Parmi les œuvres présentées au Festival de Gerardmer 2016, February faisait partie des films attendus au tournant : Avec Emma Roberts (Scream 4, American Horror Story) et Kiernan Shipka (Mad Men) dans les rôles principaux, sans oublier Oz Perkins, fils d’Anthony Perkins (Psychose) à la réalisation, ce thriller avait des atouts sérieux. Le film est reparti bredouille du festival. Est-il pour autant raté ?
Synopsis
Parce qu’étrangement leurs parents ne sont pas venus les chercher pour les vacances d’hiver, Rose et Kat sont retenues dans la prestigieuse institution pour jeunes filles où elles suivent leurs études. Dans un pèlerinage sanglant à travers les paysages gelés, Joan décide de s’y rendre. Au fur et à mesure qu’elle s’en rapproche, Kat est assaillie de visions terrifiantes et Rose voit avec horreur sa camarade devenir possédée par une force invisible et maléfique.
Critique du film
Je ne vais pas tourner autour du pot très longtemps, je considère que February est le grand absent du Palmarès de Gerardmer 2016. Je ne remets pas en cause les choix qui ont été faits par les différents jurys, il y a toujours des films de qualité qui sont “oubliés” au moment de remettre des prix”. Et si February est loin d’être parfait, il offre, à mes yeux, suffisamment de très bonne choses pour être considéré comme un bon film, qui mérite d’être vu, voir revu, tant l’auteur réalisateur (dont c’est le premier film) s’amuse à brouiller les pistes et à laisser des zones d’ombres.
February est avant tout un puzzle, narratif et mental. Le film commence d’ailleurs avec une séquence d’introduction qui semble hors du temps, comme un rêve prémonitoire. Après cela, on suit le parcours de trois jeunes femmes : Rose et Kat “coincées” dans leur institution scolaire d’un coté, tandis que la troublante Joan, semble se diriger vers ce même lieu. Le réalisateur joue avant tout sur la création d’une atmosphère déroutante, qui, au fur et à mesure du film, amène une tension de plus en plus forte, jusqu’à cette séquence violente particulièrement réussie. Le reste, c’est au spectateur de le deviner, et cela ne marche pas toujours.
Il est évident que le réalisateur cherche à brouiller les pistes et ne veut pas donner toutes les réponses et les explications à son scénario à la fin du film. S’agit-il réellement d’un film fantastique, d’une histoire de possession ? Ou est-ce simplement le parcours psychologique d’une personne fortement perturbée ? C’est au spectateur de choisir la réponse. Seulement, à trop vouloir embrouiller son public, Oz Perkins prend le risque de le lasser et le laisser sur le bord de la route. Plusieurs aspects du film auraient mérité des approfondissements, que le réalisateur, par paresse ou facilité, ne semble jamais vouloir faire.
L’un des points forts du film reste son trio d’interprètes et en particulier la jeune Kiernan Shipka, repérée dans Mad Men. Elles ont peu de dialogues, mais réussissent toutes à imposer, chacun dans leur style, leur présence, et nous offrent les meilleures performances que l’on a pu voir sur le festival, avec peut-être le casting de The witch.
Oz Perkins livre un premier film plein de promesses. Il prouve qu’il est un directeur d’acteurs de talent et qu’il sait manier la caméra intelligemment, pour créer une atmosphère pesante et malsaine. Il en fait hélas un peu trop (ou pas assez) au niveau du scénario et son montage décousu n’arrange pas forcément les choses.
Au final, February est très certainement beaucoup moins complexe qu’il essaie de l’être et il est dommage que le réalisateur ait tant cherché à être dans l’esbroufe. Si beaucoup de spectateurs auront du mal à rentrer dans cet univers, les amateurs de films à interprétation et à la fin ambiguë devraient se régaler. De notre coté, on attendra la prochaine oeuvre d’Oz Perkins pour se faire un avis plus prononcé sur son potentiel.