LaRoy, on s’imagine une comédie noire. Il est vrai que le film fait penser aux frères Coen à plusieurs reprises (trop souvent ?), notamment par son comique absurde, qui rappelle un Burn After Reading mais on retrouve aussi un polar tel un Fargo. Mais le film alterne entre ces deux genres sans vraiment trouver sa place. Je m’attendais vraiment à un film tourné vers la comédie noire mais le curseur n’était, à mon sens, pas suffisant poussé de ce côté là. 

Le film en lui même ne manque pas de rythme. Le détective privé vient apporter l’élan tout au long du film à Ray, un personnage principal assez mou et pathétique (ce qui peut se comprendre quand on est cocu, fauché et suicidaire). Ray n’est d’ailleurs pas très malin quand il s’agit de décoder les intentions de ses proches mais il se dit que c’est une bonne idée d’accepter quelques milliers de dollars et d’aller descendre un inconnu sur la base d’un malentendu. 

Heureusement, le personnage du tueur à gages est secondaire mais aurait gagné à être un peu plus développé. Ne ratez pas le début du film car la scène d’ouverture rend définitivement justice au personnage. 

Laroy a raflé les principaux prix au festival du cinéma américain de Deauville. C’est en partie mérité mais on peut se demander s’il n’est pas seulement un peu au-dessus des autres.

Sa sortie est prévue en avril 2024. 

ISS

Synopsis

Lorsqu’un conflit mondial se produit sur Terre dans un avenir proche, des tensions éclatent à bord de la Station spatiale internationale. Sous le choc, les astronautes américains et russes reçoivent des ordres du sol : prendre le contrôle de la station par tous les moyens nécessaires.

Critique

ISS aura peut-être une impression de déjà-vu pour les cinéphiles. En effet, nous retrouvons ici un huis clos dans l’espace. L’originalité réside dans le fait qu’ici cette station spatiale internationale est gérée conjointement par trois Américains et trois Russes. Alors que la cohabitation se passe pour le mieux (voir plus que mieux pour certains), un événement sur terre remet en en cause cet équilibre dans un milieu qui – même en étant « apprivoisé » – reste hostile.

La narration ne perd pas de temps pour arriver au noeud de l’histoire : dans la première demi-heure, après une présentation des personnages brève et efficace, l’intrigue démarre. Nous rentrons alors dans une heure de tension. L’effet oppressant de cette station spatiale, petite, tout en couloirs, recoins et paradoxalement entourée de vide, est assez bien rendu, claustrophobes s’abstenir. Une heure au cours de laquelle on doute de tout le monde et l’on ne peut faire confiance à personne, y compris ses compatriotes.

En ce sens, ISS est un film efficace. Sa durée fait que l’on ne s’ennuie pas. Et cela nous change des films de 2h30 (merci Deauville !)

On regrette néanmoins que le conflit sur terre ne soit pas un peu plus développé. Certes, cela n’a jamais été le but mais personnellement, j’aurais aimé un léger  développement sur ce qui a conduit à cela.

Les fans de For All Mankind ne pourront pas s’empêcher de faire un rapprochement entre le film et la série. On pourrait effectivement considérer que ISS serait un bon épisode de la série.

Étant friande de ce type de film, je ne peux que le recommander et le trouve réussi. Il est certes sans prétention mais il fait le job comme on dit.

Date de sortie : Prochainement 

The Graduates

Synopsis 

Un an après la mort de son petit-ami lors d’une fusillade, une jeune lycéenne au futur incer­tain ter­mine son année de ter­mi­nale au sein d’une com­mu­nau­té qui cherche à apai­ser sa peine.

Critique

Un film qui prend le temps, parfait pour une séance du matin. Cela aurait beaucoup plus difficile à suivre à 14h ou 22h. On suit le quotidien de jeunes qui tente de reprendre leur vie en main et de gérer leur deuil suite à un massacre dans leur lycée. Un sujet fort, complexe, qui offre des possibilités dramatiques vraiment fortes.De vraies questions se posent sur la façon dont ces événements peuvent et vont changer les étudiants. The Graduates nous oblige à vivre dans la vie des adolescents affectés par ces événements.

Mais comme nous l’évoquons plus haut, le film est vraiment lent, prend vraiment son temps. Véritable film d’atmosphère, The Graduates ennuiera certains téléspectateurs qui recherchent un drame plus typique. Le bon jeu des acteurs est la principale raison de regarder le film. D’une certaine manière, le spectateur est récompensé dans la dernière partie du film avec de plus en plus de séquences émouvantes. Mais est-ce bien suffisant ?

C’est un sujet passionnant, certes, mais sur lequel aucun traitement dramatique n’a été aussi astucieux ou profond que ce qui a déjà été fait. Une proposition au final assez anecdotique, qui sera très vite oubliée.

Date de sortie : Prochainement

La vie selon Ann

Synopsis 

Ann, tren­te­naire new-yor­kaise, livre sa ver­sion décom­plexée de la sou­mis­sion. Les ren­contres avec ses par­te­naires, ain­si que ses rela­tions pro­fes­sion­nelles, fami­liales et ami­cales, deviennent alors un savou­reux ter­rain de jeu.

