[DOCU] Une journée dans la vie d’un dictateur

Planete + diffuse le 24 février à 20h45 un documentaire exclusif et novateur : Une journée dans la vie d’un dictateur.

J’ai eu le plaisir d’assister à une projection en avant première chez Maria Roche Productions et de pouvoir discuter avec le réalisateur Hendrick Dusollier sur les techniques et choix de réalisations particuliers mis en place.

Résumé

Comment vit un dictateur ? À quoi ressemble le quotidien d’un assassin qui détient le pouvoir de vie et de mort sur des millions de gens ?
Entrez dans l’univers de trois grands dictateurs du XXème siècle, grâce à ce documentaire innovant mêlant analyse historique et psychologique. Suivez Staline, Kadhafi et Amin Dada lors d’une journée qui a changé leur vie.

Une plongée dans leur intimité, recréée grâce à des techniques de reconstitution inédites et aux témoignages exclusifs de leurs proches.

Le sujet

Choisir de réaliser un documentaire sur les dictateurs permet de s’ouvrir à un très large public. Ces hommes exceptionnels fascinent, capables de passer d’une adoration de la part des foules à un lynchage public. Ils choquent de part leurs exactions, sont dénoncés par la communauté internationale mais tiennent d’une main de fer un pays.

Il reste toujours des sujets à creuser autour de ces personnages charismatiques, et Une journée dans la vie d’un dictateur s’appuie avec intelligence sur une journée particulièrement marquante dans la vie de trois grands dictateurs. Le besoin de pouvoir absolu et la paranoïa grandissante développés par ces personnages est le point de vue central de ce documentaire.

Focus sur ces journées décisives :

Le 24 novembre 1938, Staline met fin au massacre de 800.000 personnes lors de la Grande Terreur qu’il a organisé et en profite pour se débarrasser de ses plus proches.

En Ouganda, le 26 mars 1974, Amin Dada doit se décider à faire assassiner un membre proche de sa famille qui est sur le point de le trahir.

Plus proche de nous, le 28 juin 1996, Kadhafi décide de l’exécution de 1270 prisonniers en mutinerie dans la prison d’Abou Salim. Cette décision causera sa perte 20 ans plus tard.

On se rend bien vite compte qu’une journée de dictateur n’a pas grand chose à voir avec le commun des mortel et que la solitude est la compagne principale de ces hommes. Les témoignages sont très bien utilisés et ponctuent parfaitement l’analyse du quotidien de Staline, Amin Dada et Khadafi.

Le sujet est maîtrisé, le docu se déroule sans accro et on (re)découvre de nombreux aspect de la vie privée de ces trois hommes.

Une nouvelle technique de réalisation

L’équipe du film a eu accès aux lieux de vie de ces trois dictateurs. La datcha de Staline, le bunker de Khadafi et la maison d’Amin Dada. Ces autorisations exceptionnelles ont permis de filmer et photographier dans les moindres détails les véritables décors de leur vie privée. Ces lieux de vie ont été reconstitués en 3D pour ajouter au réalisme d’immersion.

Des figurants aux caractéristiques physiques très proches ont rejoué les trois journées cruciales puis, en post production, les visages des véritables dictateurs ont été ajoutés en surcouche. Issus de films d’archives, l’incrustation permet de suivre, de manière totalement inédite, ces trois dictateurs chez eux, dans la salle de bain, la chambre ou dans le jardin.

Ces trois couches superposées – reconstitution des décors, figurants et incrustation des visages – donnent le rendu final du documentaire. D’après Hendrick Dusollier, le réalisateur, cette technique « est loin du rendu d’un Avengers » mais a le mérite d’avoir un rendu unique. Le choix de ne pas avoir grimé, maquillé des acteurs permet de différencier ce documentaire historique d’un autre.

Malgré tout, j’ai trouvé que de très nombreux plans étaient redondants, notamment avec Staline. Le manque d’images d’archive de qualité a forcé l’équipe de réalisation a travailler avec très peu d’extraits. Les mimiques, le regard, la position du visage, les expressions des dictateurs sont trop souvent issus de la même séquence d’origine.

C’est tout de même moins le cas avec Khadafi et Amin Dada qui ont toujours adoré se montrer devant les caméras. Le résultat est déjà plus convainquant mais aussi plus proche de nous dans le temps que pour Staline.

Conclusion

Pour conclure, le fond du sujet est très bien amené, sur une journée marquante dans leur vie et avec une analyse psychologique qui explique certains de leurs comportements quotidiens. Tous les effets spéciaux sont intéressants mais le rendu n’est pas si exceptionnel que cela. Bien évidemment les moyens déployés sont très loin des films de science fiction que l’on a l’habitude de voir.

Néanmoins, l’initiative a le mérite d’être soulignée car tout en étant novatrice, elle peut donner des résultats biens sympathiques avec l’expérience, dans d’autres contextes, d’autres époques.

Le teaser