Critique

L’actrice / réalisatrice Joanna Arnow nous plonge dans le quotidien d’une femme aux relations basées sur la soumission et l’humiliation. Un film pas inintéressant, plutôt bien mené, mais assez répétitif et finalement plutôt anecdotique malgré un portrait de femme assez original.

Le sentiment que le film manque d’enjeux dans sa représentation des réalités quotidiennes de la soumission sexuelle, mais l’approche est singulière, parfois piquante et offre une proposition bien plus réaliste que n’importe quel 50 nuances de gris. Le film repose aussi en grande partie sur la performance de Joana Arnow, actrice-réalisatrice dans le rôle d’une Ann à lunettes stoique en toutes circonstances.

Date de sortie : Prochainement

Blood for Dust

Synopsis 

Cliff, un ven­deur qui par­court les routes et croule sous les dettes, s’en­gage sur une voie dan­ge­reuse le jour où il renoue avec Ricky, une vieille connais­sance aux méthodes douteuses.

Critique

Blood for Dust s’inscrit dans la lignée de ces polars noirs se déroulants dans les paysages du Midwest américain (lignée toujours maîtrisée par A Simple Plan de Sam Raimi). On y suit donc Cliff, représentant de commerce loser, à la recherche de tout ce qui est possible pour gagner un peu d’argent et subvenir aux besoins de sa famille. Très vite, on comprends que sa relation avec Ricky a toujours été complexe… et bien souvent à la limite de la légalité.

S’ensuit donc une assez classique descente aux enfers pour Cliff, avec les associations douteuses, les fuites, les mafieux à l’air patibulaires, les fusillades dans les granges et les maisons en construction. Et ce n’est pas le jeu peu inspiré de Kit Harrington qui redresse la barre. 

Pas un mauvais film en somme, plutôt un polar dans le froid qui suit une trajectoire attendue et sans surprise. Dans les années 90, on l’aurait qualifié de bon film de vidéo-club à prendre un dimanche après-midi d’hiver. AZ regarder d’un œil en buvant un chocolat chaud.

Date de sortie : Prochainement

Cold Copy

Synopsis

Une ambi­tieuse étu­diante en jour­na­lisme tombe sous le joug d’une jour­na­liste répu­tée mais sans pitié qu’elle s’efforce d’impressionner, même si cela signi­fie mani­pu­ler son der­nier article – et l’idée même de vérité.

Critique 

En cette ère du fake news alimentée par les réseaux sociaux et une quête croissante de sensationnalisme, le parti pris de Roxine Helberg pour son premier film Cold Copy de s’intéresser à la guerre interne entre journalistes pour obtenir du temps d’antenne est extrêmement pertinent.

Si le sujet de l’investigation journalistique n’est pas nouveau, Cold Copy a le mérite de soulever avec intelligence les questions de l’éthique et des intérêts médiatiques. Nous avons été agréablement emporté par la dynamique entre deux personnages principaux (la journaliste établie Heger et l’étudiante Mia), prêtes à tout pour obtenir une histoire. Une belle découverte.

Date de sortie : Prochainement

Summer Solstice

Synopsis

Leo, un homme trans, et son amie Elea­nor, cis­genre et hété­ro, partent en week-end, au cours duquel de vieux secrets se dévoilent et de nou­veaux défis se posent. Ils trouvent aus­si la réponse à l’éternelle ques­tion : les bons amis et les mau­vais coups sont-ils compatibles ?

Critique 

Passer un week-end en solo avec votre meilleure amie d’enfance, quoi de mieux ? C’est plus ou moins le point de départ de Summer Solstice où Leo, en pleine phase de transition, retrouve Eleanor pour un moment de repos dans une belle maison du nord de l’Etat de New York. Cependant, leur histoire est complexe. Elle est un peu perdue, se voit comme une artiste et aspire toute l’attention sur elle dès qu’elle entre dans une pièce. A l’inverse, Leo est discret, mesuré et commence à percer dans son métier d’acteur.

Démarrant sur un ton assez léger, Summer Solstice voit l’ambiance devenir pesante petit à petit. On comprends que Léo a toujours eu des sentiments ambigus pour Eleanor qui le sait tout en faisant semblant de ne pas les voir. 

D’échanges en rencontres, les non-dits commencent à prendre beaucoup de place, et ce qui paraît comme une simple répétition d’un texte d’audition pour Léo commence à résonner plus profondément dans les cœurs des deux protagonistes.

Un moment de vie très bien interprété par les deux acteurs auxquels on s’attache facilement. Le choix d’un personnage (et acteur) transgenre pour Léo prend son sens lors d’un très bel échange en forêt où l’on comprends que malgré son air calme et sage, finalement Léo a prit un énorme risque à assumer sa transition, offrant un axe de lecture plus complexe à leur relation.

Date de sortie : Prochainement

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